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Murs, barbelés, bunkers... Comment l'Europe barricade sa frontière face à la Russie depuis la guerre en Ukraine

Pierre-Louis Caron

Publié

Des barrières, des tranchées et bientôt des bunkers par centaines. Ces derniers mois, de grands projets de sécurité et de défense ont été annoncés un peu partout dans le nord-est de l'Europe, des rives glaciales de la mer de Barents jusqu'aux forêts centrales du continent, en passant par les Etats baltes. Au total, six pays sont à pied d'œuvre pour renforcer leurs frontières face à un voisin commun, la Russie, que tous considèrent comme une menace directe.

Au centre de leurs inquiétudes : la guerre totale en Ukraine, déclenchée par l'invasion russe du 24 février 2022. "Depuis cette attaque, il ne s'agit plus simplement de faire face à une Russie dangereuse à ses frontières, mais également à une Russie imprévisible", pose David Cadier, spécialiste de la sécurité européenne à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem). De quoi raviver de sombres souvenirs en Finlande, mais aussi en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne – d'anciens territoires qui croyaient en avoir terminé avec la domination russe et soviétique, notamment après la dissolution de l'URSS en 1991.

Trois décennies plus tard, les relations avec la Russie sont à nouveau tendues. Ses six voisins occidentaux sont tous membres de l'Otan, depuis l'adhésion de la Finlande début 2023 à l'alliance militaire, ce que le Kremlin considère comme une menace existentielle. Après l'Ukraine, se pourrait-il que Moscou remobilise ses troupes le long de sa frontière ouest, en vue d'une éventuelle attaque ? Les pays en première ligne n'en sont plus à se poser la question : ils se préparent déjà à défendre leur territoire.

La guerre en Ukraine a ravivé les craintes d'invasion russe dans les pays du nord-est de l'Europe.

Plus de 3 400 km de frontières terrestres séparent l'Europe de la Russie et de la Biélorussie, alliée de Moscou.

En Norvège, les postes-frontières sont officiellement fermés depuis mai 2024. Le pays réfléchit désormais à construire une barrière.

Avec 1 340 km de frontières à gérer, les Finlandais ont déjà lancé un chantier de ce type, avec des clôtures sécurisées et des chemins de patrouille.

Ces barrières sont équipées de fil barbelé et de caméras. Le chantier lancé en 2023 couvre 200 km de frontières, et devrait être terminé d'ici 2026.

Il s'agit d'une première mesure contre la "guerre hybride" de la Russie, accusée d'aider des migrants à traverser illégalement en Finlande pour déstabiliser le pays.

En réaction à l'invasion de l'Ukraine, le gouvernement norvégien a fermé sa frontière en mai 2024 aux citoyens russes, hormis quelques exceptions. Comme l'a rapporté la chaîne allemande Deutsche Welle, seul un minibus relie désormais la ville norvégienne de Kirkenes et la région russe de Mourmansk, port d'attache de la flotte du Nord de l'armée russe – et d'une partie de ses sous-marins nucléaires. La Norvège pourrait aller plus loin, en renforçant la sécurité le long de ses 198 km de bordure avec la Russie. "Nous travaillons à l'étude de plusieurs mesures. Cela pourrait impliquer du personnel, des clôtures, une surveillance de la frontière", avait révélé en octobre 2024 la ministre norvégienne de la Justice, citée par la chaîne NRK. Le projet doit être débattu prochainement.

Une barrière visible depuis le ciel

Plus au sud, en Finlande, le chantier a déjà commencé. Sur une dizaine de kilomètres, les clôtures rudimentaires ont laissé place à une barrière métallique de plus de trois mètres de haut, coiffée de barbelés et de caméras de surveillance. L'objectif est de contrer "les moyens de guerre hybride" de la Russie, expliquent les gardes-frontières finlandais à franceinfo, et notamment les afflux de migrants. En 2023, Helsinki avait accusé Moscou d'"aider" les demandeurs d'asile venus d'Irak, du Yémen ou de Syrie à venir jusque dans cette région, afin de déborder ses postes-frontières, rapportait la BBC.

