Guerre en Ukraine : au cœur du Donbass, des drones sauvent des vies

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Article rédigé par France 2 - S. Perez, C. Cormery, D. Padalka, V. Hryshko, Y. Kadouch - Édité par l'agence 6Medias
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Dans le Donbass, médecins et dronistes ukrainiens luttent pour sauver les soldats blessés. Entre hôpitaux improvisés et livraisons médicales par drones, chaque nuit devient une course contre les blessures, les drones ennemis et le temps, là où la survie tient parfois à un fil.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


La nuit tombe sur un hôpital improvisé dans une maison abandonnée, au cœur d’un secteur très disputé du Donbass. Des médecins et infirmières ukrainiens sont prêts à prendre en charge les soldats blessés. Ils savent qu’ils sont nombreux sur le front, à seulement 10 kilomètres. Sur leurs téléphones, ils guettent les messages des ambulanciers.

Mais il est 22 h, et le seul véhicule annoncé n’arrive toujours pas. Frustration, impuissance. Enfin, des nouvelles arrivent. Elles ne sont pas bonnes. "On retarde l’évacuation, il y a des drones. C’est trop dangereux. On les aura demain", déclare un membre de la base.

Il y a deux mois, la salle d’opération stabilisait 30 à 40 blessés par jour. Aujourd’hui, elle reste vide. La faute aux drones russes qui menacent même les routes d’évacuation la nuit et à l’aube. Orest Ryshko, chef du point de stabilisation, explique : "Les soldats blessés doivent rester plus longtemps sur le front avant d’être évacués. Et quand on peut aller les chercher, la fenêtre est vraiment très étroite. C’est une équation difficile."

Les drones, nouvelles ambulances du front

Quand l’évacuation devient possible, ce sont de plus en plus souvent les robots terrestres qui entrent en jeu. Sur des images, on voit un soldat gravement blessé à la jambe depuis cinq jours par une grenade. Il se hisse sur l’engin, télécommandé à distance par sa brigade. L’opération est périlleuse, à la merci des drones russes.

Cet homme, c’est Roman. Nous le retrouvons en convalescence à son domicile. Il a eu peur d’être amputé, mais sa jambe a pu être sauvée grâce à cette évacuation dont il peine encore à réaliser la particularité. "J’attendais une voiture avec des secouristes, mais j’ai vu ce robot avec les caméras et j’ai compris que c’était pour moi… Quand je le raconte, les gens n’en reviennent pas, mais moi je sais comment j’ai survécu. Je n’oublierai pas."

Si sa blessure n’a pas empiré, c’est aussi grâce aux antibiotiques et antidouleurs largués par drone. Les premiers secours aux blessés sont désormais la mission de l’équipe de dronistes.

Victoria, pilote, est chargée de délivrer ces colis médicaux. À trois kilomètres des combats, il faut rejoindre la position rapidement, attendre la tombée de la nuit, le silence de l’artillerie et une pause dans le bourdonnement des drones ennemis. La marge de manœuvre est limitée. "Je vois du mouvement. On nous a demandé de livrer en priorité ce premier colis parce qu’il y a trois soldats blessés qui nécessitent des soins urgents. Les hommes nous demandent des médicaments chaque jour davantage, on fait de notre mieux pour les sauver. On est devenus des ambulances du ciel", raconte Victoria.

Dans la tranchée filmée par le drone, les soldats récupèrent le carton. C’est bon, on repart. Simple droniste au début, Victoria est aujourd’hui secouriste. Son engagement est aussi un hommage à son mari, tué il y a un an. Elle garde son sac à dos tactique comme un talisman. "Quand je largue les colis, je pense à lui là-haut. Si moi je n’aide pas les soldats, qui va le faire ?"

Ces missions sont devenues vitales. Certains blessés restent immobilisés pendant plusieurs semaines sur la ligne de front, et chaque livraison peut faire la différence entre la vie et la mort.

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