: Vidéo Cérémonies des 80 ans de la libération d'Auschwitz : la "honte d'être vivant" racontée par des rescapés du camp d'extermination
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A l'occasion du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, lundi, France 2 diffuse une série documentaire dans laquelle 44 survivants, filmés en 2006, racontent leur déportation et leur douloureux retour à la vie.
En 2006, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah décide de recueillir le témoignage de 44 survivants du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, libéré le 27 janvier 1945, il y a quatre-vingts ans jour pour jour. Plus d'un million de déportés, juifs pour la plupart, y furent détenus dans des conditions effroyables et tués par les nazis. Dans ce document à valeur historique, des hommes et des femmes de diverses nationalités racontent face à la caméra l'horreur de leur déportation.
La réalisatrice Catherine Bernstein mène, à l'époque, certains de ces entretiens. Marquée par la force de ces récits – de tous les rescapés témoignant en 2006, seuls quatre sont encore vivants – elle a décidé de les remettre en lumière à l'occasion des 80 ans de la libération du plus grand camp de concentration et d'extermination nazi, en illustrant leurs histoires grâce à des films amateurs, des photographies et des images d'animation.
Ainsi naît une série documentaire en cinq épisodes de 40 minutes, intitulée Auschwitz, des survivants racontent, retraçant le parcours de ces rescapés : la persécution, leur déportation et leur libération. Ces films réalisés par Catherine Bernstein, épaulée par l'historien Tal Bruttmann, sont diffusés lundi 27 janvier à 21h10 sur France 2. Cette mosaïque de témoignages, en forme d'hommage à toutes celles et ceux qui sont morts dans des camps, révèle les difficultés pour ces survivants de revenir à la vie.
"Ils ne me croyaient pas"
"Quand j'ai voulu raconter, ça ne passait pas. Les choses étaient tellement invraisemblables, tellement insensées, tellement impensables, raconte Gabriel Bénichou, qui avait 16 ans au moment de son arrestation, en avril 1943 à Marseille. Soit ils me prenaient pour un fanfaron, soit pour un affabulateur. (...) Ils ne me croyaient pas." Interné dans le camp de Drancy, en région parisienne, il est déporté à Auschwitz quelques mois plus tard. Après avoir été envoyé au ghetto de Varsovie, puis à Dachau, il est libéré le 2 mai 1945. Un retour qui s'avère éprouvant tant pour la population, qui découvre avec horreur ce qu'ont vécu les déportés, que pour les survivants des camps, qui entament leur difficile retour à la vie, après des mois, voire des années, de souffrances indescriptibles et de privations inimaginables.
André Kahn, qui témoigne dans le documentaire et est mort en janvier 2009, faisait partie des plus jeunes déportés survivants des camps de concentration. Il a 15 ans lorsque, sur dénonciation, il est arrêté avec sa famille à Paris. Ils sont tous déportés à Auschwitz en 1944. André et sa sœur Denise seront les seuls à en réchapper. A son retour en France, il ne pèse plus que 29 kilos. Alors qu'il raconte ce qu'il a traversé à un médecin, ce dernier le prend pour un fou.
"Il voulait me faire enfermer. Depuis ce jour-là, je n'ai plus jamais parlé de ma déportation à personne."
André Kahn, déporté survivant d'Auschwitz (mort en 2009)dans le documentaire
Ce ne sera que dans les années 1990 qu'il se décidera à témoigner de son histoire dans les écoles, comme de nombreux autres survivants. Après la reconnaissance, en 1995, par le président de la République Jacques Chirac de la responsabilité de la France dans la déportation et l'extermination de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
A leur retour, les rescapés des camps sont accueillis à l'hôtel Lutétia à Paris, transformé en centre d'accueil où une foule de gens se presse, chacun espérant retrouver des membres de sa famille. Si les survivants bénéficient d'une prise en charge médicale, les soutiens psychologiques sont absents. "A l'époque, il n'y avait pas de psys, relève Paul Chytelman, rescapé d'Auschwitz. On s'est débrouillés pour survivre (...) Peut-être est-ce aussi à cause de cela que nombre de mes camarades se sont suicidés à leur retour."
"On n'avait plus aucune attache"
Retrouver une vie normale semble impossible pour certains de ces déportés qui, après avoir vécu les lois antisémites, les rafles et la déshumanisation des camps de concentration, peinent à dépasser la douleur incommensurable de la perte de leurs proches. "Je ne sais pas si on prend bien conscience que quand on est revenus, on n'avait plus aucune attache. Plus de famille, pas d'ancêtres, non seulement pas de parents, mais pas d'oncles, pas de tantes, personne", expose Daniel Urbejtel, âgé de 13 ans lorsqu'il est arrêté à Paris, interné à Drancy et déporté à Auschwitz en juillet 1944, avec son frère de 15 ans. Leurs parents, arrêtés l'année précédente, sont eux morts dans ce camp dont reviendront les deux adolescents.
Parmi les nombreux traumatismes qui habitent les rescapés à leur retour, la culpabilité d'avoir survécu fait partie des plus prégnants. "Ils ont eu honte d'être vivants, d'avoir survécu, ne serait-ce que ça, confie Paul Chytelman, résistant dénoncé et arrêté par la Gestapo, qui a survécu à l'internement à Auschwitz, aux travaux forcés et à la "marche de la mort" qui l'a conduit jusqu'à Bergen-Belsen à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en avril 1945. Si je n'avais pas fait promesse à ma femme, il y a de cela treize ans, que je ne me suiciderais pas, je serais peut-être déjà mort."
Le documentaire Auschwitz, des survivants racontent, réalisé par Catherine Bernstein, est diffusé lundi 27 janvier à 21h10 sur France 2 et sur la plateforme france.tv.
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