Depuis, la phase pilote de la barrière frontalière a été complétée et les travaux ont accéléré pour une finalisation prévue en 2026. Au total, ces barrières et les routes qui les accompagnent s'étendront sur 200 km, soit environ 15% des 1 340 km de frontières qui séparent la Finlande de la Russie. Certaines portions sont déjà bien visibles depuis le ciel, autour du point de passage de Pelkola notamment, dans le sud-est du pays.

"Ces aménagements physiques à la frontière doivent être reliés à la hauteur des investissements de la Finlande dans ses unités de défense territoriale", rappelle David Cadier. Pour se défendre, ce pays, aussi vaste que l'Allemagne mais quinze fois moins peuplé (5,5 millions d'habitants), forme donc sa population aux tactiques de résistance armée. Sur son site, la réserve militaire finlandaise se targue de rassembler "approximativement 900 000 citoyens" et d'organiser fréquemment des "entraînements de remise à niveau".

Quant aux gardes-frontières, ils assurent "travailler étroitement" avec l'armée du pays et veulent participer davantage aux exercices militaires de l'Otan. "Pour compléter le haut niveau de préparation militaire de nos équipes, l'accent sera mis sur la surveillance électronique et les drones", explique cette agence, dont le rôle en cas d'invasion militaire est de s'infiltrer derrière les lignes ennemies, afin d'y mener sabotages et embuscades.

Des dépenses pour la défense

"Qui aurait pensé que l'arme principale de la nouvelle coopération militaire balte serait une pelleteuse ?" se demandait le site The Baltic Sentinel fin 2024. Au bord de la mer Baltique, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont sorti le carnet de chèques pour aménager leurs frontières avec la Russie, mais aussi avec la Biélorussie, alliée de Moscou et base arrière des opérations russes en Ukraine. Des "armes nucléaires tactiques" y seraient même déployées depuis l'été 2023, sous contrôle du Kremlin.

Après avoir érigé chacun de leur côté des clôtures sécurisées, les trois pays ont annoncé en janvier 2024 un grand projet : la "Ligne de défense balte". Comme le rappelle le Foreign Policy Research Institute, cette initiative commune s'inscrit dans la droite ligne de l'Otan, qui assure depuis 2023 vouloir défendre "chaque mètre carré" du territoire allié en cas de menace d'invasion. Et puisqu'ils sont peu étendus, les pays baltes entendent bien repousser (ou au moins contenir) un potentiel envahisseur directement sur leurs frontières.

L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont lancé la construction d'une "Ligne de défense balte".

L'objectif est de renforcer les quelque 1 500 km de frontières avec la Russie, la Biélorussie à l'est et l'enclave russe de Kaliningrad à l'ouest.

En plus d'une barrière de 115 km, l'Estonie a prévu de construire près de 600 bunkers le long des 340 km de frontière avec la Russie.

De son côté, la Lettonie a presque terminé ses chantiers : 220 km de clôtures le long de la frontière avec la Russie et 170 km côté biélorusse.

Pour l'Estonie, les barrières ne suffisent pas. Le pays devrait pourtant finaliser d'ici fin 2025 sa clôture frontalière avec la Russie, sur les 115 km qui ne sont pas des cours d'eau ou des marécages, et compléter le reste de ce projet pour 2027, selon la chaîne publique ERR. Mais aux yeux de Tallinn, la participation à la nouvelle ligne de défense implique d'autres investissements. Les habitants sont mis à contribution et 40 000 volontaires de la Ligue de défense estonienne sont prêts à venir épauler l'armée. Des combattants qu'il faudra protéger : pas moins de 600 bunkers doivent ainsi être enfouis le long de la frontière orientale du pays dans les prochaines années. 

