Catalogne : quatre questions après la déclaration d'indépendance de la région
Manifestations, destitutions, tutelle de Madrid... Franceinfo revient sur la situation au lendemain d'une journée historique.
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L'Espagne vit sa crise politique la plus grave depuis 1977. La Catalogne a déclaré son indépendance, vendredi 27 octobre. Dans la foulée, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a annoncé la destitution du président séparatiste catalan Carles Puigdemont, la dissolution du Parlement régional et une série mesures préparées depuis des semaines doivent être appliquées. Pour y voir plus clair franceinfo revient sur la situation en quatre questions.
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1Que va-t-il se passer maintenant ?
Des anti-indépendantistes doivent manifester à Madrid, samedi 28 octobre, après des rassemblements d'indépendantistes à Barcelone vendredi après-midi.
Accusé de rébellion,Carles Puigdemont, le président destitué de la Catalogne, risque d'être arrêté. Mais Marti Anglada, délégué du gouvernement de la Catalogne à Paris, pense que la population va se mobiliser pour éviter un tel événement. "La foule va être là pendant des jours pour empêcher l'arrestation du président. Il est accusé de rébellion, c'est le châtiment le plus grand dans le Code pénal espagnol, [passible] de 30 ans de prison. Il y aura une protection du président j'imagine", a-t-il déclaré sur franceinfo.
"La réaction forte de Madrid fait qu'il y a toujours une escalade dans l'affrontement avec Barcelone. Puigdemont voit dans cette escalade le seul moyen de gagner. Le fait qu'il puisse être éventuellement arrêté serait, d'un certain côté, une victoire pour lui", a également estimé sur franceinfo Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Surtout, de nouvelles élections régionales ont été convoquées par Madrid. Elles doivent avoir lieu le 21 décembre.
2A quoi doivent servir les élections à venir ?
Madrid espère sortir de la crise avec ce scrutin. Mais rien n'indique que les résultats iront dans le sens de l'unité de l'Espagne. Lors des dernières élections régionales, le 27 septembre 2015, l'ensemble des formations pro-sécession n'avaient obtenu que 47,8% des suffrages, mais une majorité en sièges au Parlement catalan.
"Si on fait les élections dans deux mois, le résultat ce sera un Parlement, plus ou moins comme l'actuel, avec une majorité indépendantiste", sauf si "on pense à interdire le parti indépendantiste en Catalogne, alors c'est autre chose", a estimé sur franceinfo Marti Anglada, délégué du gouvernement de la Catalogne à Paris.
Sur RTL, l'historien Benoît Pellistrandi, spécialiste de l'Espagne contemporaine, a détaillé les différentes options qui s'offraient aux partisans de l'unité espagnole : "Soit ils décident de boycotter les élections législatives afin de fragiliser le Parlement régional en disant qu'il ne représente pas la moitié des Catalans mais c'est difficile, avance-t-il. Ils peuvent au contraire choisir d'aller aux élections et essayer de les gagner mais le problème politique serait majeur en cas de victoire." Et de conclure : "Enfin, ils peuvent choisir d'aller encore un peu plus loin en organisant des élections constituantes et donc en organisant un scrutin parallèle et concurrent."
3Quelles sont les premières mesures prises par Madrid ?
Vendredi, Mariano Rajoy a annoncé la destitution de l'exécutif autonome de Catalogne et la dissolution du Parlement régional. Il a également annoncé que les ministères du gouvernement central assumeraient les pouvoirs de l'administration catalane.
Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d'une majorité des Catalans et le vol d'une partie du territoire au reste des Espagnols.
Mariano Rajoy
La destitution du chef des Mossos d'Esquadra, la police de Catalogne, Josep Lluis Trapero, a été annoncée vendredi et a été officialisée dès samedi matin avec une publication au Journal officiel espagnol, en vertu de l'article 155 de la Constitution espagnole. Au total, 150 personnes sont officiellement destituées de leurs postes administratifs et institutionnels. Concrètement, ces personnalités n'ont plus le droit d'accéder à leurs bureaux, sous peine d'être accusées d'usurpation de fonction.
"On l'a beaucoup accusé [Mariano Rajoy] d'être temporisateur, d'être passif face à la crise catalane, de n'avoir rien fait. Hier, il a marqué un point par la rapidité de ses décisions", a jugé sur franceinfo Benoît Pellistrandi. La police catalane a demandé à ses agents de rester neutres et de ne pas prendre parti dans la crise qui oppose Barcelone à Madrid.
La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, doit aussi réunir samedi les secrétaires d'Etat qui seront chargés d'assumer les fonctions des gouvernants catalans. Les "représentations" catalanes doivent également fermer très prochainement.
4Comment réagit la communauté internationale ?
Les Etats-Unis, l'Allemagne, le Canada ou encore l'Otan et l'ONU ont indiqué soutenir l'unité de l'Espagne. La France a affirmé n'avoir "qu'un interlocuteur, le Premier ministre Rajoy".
Seize mois après le Brexit, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a estimé que l'Union européenne n'avait "pas besoin d'autres fissures". Le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé Madrid à choisir "la force de l'argument plutôt que l'argument de la force".
L'une des rares voix à soutenir les indépendantistes catalans est venue de Corse. Le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, leader du mouvement indépendantiste Corsica Libera, a salué la "naissance de la République de Catalogne" et a exprimé sa "solidarité".
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