Guerre en Ukraine : "Si vraiment la Russie ferme le robinet" du gaz, "l'Europe sera très mal à l'automne", prévient un spécialiste
La société russe Gazprom doit rouvrir jeudi le gazoduc Nord Stream I après une maintenance de dix jours. Si ce n'est pas le cas, l'Europe doit se préparer à des mois difficiles, explique Philippe Chalmin.
"Si vraiment la Russie ferme le robinet" du gaz "l'Europe sera très mal à l'automne", prévient Philippe Chalmin, spécialiste des questions énergétiques, sur franceinfo mercredi 20 juillet. "On va le savoir dans quelques jours", précise le spécialiste. La maintenance, en cours depuis le 11 juillet, sur le gazoduc Nord Stream I doit se terminer normalement jeudi. Si le robinet n'est pas rouvert, l'Europe doit se préparer à des mois difficiles : "Nous n'aurons pas suffisamment de gaz. La sobriété devra s'imposer aux Européens." Le porte-monnaie des ménages pourrait aussi souffrir de cette crise énergétique qui touche la France, car "le prix de l'électricité est à peu près corrélé au prix du gaz naturel", explique-t-il.
La Russie peut-elle vraiment nous couper totalement le gaz ?
Philippe Chalmin : C'est tout à fait plausible et à la limite, on va le savoir dans quelques jours. À l'heure actuelle, la Russie a coupé le gaz vers l'Europe pour des raisons techniques. Chaque année, le gazoduc Nord Stream I est en maintenance. Elle a commencé le 11 juillet et se termine normalement le 21 juillet. La grosse interrogation est de savoir si les Russes vont reprendre leur livraison ou s'ils vont arguer de nouveaux problèmes techniques.
Gazprom, la société d'État russe qui est l'interlocuteur des gaziers européens, leur a envoyé le 14 juillet une lettre disant et arguant de la probable difficulté de livrer du gaz pour des raisons techniques et veut faire état de ce qu'on appelle la situation de "force majeure". "Force majeure", c'est lorsque vous n'êtes pas en état de respecter un contrat. On voit que Gazprom essaye de maintenir les formes, mais manifestement, le gouvernement russe utilise l'arme du gaz et surtout fait tout son possible pour éviter que l'Europe ne continue à remplir ses capacités de stockage pour essayer d'aborder l'hiver avec le plus de stock de gaz possible.
Quelle peut être la riposte européenne ?
On n'a pas grand-chose. Très franchement, les solutions, on les connaît. On a des centrales à charbon, on essaye de louer le plus possible de terminaux flottants pour recevoir du gaz naturel liquéfié, le gaz de schiste américain. On n'est plus du tout regardant. De toute manière, si vraiment la Russie ferme le robinet, l'Europe sera très mal à l'automne. Nous n'aurons pas suffisamment de gaz ou du moins, nous n'aurons pas suffisamment de gaz dans les endroits où il en faut, notamment en Allemagne. Il y aura des problèmes régionaux d'approvisionnement de gaz.
D'autant plus que notre réseau de distribution du gaz en Europe, les gazoducs, n’est pas équipé pour ce type de situation. On a un réseau à l'intérieur de l'Europe qui est conçu essentiellement avec l'arrivée de gaz venant du nord de l'Europe. Nous avions essentiellement du gaz russe qui passait au départ par l'Ukraine, la Pologne et qui maintenant passe pour l'essentiel par ce célèbre gazoduc Nord Stream I qui passe sous la Baltique. En plus, nous n'avons pas les sites de regazéification où arrivent les méthaniers qui apportent du gaz naturel liquéfié. Ces sites sont plutôt dans la péninsule ibérique. On en a en France, mais il n'y en aurait pratiquement pas dans le nord de l'Europe. Il n'y en a pas en Allemagne non plus.
La sobriété va forcément s'imposer à nous ?
C'est évident. La sobriété et au passage, il faut quand même le signaler, une contrainte de prix. Le gaz naturel dans les années 2010, donc de 2010 à 2019, ça valait sur le marché entre 5 et 15 euros le mégawattheure. Aujourd'hui, nous sommes à 150 euros. Nous ne le ressentons pas, nous les ménages, puisque le prix du gaz est plafonné en France. Mais il ne faut pas se faire d'illusions. Les entreprises commencent déjà à payer le prix du marché. Et puis, un jour, ce sera peut-être aussi le tour des ménages. Derrière le gaz, il faut se rendre compte qu'il y a aussi le prix de l'électricité puisque grossièrement, le prix de l'électricité est à peu près corrélé au prix du gaz naturel.
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