La tentation des mines antipersonnel

Ces abris ont été testés dans les conditions d'un conflit avec l'armée russe. Ils doivent pouvoir résister à des obus de 152 mm (calibre utilisé par la Russie) et aux intrusions de drones. Des tranchées et des obstacles antichars sont également prévus. "En temps de crise, des barrières explosives, des mines et des charges explosives seront certainement utilisées et des mesures visant à détruire des ponts et des pipelines sont également envisagées", précise Aifar Afanasyev, responsable de l'ingénierie pour l'armée estonienne, à ERR. Comme la Finlande et la Pologne, les pays baltes ont récemment annoncé vouloir sortir de la convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, pour pouvoir en replanter à leurs frontières.

"Toutes ces politiques répondent aux menaces diverses que notre voisin fait peser sur nous", explique Linas Kojala, directeur du Centre d'études de sécurité et de géopolitique (GSSC), basé en Lituanie. Cette ligne de défense balte, "qui n'est pas une nouvelle ligne Maginot , car plus complexe et accompagnée d'autres projets, insiste-t-il, doit servir à gagner autant de temps que possible" face à une invasion. Au centre de cette stratégie, rappelle le chercheur, "les pays baltes comptent énormément sur l'article 5 de l'Otan", relatif à l'assistance que les membres de l'alliance militaire promettent d'apporter si l'un d'eux est victime d'une attaque armée.

Suivant le même schéma, la Lituanie et la Lettonie ont aussi gonflé leurs investissements de défense. Vilnius compte débourser 1,1 milliard d'euros sur dix ans, dont 800 millions consacrés aux mines antichars. Riga s'est engagée à dépenser plus de 300 millions d'euros pour ses fortifications avant 2030, ce qui est à peu près l'horizon de tous les chantiers militaires dans la région. Il faut dire que beaucoup s'inquiètent à court terme, au regard du conflit en Ukraine. "Ce qui était considéré comme impossible en 2008 est devenu peu probable en 2014 et a finalement eu lieu en 2022", faisait remarquer Igor Raev, ancien chef de l'armée lettonne, sur Radio Free Europe. Face à Vladimir Poutine, la présence de l'Otan dans les pays baltes se veut dissuasive. Ainsi, 1 000 soldats britanniques sont stationnés en Estonie. Une force multinationale menée par le Canada est présente en Lettonie, alors qu'une brigade allemande est déployée en Lituanie.

La Lituanie doit gérer deux frontières distinctes, avec l'enclave russe de Kaliningrad (environ 270 km) et la Biélorussie (680 km).

Kaliningrad abrite la flotte de la Baltique, mais aussi des bases aériennes et tout un arsenal de missiles russes, dont des engins balistiques.

Les ponts avec l'enclave russe ont été coupés et pourraient être "piégés avec des explosifs" en cas de besoin, a prévenu le gouvernement lituanien.

Sur le flanc est, une immense barrière est en place sur plus de 500 km depuis 2022, afin de lutter contre les intrusions depuis la Biélorussie.

L'inquiétude porte aussi sur le corridor de Suwalki, par lequel les forces biélorusses et russes pourraient se rejoindre et ainsi isoler les pays baltes.

Situé au sud de la Lituanie, le corridor de Suwalki "est souvent perçu comme un point faible, car les pays baltes pourraient être coupés de leur lien terrestre avec le reste de leurs alliés de l'Otan", rappelle Linas Kojala. Pourtant, cette brèche "ne doit pas être le principal sujet de conversation", estime le chercheur lituanien. "La Russie pourrait suivre plusieurs vecteurs d'attaques. Il y a aussi la question des frappes aériennes, qui nécessite de compléter les barrières physiques par des moyens de surveillance et d'interception", explique-t-il.

Non loin du corridor de Suwalki, dans la forêt de Rudninkai, une immense base militaire de l'Otan à un milliard d'euros est justement en train de sortir de terre. Le site doit accueillir 4 000 soldats allemands et leurs chars d'assaut Leopard de façon permanente d'ici deux ans, rapporte RFI. "C'est le plus grand projet militaire du pays depuis des années, qui représente l'équivalent d'une petite ville lituanienne en surface", souligne Linas Kojala.

