: Reportage "Il n'y a qu'une solution, partir" : dans l'est de l'Ukraine, des habitants de Pokrovsk évacuent la ville alors que l'armée russe se rapproche
Les soldats russes ne sont désormais plus qu'à dix kilomètres de la ville de Pokrovsk, dans l'est de l'Ukraine. Les civils sont donc appelés à évacuer le plus rapidement possible. Les départs ont commencé vendredi.
Comme souvent depuis le début de la guerre en Ukraine, les évacuations des villes menacées par les Russes se passent dans le calme. Sur le quai de la gare de Pokrovsk, dans l'est du pays, il n'y a pas de précipitation mais il y a des larmes, beaucoup de larmes. Des civils ont commencé à évacuer vendredi 23 août, alors que les 53 000 habitants ont reçu l'ordre de partir. L’armée russe poursuit son avancée vers Pokrovsk, les soldats ne sont plus qu’à dix kilomètres de l’entrée de la ville.
"Ça fait trop peur de vivre ici, raconte une famille de Pokrovsk. Toutes ces destructions… Des frappes, constamment. Les fenêtres et les portes ont été soufflées par un missile qui est tombé à côté de chez nous. On espérait que la ligne de front n’allait pas reculer jusqu’ici, que nos gars allaient tenir bon. Mais aujourd’hui, si on reste là, on craint de ne pas se réveiller le matin. C'est mieux de partir. Et je pense qu’on ne reviendra plus jamais ici".
"On s’en va mais notre cœur reste ici".
Olga, de Pokrovskà franceinfo
Le train s’ébranle, sous le regard du chef de gare qui, lui aussi, est inquiet : "Ils frappent tous les bâtiments publics. Ils savent les repérer. Moi aussi j’ai peur pour ma gare, peur qu’elle finisse comme celles de Kramatorsk ou de Kostiantynivka". En effet, depuis le début de la guerre, les Russes n’ont pas hésité à frapper plusieurs fois des points d’évacuation comme les gares.
À Pokrovsk, il y a ceux qui fuient en train et ceux qui s’en vont en voiture comme Anatolie, qui a empilé des valises dans le coffre et sur le toit de sa vieille Lada. "Les roquettes, les obus, les bombes... souligne-t-il. Tout ça tombe chez moi". Cet homme de 75 ans part en direction de Dnipro, à 2h30 de là, plus à l’ouest. Tetiana, elle, se repose quelques minutes sur un banc, son chat est dans une caisse de voyage. "De quoi est-on coupable ?", s'interroge cette Ukrainienne.
"Pourquoi nous attaquent-ils ? Avant, on vivait normalement ici".
Tetiana, de Pokrovskà franceinfo
Le travail de Victor, directeur d’une association d’aide aux réfugiés, consiste à aller chercher les civils dans les villages proches du front. "Tous les jours, constamment, les gens nous appellent, nous réclament, pleurent pour qu’on les évacue. La plupart de ces gens ont plus de 70 ans, il y a aussi ceux qui sont invalides", explique-t-il.
Malgré tout, tous les civils ne veulent pas quitter Pokrovsk. Ils ont peur de tout perdre : leur appartement, leurs biens. Svitlana, directrice administrative dans une école, leur adresse donc ce message : "'Pour sauvegarder la vie de vos enfants, il n’y a qu’une seule solution, partir'. Je dis ça aussi à mes employés. On n’a qu’une vie, pas deux".
Svitlana fait ses cartons car dans quelques heures, elle aussi part. Plus rien ne la retient ici. Les Russes ont détruit son école : "Dans la nuit du 19 août, deux missiles sont tombés sur notre école, qui sert de centre d’accueil pour les personnes évacuées depuis deux ans. Depuis le début de la guerre, il n’y a jamais eu de militaires ici alors je pense que les Russes visent spécifiquement les civils". Et c’est bien pour cela que depuis plusieurs jours, les autorités locales exhortent les habitants à quitter au plus vite la ville de Pokrovsk.
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