Infographies Cinq ans après le Brexit, visualisez comment le divorce avec l'UE a changé le Royaume-Uni

Dans les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et ses anciens partenaires, c'est l'UE qui a pris le dessus. Le PIB par habitants des Vingt-Sept a aussi rattrapé celui des Britanniques. Mais Londres reste une place forte financière.

Article rédigé par Laetitia Commanay
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le Royaume-Uni est officiellement sorti de l'Union européenne le 31 janvier 2020. (MALTE OSSOWSKI / SVEN SIMON / AFP)
Le Royaume-Uni est officiellement sorti de l'Union européenne le 31 janvier 2020. (MALTE OSSOWSKI / SVEN SIMON / AFP)

Il y a cinq ans jour pour jour, le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quittait officiellement l'Union européenne. Après une période de transition de onze mois, les accords de libre-échange et de libre-circulation prenaient fin et les Britanniques sont devenus les premiers à sortir du marché unique européen, le 1er janvier 2021. Depuis, l'économie britannique est en berne et les relations avec l'Europe se sont affaiblies. Alors que l'actuel gouvernement travailliste, dirigé par Keir Starmer, se dit favorable à un nouveau rapprochement commercial avec l'Europe, quel bilan peut-on tirer du Brexit, cinq ans après le divorce ? 

Une balance commerciale encore plus déficitaire avec l'UE

Le commerce du Royaume-Uni a été bouleversé par le Brexit. Si les exportations du pays vers l'UE ont continué d'augmenter, les importations ont augmenté de façon beaucoup plus forte. Résultat : le déficit commercial du Royaume-Uni vis-à-vis de ses voisins européens a continué à se creuser. Les Britanniques ont dans le même temps renforcé leurs relations avec le reste du monde et signé des accords commerciaux avec d'autres pays.

Le commerce des biens alimentaires et autres produits agricoles, soumis à des contrôles douaniers depuis la fin de l'accord de libre-échange, a été le domaine le plus fortement affecté par le Brexit. "En plus de la paperasse que tout le monde doit gérer, ce secteur-là fait face aux exigences sanitaires et phytosanitaires de l'UE, ce qui veut dire plus de contrôles aux frontières et des barrières plus importantes à l'échange", explique Thomas Sampson, économiste à la London School of Economics, et qui a étudié les conséquences commerciales du Brexit. Les services, comme l'informatique ou le tourisme, ont été moins touchés. 

Un secteur financier toujours attractif

Le secteur financier, qui représente 8,8% de la production économique britannique selon le Parlement, a aussi été affecté par la sortie de l'Union européenne. Un an après le Brexit, 440 entreprises financières – environ un dixième du système bancaire anglais – avaient quitté Londres pour s'installer dans d'autres centres financiers européens.

Si l'Europe, et notamment Paris, a profité de ces mouvements, une étude du cabinet de conseil EY montre que la City reste un acteur clé de la finance européenne. Selon EY, le Royaume-Uni est le pays d'Europe qui attire, depuis 2014 et même après le Brexit, le plus d'investissements directs étrangers (IDE) pour les projets financiers, un indicateur qui permet de rendre compte de l'attractivité d'un pays pour les investisseurs.

L'immigration en hausse, mais moins en provenance de l'UE 

Le Brexit a également mis fin à la libre circulation des personnes entre le pays et les Etats de l'UE. Depuis le 1er janvier 2021, les Européens souhaitant s'installer au Royaume-Uni doivent obtenir un titre de séjour et un visa pour pouvoir travailler. Depuis 2016, date du référendum sur la sortie de l'UE, le nombre d'immigrés au Royaume-Uni en provenance d'Europe ne fait que baisser. Selon Robert McNeil de l'observatoire de la migration à l'université d'Oxford, c'est une conséquence directe du Brexit : "Le référendum a vraiment changé la façon dont les migrants européens voyaient leur avenir au Royaume-Uni, ils ne se sentaient plus les bienvenus" explique le chercheur à franceinfo. "Et une fois que le Brexit est entré en vigueur, il est devenu difficile de comprendre pourquoi un européen choisirait d'aller au Royaume-Uni plutôt qu'autre part en Europe." 

La mobilité des jeunes a aussi souffert : les programmes d'échanges universitaires comme Erasmus ont pris fin avec le Brexit. En 2022-2023, les universités britanniques comptaient dans leurs rangs 37% d'étudiants européens en moins par rapport 2020-2021, selon le gouvernement britannique. En parallèle, les politiques menées par le gouvernement de Boris Johnson, ancien Premier ministre conservateur à l'époque du Brexit, ont provoqué une forte hausse de l'arrivée d'étrangers au Royaume-Uni, malgré ce déclin de l'immigration depuis l'UE.

L'économie britannique rattrapée par celle de l'UE

L'économie britannique a souffert depuis le Brexit, même si la crise du Covid-19 et l'inflation liée à la guerre en Ukraine n'ont rien arrangé. Alors que le produit intérieur brut (PIB) par habitant du Royaume-Uni était supérieur à celui du reste de l'UE avant le Brexit, ces deux indicateurs sont quasiment équivalents depuis 2020. Selon une note rédigée par un économiste du Centre for European Reform, un groupe de réflexion pro-européen basé à Londres, le PIB du Royaume-Uni aurait été supérieur de 5,5% s'il n'avait pas quitté l'UE.


Les Britanniques semblent d'ailleurs avoir changé d'avis sur le Brexit. Alors qu'une majorité d'entre eux avait voté en faveur de la sortie de l'Union européenne, ils ne sont plus que 30% à penser que c'était une bonne idée, d'après un sondage réalisé fin janvier par l'institut YouGov.

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