Guerre en Ukraine : "La logique d'agressivité de Moscou signifie qu'en interne, ça ne va pas si fort que cela", pointe Emmanuel Véron, spécialiste des questions internationales
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Emmanuel Véron, spécialiste des relations internationales, décrypte dans "La Matinale" du 29 août les tenants et aboutissants de la dernière attaque russe sur Kiev, qui a fait au moins 17 morts, dont des enfants. Est-il encore possible de négocier avec Moscou ?
La nouvelle frappe d'ampleur menée par Moscou sur Kiev mercredi a de quoi interroger à l'international. L'attaque, la plus importante depuis un mois sur la capitale ukrainienne a fait plus d'une quinzaine de morts, dont quatre enfants, avec 598 drones et 31 missiles envoyés. Comment interpréter le retour au dialogue de Vladimir Poutine dans un tel contexte ? Pour en parler, "La Matinale" a reçu, vendredi 29 août, Emmanuel Véron, docteur en géographie et spécialiste des questions internationales.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Brigitte Boucher : On va parler de cette frappe russe qui a visé Kiev jeudi, faisant au moins 17 morts, dont quatre enfants et une cinquantaine de blessés. Au total, 598 drones et 31 missiles ont été envoyés. Des représentations de l'Union européenne et de la Grande-Bretagne ont été touchées. Est-ce que Vladimir Poutine négocie vraiment la paix ou, finalement, est-ce qu'il nous mène en bateau ?
Emmanuel Véron : Ce n'est pas du tout une façon de négocier, ce n'est pas du tout une logique diplomatique de dialogue, d'échange, y compris derrière le rideau. On est sur une continuation, sur la continuité claire, nette et évidente de la destruction, de la menace, de l'intimidation et d'une pression exercée qui est considérable. À la fois sur le pouvoir politique de Zelensky, qui, lui, négocie et essaie d'évoquer un certain nombre de sujets, de pistes, et, également, une pression considérable sur les populations civiles et sur l'appareil d'Etat et de défense ukrainien. Donc, ce n'est en rien une logique de négociation, c'est une logique de prédation, c'est une logique qui continue à être dans l'agressivité, la violence et la destruction.
"L'intention réelle du régime n'est pas du tout de négocier mais de continuer la guerre"
Ça signifie que pour vous, les négociations, elles sont véritablement au point mort ?
Côté russe, il est évident qu'avec l'exécutif et l'équipe de Poutine, on n'est pas du tout dans une logique de négociation. Tant qu'il n'y aura pas, côté américain et européen, une logique de pression sur ce régime, pas uniquement financière et de sanctions...
Et comment on met cette pression, justement ? On applique des sanctions financières ?
Industrielles, militaires, politiques, et, évidemment, énergétiques. C'est l'une des deux grandes jambes de l'économie russe, qui ne va pas si bien que cela d'ailleurs. À côté de l'autre jambe étant l'industrie de défense, qui est en train de se refondre, de se recomposer, notamment avec le soutien de la Chine, à la fois technologique, industriel et également financier.
Le Kremlin dit quand même vouloir poursuivre le processus de négociation. Qu'est-ce qu'il entend par là ? Il ne veut pas totalement se déjuger à la face du monde ?
Exactement, c'est à la fois pour afficher des termes clés, si je puis dire, des choses qui vont lui confirmer que la Russie est responsable dans un jeu international face à Washington, face aux Etats-Unis, pour s'affirmer comme étant une puissance qui peut négocier. L'intention finale, l'intention réelle du régime n'est pas du tout de négocier mais de continuer la guerre et de continuer d'exercer une pression sur l'Ukraine. Et derrière l'Ukraine, c'est une pression considérable sur l'Europe, sur l'Otan, et en particulier sur les pays qui soutiennent le plus l'Ukraine. Notamment la Grande-Bretagne, notamment la France ou d'autres, avec la rencontre entre Mertz et Macron hier.
"L'armée ukrainienne ne s'effondre pas"
Et Vladimir Poutine, il est en position de force. Aujourd'hui, on a l'impression que rien ne peut l'arrêter, même face à Donald Trump...
C'est en tout cas l'image qu'ils souhaitent donner, c'est l'image qu'ils souhaitent afficher. Dans les faits, cette logique d'agressivité veut aussi dire qu'en interne, ça ne va pas si fort que cela, que les sanctions fonctionnent, que sur le front des 1 000-1 200 km, l'Ukraine n'est pas en train de s'effondrer, contrairement à ce qu'on a pu entendre encore ces derniers jours, ces dernières semaines.
Mais il y a une progression russe quand même, non, sur le terrain ?
Qui n'est pas si significative que cela. Il continue d'y avoir des pertes, mais on est sur là aussi une continuité à peu près claire de ces derniers mois où l'Ukraine continue d'agresser, continue de taper très, très fort. Il y a des milliers de morts par semaine, c'est considérable, avec des destructions considérables. Mais l'Ukraine ne s'effondre pas, l'armée ukrainienne ne s'effondre pas, continue de se battre, continue de tenir malgré la faiblesse et la fragilité du soutien américain.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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