Guerre en Ukraine : "Le robinet coupé de Poutine, on y est", explique un expert face à la "crise gazière" en Allemagne
Confronté à une baisse de 60% des livraisons de gaz par la Russie, le pays a activé le "niveau d'alerte" du plan visant à garantir son approvisionnement en gaz.
"Le robinet coupé de Poutine, on y est", a expliqué jeudi 23 juin sur franceinfo Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, alors que l'Allemagne a activé jeudi le "niveau d'alerte" sur son approvisionnement en gaz, qui rapproche le pays de mesures de rationnement après la baisse drastique des livraisons de Moscou via le gazoduc Nord Stream. Nicolas Goldberg appelle à "plus de sobriété en accélérant les projets renouvelables" et à se "comporter en fourmi plutôt qu'en cigale" en économisant l'énergie.
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franceinfo : Est-ce que c'est un signal important qui est envoyé par l'Allemagne ?
Nicolas Goldberg : Effectivement, c'est un signal important. Après ce n'est pas une grande surprise. On sait depuis le début de la guerre que cet embargo nous pendait au nez. Là, ça commence à se concrétiser. Il y a la Pologne, la Bulgarie qui ont été coupées, la France également. La Russie a aussi diminué quasiment de moitié ses livraisons de gaz d'un grand gazoduc qui passe au nord de l'Allemagne. Le robinet coupé de Poutine, là, on y est. Ils y vont progressivement pour faire augmenter les prix et diminuer les volumes pour que cela ne pénalise pas leurs finances. Il faut se dire la vérité. Là, on est face à un robinet coupé de gaz.
Est-ce que l'Europe a du mal à prendre la mesure de la situation ?
Tout à fait. Il y a beaucoup d'économies d'énergie que l'on pourrait faire avec plus de sobriété en accélérant les projets renouvelables qui sont coincés et en accélérant sur l'efficacité énergétique. Il faut bien comprendre que le gaz, cela se stocke. Donc toute molécule de gaz que l'on ne consomme pas aujourd'hui, on peut la stocker dans des stockages gaz. Et les stockages gaz en France, c'est un quart de la consommation annuelle. Les remplir, c'est ce qui permet de passer l'hiver plus sereinement.
"Il vaut mieux prendre la mesure de cette urgence, économiser plus d'énergie, peut-être renoncer à certaines choses pour se comporter en fourmi plutôt qu'en cigale, parce que sinon on risque d'avoir des gros problèmes lorsque la bise sera venue."
Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consultingà franceinfo
Est-ce qu'il y a le début d'une prise de conscience et le début d'un message des autorités vers la population ?
Oui, on est moins dépendants du gaz russe. Par contre, quand le gaz russe arrête de couler, cela impacte le prix de toute autre molécule de gaz qu'on importe. Donc on en subit quand même certains effets. Il faut bien voir qu'il y a énormément de compétition sur le gaz naturel liquéfié qui pourrait arriver par ces fameux terminaux méthaniers. Cela coûte extrêmement cher. Ce n'est pas sûr qu'il y en ait assez pour tout le monde. Donc oui, on est moins dépendant du gaz russe. Par contre, cela a un effet prix. Et trouver les substituts, c'est compliqué. D'où la nécessité de la sobriété et de l'efficacité. Et enfin, j'ajouterais que l'on va beaucoup dépendre du gaz pour produire de l'électricité cet hiver, parce qu'on a le nucléaire qui est un petit peu en berne en France. Donc attention, on peut avoir des problèmes sur le gaz. On peut avoir aussi des problèmes sur l'électricité si on ne fait pas un switch massif vers les économies d'énergie.
Compenser la production d'énergie liée au gaz avec des énergies qui ne soient pas fossiles, combien de temps cela prendrait aujourd'hui en France ?
Aujourd'hui, en France, il y a deux tiers d'énergies fossiles dans la consommation d'énergie finale. Le but c'est de s'en débarrasser d'ici 2050. On peut accélérer certaines choses. Cela dépend des secteurs. L'électricité, par exemple, est quasi décarbonée en France. Là, le fossile revient à cause des indisponibilités nucléaires. Et on voit bien que dans certains secteurs, on peut se séparer des énergies fossiles. On peut électrifier certains processus comme le chauffage, comme les transports avec le véhicule électrique. Il y a des substituts. Il faut faire cette transition énergétique. On voit bien qu'il faut le faire pour des raisons climatiques, mais aussi pour des raisons de sécurité d'approvisionnement. Avant, on regardait juste ce qui n'était pas cher. Maintenant il faut regarder ce qui n'est pas cher et ce qui sécurise l'approvisionnement. Et toujours penser aux économies d'énergie parce qu'on ne pourra pas tout remplacer.
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