Le FMI met en garde sur l'austérité en Europe
Qu'arrive-t-il au FMI et à sa directrice générale ? Ont-ils sonné l’heure de la remise en cause des politiques d’austérité à tous crins menée essentiellement en Europe ? On pourrait le croire après les propos de la patronne du FMI, Christine Lagarde, lors de l'Assemblée générale du fonds à Tokyo.
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En appelant à laisser deux ans de plus à la Grèce pour réduire ses déficits, Christine Lagarde, la patronne du FMI, a surpris les tenants des plans d’austérité, le ministre allemand de l’économie en premier lieu.
«Il est parfois mieux, étant donné les circonstances et les efforts engagés de se donner un peu plus de temps. Il ne semble pas raisonnable de s'arc-bouter à des objectifs nominaux», a précisé Mme Lagarde à l’Assemblée générale du Fonds monétaire international, le 11 octobre 2012. Ce ne sont pas les manifestations de rue qui ont amené l'institution financière à s'interroger sur sa politique mais ses propres prévisions économiques.
Pourquoi un tel discours ?
Depuis plusieurs semaines, les prévisions économiques des divers instituts montrent que le ralentissement de l’économie mondiale est plus important que prévu. Le FMI, lui-même, pourtant partie prenante des plans d’austérité imposés en Europe, reconnaît aujourd’hui que l'effet négatif de ces politiques sur la croissance a été sous-estimé. Un constat fait par l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, en présentant les nouvelles projections économiques mondiales du Fonds, revues à la baisse.
«Le risque majeur est clair : que les cercles vicieux s’aggravent en Espagne ou en Italie, que la production chute encore plus nettement et que l’un de ces pays ne puisse plus faire appel aux marchés financiers. Un tel enchaînement pourrait facilement faire dérailler la reprise mondiale», affirmait déjà ce dernier sur son blog. «Quand la situation le requiert, nous devons être prêts à réajuster les objectifs», a-t-il ajouté.
Berlin et Paris plutôt sur la même ligne
«Il n'y a pas d'option alternative à la réduction à moyen terme des dettes des Etats qui sont trop élevées», a immédiatement réagi Wolfgang Schäuble, le très strict ministre allemand de l’économie. Renoncer à cet objectif ne fait que «créer de la confusion», a souligné le ministre ajoutant à l'endroit de Mme Lagarde : «Quand vous voulez grimper une grande montagne et que vous commencez à la descendre, la montagne deviendra encore plus haute».
Une position que ne semble pas loin de partager Paris. «Les engagements pris sont de 3%, les engagements pris seront tenus, il y va de la qualité de notre signature, il y va de notre crédibilité», a réaffirmé Pierre Moscovici sur France 2.
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Résultat, le FMI a revu sa copie et Christine Lagarde affirmé : «Nous n'avons pas du tout changé notre approche.»
Il n'empêche que, malgré ses propos contradictoires, la patronne du FMI se faisait l’écho de nombreux pays qui voient d’un mauvais œil le repli des économies européennes. Que ce soit discrètement les Etats-Unis ou plus bruyamment les pays exportateurs comme la Chine ou le Brésil. Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a ainsi appelé le 12 octobre à «atténuer» l'impact sur l'emploi et l'activité des plans d'économies à l'œuvre en Europe.
«Le plus grand changement a été la multiplication d'effets de contagion bien plus marqués à l'échelle mondiale, qui ont étendu le ralentissement aux pays émergents, en particulier en Asie», a reconnu Mme Lagarde. «Notre objectif n'est pas de faire de l'austérité pour de l'austérité. C'est de remettre les pays sur pied de manière durable pour les rendre autonomes, c'est-à-dire capables de se financer eux-mêmes sur les marchés. Croissance et austérité ne sont pas incompatibles », expliquait-elle d'ailleurs dans le Figaro.
L'austérité revient au cœur du débat
Le retour du débat sur l'austérité n'est pas une surprise pour le très keynésien nobel Paul Krugman qui, sur son blog du New Yor Times, ne cesse de critiquer les décisions récessionnistes. Des décisions qui selon lui, et d'autres, ont oublié de prendre en compte les théories de Keynes sur l’effet multiplicateur. Effet qui a pour résultat d’amplifier plus ou moins fortement toute politique budgétaire, dans un sens ou un autre. Or, le FMI affirme qu’il a mal mesuré cet effet d’où la modification de ses perspectives économiques. L'exemple de la Grèce le montre aujourd'hui.
Le débat, mis en lumière à Tokyo par Christine Lagarde, n’est pas prêt de se calmer, même si la patronne du FMI affiche des convictions... changeantes. La Grèce pourrait être la première à en profiter en se voyant accorder un délai supplémentaire (elle demande deux ans) pour le retour à l'équilibre. Cet assouplissement se généralisera-t-il, y compris en France ? Affaire à suivre.
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