"Temporiser, ralentir l'agresseur et rendre l'invasion la plus coûteuse possible en termes de soldats et de matériel : c'est tout l'objectif de ces projets", résume Marija Golubeva, ancienne ministre lettonne de l'Intérieur, désormais associée au Centre d'analyse des politiques européennes (Cepa). "En parallèle, il faut travailler avec les populations des zones frontalières, ajoute-t-elle, pour les préparer tant à des attaques qu'à la propagande de la Russie, qui voudrait déstabiliser ces régions." 

Avec des mesures parfois drastiques, comme en Lettonie, où les maires et certains élus locaux devront bientôt subir une enquête de sécurité nationale pour pouvoir prendre leurs fonctions, d'après la radio publique LSM, afin de s'assurer qu'ils ne révéleront pas de secrets d'Etat ou militaires mais aussi qu'ils collaboreront au mieux avec les autorités européennes en cas de conflit.

Des obstacles antichars en Pologne

La Pologne se trouve dans une situation proche de celle de la Lituanie. Varsovie surveille également de très près sa frontière avec l'enclave de Kaliningrad et celle qui la sépare de la Biélorussie. C'est à travers ces épaisses zones boisées, en Podlachie notamment, que des milliers de migrants ont tenté ces dernières années d'entrer dans le pays, puis dans l'espace Schengen. Là aussi, la Pologne dénonce une "guerre hybride" menée par la Biélorussie, ce qui a poussé le pays à construire une immense barrière ultrasécurisée sur plus de 180 km. Au-delà de ces intrusions, Varsovie a lancé à l'automne 2024 le grand chantier de son "Bouclier oriental", un projet exclusivement militaire.

La Pologne renforce, elle aussi, deux frontières distinctes, avec l'enclave russe de Kaliningrad et avec la Biélorussie.

Dans l'est du pays, la barrière sécurisée est surveillée par plus de 4 000 soldats en appui des gardes-frontières.

Ces unités arrêtent fréquemment des migrants qui tentent de forcer le passage, comme ici, le 21 mars 2025. Varsovie accuse la Biélorussie d'organiser ces intrusions.

Aux abords de Kaliningrad, des obstaces antichars ont été installées afin de ralentir une potentielle invasion. D'ici 2028, ces équipements doivent être disposés tout au long de la frontière.

Rien que pour la "ceinture" prévue sur 80 km autour de Kaliningrad, et le renforcement des barrières avec la Biélorussie, la facture approche les 2,5 milliards d'euros. Pour financer ces travaux, le gouvernement polonais a dû refonder sa politique budgétaire. En 2024, Varsovie a ainsi consacré plus de 4% de son PIB à la défense – soit le plus gros effort en la matière au sein de l'UE, juste devant la Lettonie et l'Estonie. Ce taux devrait atteindre 4,7% du PIB polonais en 2025, d'après l'Otan. Début mars, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a en outre annoncé son intention de former "100 000 volontaires par an" d'ici 2027, afin de mettre sur pied une force de défense civile capable de soutenir l'armée du pays en cas de besoin. "Comme vous le savez, la guerre en Ukraine a montré à quel point ce conflit exigeait une large gamme d'experts, surtout dans le domaine des nouvelles technologies", a-t-il expliqué, cité par RFI.

Projet d'aménagement de la frontière entre la Pologne et la Russie. (HELOISE KROB / FRANCEINFO)
Projet d'aménagement de la frontière entre la Pologne et la Russie. (HELOISE KROB / FRANCEINFO)

Le paysage risque donc de changer radicalement aux frontières polonaises. En complément des obstacles et des possibles champs de mines, le pays veut y construire un grand nombre  "d'entrepôts, de routes d'accès, de points logistiques, d'infrastructures militaires et civiles", a expliqué le vice-ministre de la Défense, Cezary Tomczyk, au site spécialisé MilMag. Varsovie a aussi acheté des systèmes Aérostats américains pour 1,2 milliard de dollars. Positionnés jusqu'à 4 000 m d'altitude, ces appareils fixés sur des ballons peuvent surveiller le trafic aérien et des mouvements suspects à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Comme les pays baltes, "la Pologne estime qu'elle sécurise les frontières européennes et doit à ce titre recevoir un soutien financier de l'UE", glisse une source diplomatique polonaise à Bruxelles à franceinfo. "La Russie vise l'Europe, et l'Europe doit faire bloc face à ce risque", poursuit-elle.

