Arrestation d'un journaliste grec pour la publication des données bancaires de la "liste Lagarde"
La police grecque a arrêté le rédacteur en chef du magazine grec Hot News pour la publication d'une liste de présumés fraudeurs fiscaux. Cette liste, donnée il y a deux ans au gouvernement grec par Christine Lagarde, alors ministre des Finances française, est au cœur d'une polémique à Athènes.
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Ce dimanche matin, la police grecque a interpellé le rédacteur en chef du magazine Hot Doc, Kostas Vaxevanis dans la banlieue d'Athènes. Il était poursuivi pour avoir publié une liste de noms de plus de 2.000 Grecs fortunés ayant placé de l'argent sur des comptes bancaires en Suisse, il doit comparaitre devant le procureur d'Athènes.
Joint avant son arrestation par la correspondante de France Info à Athènes, Kostas Vaxevanis se dit surpris par la procédure.
"Je m'attendais à des réaction, mais pas à ce qu'une chasse à l'homme soit déclenchée, que des dizaines de policiers me suivent et surveillent les endroits que je fréquente".
Depuis quelques semaines, le débat fait rage en Grèce autour de cette liste, et sa parution samedi dans Hot Doc l'a ravivé de plus belle.
Son existence a été révélée par la presse début octobre, dans un pays où la fraude fiscale est endémique et reste largement impunie malgré la cure de rigueur administrée au pays. Et alors que l'opinion publique accuse le gouvernement d'épargner les riches et les puissants, l'inaction des gouvernements successifs vis-à-vis de ces supposés fraudeurs est dénoncée de toute part.
#FreeVaxevanis Le journaliste grec @KostasVaxevanis qui a publie la liste Falciani avec les noms d'evadeurs fiscaux, est arrete maintenant.
— Corina Vasilopoulou (@CorinaVasilopou) October 28, 2012
Dite "liste Lagarde" , cette liste avait été communiquée en 2010 à la Grèce par le gouvernement français et sa ministre des Finances d'alors, Christine Lagarde - désormais directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) -. Ces données provenaient des documents qu'un informaticien, Hervé Falciani, avait volés à la banque HSBC Genève en 2010. Il s'était alors emparé d'une liste de 22.000 personnalités fortunées qui détenaient des comptes bancaires en Suisse.
Liste disparue, liste redemandée
Or, avant sa parution samedi, elle avait mystérieusement "disparue" des radars. Interrogés, deux ex-ministres des Finances, Evángelos Venizélos et George Papaconstantinou (qui en était le destinataire) ont déclaré avoir perdu cette liste Lagarde et ne pas savoir ce qu'elle était devenue. Et mercredi, l'actuel ministre des Finances Yannis Stournaras a annoncé avoir demandé à la France d'en renvoyer une copie.
Si la possession d'un compte en Suisse n'est pas en soit illégale, de nombreuses voix se sont élevées pour demander une enquête sur les gens cités par cette liste. Dans un premier temps, le gouvernement de coalition issu des élections de juin avait exclu d'user contre les auteurs d'évasion fiscale des documents obtenus illégalement – comme cette liste -, mais il a tourné casaque face à la colère croissante de la rue.
Pour Kostas Vaxevanis, la dissimulation de cette liste est loin d'être une erreur : il s'agit d'une "liste authentique de grands fraudeurs fiscaux qui existe depuis longtemps mais qui est cachée pour protéger ceux qui y sont mentionnés. Beaucoup de gens dans cette liste sont des amis du pouvoir, de députés et de ministres. En lisant ces noms on comprend pourquoi la justice et les organes de l'Etat n'ont pas réagi tout ce temps" .
Des répercussions à prévoir
En trouvant et publiant cette liste, Hot Doc a rendu publiques des données personnelles, et c'est sur ce critère que Kostas Vaxemanis est poursuivi. Si ce procédé est interdit, il s'agit pourtant d'une pratique régulière la police qui publie des photos de prostituées séropositives ou de manifestants interpellés.
La réputation sulfureuse de la "liste Lagarde" n'a pas fini de faire parler. Après avoir fait tomber des têtes, avec l'arrestation pour corruption de l'ancien ministre Yiannis Sbokos par exemple ; deux personnes citées par la liste ont été retrouvées mortes début octobre, probablement par suicide.
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