Narcotrafic : en Belgique, le nouveau procureur du roi, surnommé "Batman", placé sous protection maximale

Cible de menaces "sérieuses et imminentes", Julien Moinil est désormais sous protection renforcée, jour et nuit. Son combat acharné contre le narcotrafic à Bruxelles dérange les réseaux criminels.

Article rédigé par franceinfo
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Le procureur du roi de Bruxelles, Julien Moinil, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 12 juin 2025. (MARIUS BERGELMAN / BELGA / VIA AFP)
Le procureur du roi de Bruxelles, Julien Moinil, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 12 juin 2025. (MARIUS BERGELMAN / BELGA / VIA AFP)

Il est devenu la "bête noire" des trafiquants de drogue en Belgique. Julien Moinil, procureur du roi à Bruxelles, a été placé sous protection policière renforcée jour et nuit, début juillet 2025. Il fait l'objet de menaces jugées "sérieuses et imminentes" de la part de milieux associés au narcotrafic, selon des médias belges. Son activisme en matière de lutte contre le trafic de drogue, qui gangrène la région bruxelloise, n'y est sans doute pas étranger.

Ce magistrat, en poste à Bruxelles depuis seulement six mois, est notamment connu pour son opiniâtreté au point d'être surnommé le "Batman du parquet". Julien Moinil, 39 ans, mène en effet un combat acharné contre les trafiquants de drogue : ils sont échaudés par des opérations policières de grande envergure visant à démanteler leurs réseaux. L'une d'elles, particulièrement spectaculaire, menée à Anderlecht, dans l'ouest de la région bruxelloise, au printemps, avait mobilisé pas moins de 900 agents.

"Conscient de prendre des risques"

Une autre plus récente à Schaerbeek, une autre banlieue de Bruxelles, avait permis l'interpellation de cinq suspects, ainsi que la saisie de drogue et d'argent liquide. Se disant "conscient de prendre des risques, comme tout magistrat travaillant contre le crime organisé", le procureur Moinil fait désormais l'objet d'une protection de niveau 4, le plus haut niveau possible. Le même qui avait été mis en vigueur après les attentats de Bruxelles en 2016. Coriace, le jeune magistrat, déjà habitué aux logements sécurisés et aux déplacements en fourgon blindé, se déclarait encore récemment déterminé à poursuivre son combat contre le narcotrafic.

Le narcotrafic qui prend beaucoup d'ampleur dans la région bruxelloise. La capitale belge est sur la route qui relie les grands ports de la mer du Nord par où arrivent toujours d'importantes quantités de drogue vers le reste de l'Europe, notamment la France. 

"Donnez-moi dix millions d'euros"

Julien Moinil est d'ailleurs parvenu, en peu de temps, à dresser une cartographie assez précise du trafic de drogue à Bruxelles. On parle, selon lui, de plusieurs centaines de suspects, allant du trafiquant de base jusqu'à la tête des réseaux criminels. Ils partagent tous une responsabilité non seulement dans le trafic, mais aussi dans les guerres de territoires et les règlements de comptes auxquels se livrent des bandes rivales, parfois jusque dans le centre de Bruxelles, notamment aux abords de la gare de Bruxelles-Midi, théâtre de plusieurs fusillades ces derniers mois.

Les trafiquants sont jeunes, 18-35 ans, parfois même mineurs. Ils ne font pas l'objet de surveillance particulière, déplore le procureur du roi de Bruxelles, faute de financement suffisant pour des mesures de suivi individuel. "Donnez-moi dix millions d'euros et je ferai de Bruxelles la capitale la plus sûre d'Europe", ironisait-il récemment. Très conscient de l'ampleur du chantier que représente en Belgique, et singulièrement à Bruxelles, la lutte contre le trafic de drogue.

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