Une inquiétude prise en compte par l'UE

Du côté de la Commission européenne, les appels des pays en première ligne face à la Russie et son alliée biélorusse semblent avoir été enfin entendus. La défense des frontières de l'UE figure en effet en bonne place dans le Livre blanc sur la défense européenne, dévoilé fin mars. Le "bouclier" oriental est cité, tout comme la "guerre hybride" dont les pays du nord-est de l'UE disent déjà ressentir les effets. "Les initiatives en matière de défense prises par les Etats membres situés sur le flanc oriental (...) continuent de fournir des enseignements opérationnels précieux et une expérience concrète, qui alimentent effectivement les réflexions stratégiques", concède Thomas Regnier, porte-parole de la Commission, interrogé par franceinfo.

Cela étant dit, combien l'Union européenne est-elle prête à mettre sur la table afin de soutenir ces grands chantiers ? Le flou demeure. Selon les sources, le renforcement des frontières orientales pourrait coûter de 8 à 10 milliards d'euros. Rien qu'en Pologne, le gouvernement espère obtenir rapidement un milliard d'euros de la Banque européenne d'investissement. Mais la Commission ne communique aucune estimation pour l'instant. L'UE fait valoir qu'elle investit déjà dans certains projets sécuritaires, comme la surveillance électronique et la lutte antidrones dans ces régions (à hauteur de 170 millions d'euros).

Des obstacles métalliques antichars, surnommés hérissons, stockés près de la ville de Karsava (Lettonie), à la frontière avec la Russie, le 16 août 2024. (GINTS IVUSKSANS / AFP)

Outre les frontières, le Livre blanc européen insiste sur deux autres axes majeurs : les "stocks stratégiques" (équipements militaires, armes, etc.) mais aussi l'amélioration de la "mobilité militaire". Sur ce dernier point, la Commission européenne est beaucoup plus loquace. Plus de 500 projets, désignés comme des "points chauds", ont déjà été identifiés. Il s'agit "de lacunes et de goulets d'étranglement (...) qui entravent la bonne circulation des troupes et des équipements militaires", précise l'UE. Renforcer des ponts, élargir des tunnels, rénover des lignes ferroviaires : tout cela doit permettre aux armées européennes d'intervenir plus vite, et en plus grand nombre, en cas d'appel à l'aide des pays du nord-est. "C'est là que l'on voit la mutation de l'UE, qui a toujours construit des ponts et des routes, mais ces infrastructures contribuent désormais à l'effort de défense, analyse David Cadier. C'est un changement de logiciel."

Bloquer et dissuader d'un côté, fluidifier de l'autre. La stratégie des Européens semble toute trouvée. Reste à identifier les points faibles de la très longue frontière orientale. "On parle souvent du corridor de Suwalki, mais aussi de Narva", pointe David Cadier, au sujet de cette ville russophone du nord de l'Estonie, séparée de la Russie par un maigre fleuve, où certains soutiennent le régime de Poutine. Au sein des armées européennes, tous les scénarios sont étudiés, comme ceux qui verraient la Russie mener une incursion chez l'un de ses voisins "pour tester l'article 5 de l'Otan", note David Cadier. "Même sans aller jusqu'à l'invasion, la Russie peut exercer une pression politique en massant ses forces militaires aux frontières", précise le chercheur. Dans cet exercice de prospective, tous les regards restent tournés vers l'Ukraine, dont l'annexion par la Russie ajouterait des centaines de kilomètres de frontières hostiles à surveiller pour l'UE.


Crédits

Rédaction : Pierre-Louis Caron

Développement : Valentin Pigeau

Infographie : Héloïse Krob

Edition : Boris Jullien

Supervision éditoriale : Benoît Zagdoun, Julie Rasplus

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