Guerre en Ukraine : le conflit franchit le cap des 200 millions de tonnes équivalent CO2 émises depuis trois ans, selon des experts du climat

Cette analyse rappelle que ces émissions sont équivalentes à celles annuelles de l’Autriche, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Slovaquie réunies, ou encore aux émissions annuelles de 120 millions de voitures.

Article rédigé par franceinfo
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Un artilleur de la 59eme brigade attend l'ordre de tirer une salve de roquettes, sur le front de Donetsk, le 30 novembre 2023. (ADRIEN VAUTIER / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Un artilleur de la 59eme brigade attend l'ordre de tirer une salve de roquettes, sur le front de Donetsk, le 30 novembre 2023. (ADRIEN VAUTIER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Les émissions carbone en Ukraine ont augmenté de 31% en 2024, pour atteindre près de 230 millions de tonnes équivalent CO2 émises depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022. C'est le bilan du coût climatique de la guerre en Ukraine révélé lundi 24 février dans une étude que France Culture a pu consulter et menée par "The Initiative on GHG accounting of war", un groupe d'experts du climat créé pour dénoncer l'impact climatique de la guerre et coécrite par une scientifique ukrainienne, membre du GIEC. Les résultats doivent être dévoilés officiellement lors de la 62e session du GIEC à Hangzhou, en Chine.

Cette analyse, publiée au moment du troisième anniversaire de la guerre, rappelle que ces émissions sont équivalentes à celles annuelles de l’Autriche, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Slovaquie réunies, ou encore aux émissions annuelles de 120 millions de voitures. 

Sont pris en compte dans cette étude : les véhicules lourds consommant du carburant, l’acier et le béton utilisés pour les fortifications et les éléments de défense. Les émissions provenant des activités militaires ont d'ailleurs continué à croître régulièrement en 2024, dépassant l’autre grande catégorie des coûts climatiques : la reconstruction des bâtiments et des infrastructures endommagées.

Augmentation de 16 % des émissions carbone

L'intense sécheresse de l'été dernier, dans une grande partie de l'Ukraine, a provoqué deux fois plus d'incendies de forêt que les années précédentes. Ces feux sont attribués en partie au réchauffement climatique, mais également au conflit, pointent les spécialistes du climat. Ils ont émis 16,9 millions de tonnes équivalent CO2.

Les experts de l'ONG notent que l'utilisation accrue des drones en 2024 n’a pas compensé l’utilisation des obus d’artillerie, coûteux pour le climat. Les attaques intensifiées contre les infrastructures énergétiques ont entraîné, quant à elles, une augmentation de 16 % des émissions carbone. Les infrastructures pétrolières ont été particulièrement touchées, provoquant une hausse des émissions de 2 millions de tonnes équivalent CO2 en 2024. Depuis le début de l’invasion russe, l’aviation est responsable de l'émission de 14 millions de tonnes équivalent CO2.

L'étude prend aussi en compte les émissions liées aux réfugiés fuyant les zones de guerre. "La Fédération de Russie devrait être tenue responsable de ces émissions et des dommages climatiques qui en résultent", déclare le groupe d'experts du climat qui chiffre l'addition à plus de 42 milliards d'euros. Ce montant a été obtenu en appliquant le "coût social du carbone" de 185 dollars américains par tonne d’équivalent CO2. Dans leur plaidoyer, les auteurs de l'étude réclament que soit pris en compte le coût climatique de la guerre dans les négociations de paix à venir. Ce qui constituerait une première dans les histoires mondiales des conflits.

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