L'UE ferme son espace aérien à la Biélorussie : "Il fallait marquer le coup" face à "du terrorisme d'État", estime l'ancien pilote Gérard Feldzer
Le spécialiste du transport aérien estime que la fermeture de l'espace aérien et la mise sur liste noire des avions biélorusses par l'Union européenne n'aura probablement pas d'impact réel sur Minsk.
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La fermeture de l'espace aérien européen à la Biélorussie "va quand même handicaper" les avions biélorusses, a expliqué mardi sur franceinfo Gérard Feldzer, ancien pilote et spécialiste aéronautique de franceinfo. Le détournement par la Biélorussie d'un avion pour arrêter un opposant est "du terrorisme d'État", selon Gérard Feldzer. Il fallait donc "marquer le coup".
franceinfo : Qu'est-ce qu'implique la fermeture de l'espace aérien de la Biélorussie ?
Gérard Feldzer : Cela les isole un petit peu. Il y a à peu près 100 000 survols par an au-dessus de la Biélorussie. Il y a un petit manque à gagner parce qu'il y a des taxes de survol qu'on doit payer à chaque fois que l'on passe par eux. Cela oblige aussi les avions à faire un petit détour pour éviter le territoire, donc quelques minutes de vol. Sachant qu'un avion qui consomme 100 litres à la minute, cela se paye un peu. Mais on ne pouvait pas ne rien faire parce que là, c'est vraiment une première. C'est du terrorisme d'État. Les pays interceptent des avions en vol, ce n'est pas nouveau. Nous, en France, on intercepte des avions mais pour les bonnes raisons. C'est à dire un avion qui n'a plus de contact radio, qui s'écarte du couloir aérien, etc… Donc 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, l'Armée de l'air est capable de mettre en l'air un Rafale en 10 minutes. Mais là, c'est pour des raisons essentiellement politiques. La grande première, c'est que c'est un État qui a commandé pour des raisons politiques.
La Biélorussie avait fait croire qu'il y avait une bombe à bord.
La bombe à bord, ça tenait pas 30 secondes. Quand il y a une bombe à bord, on nous alerte et on nous dit posez-vous le plus rapidement possible. Or là, il était beaucoup plus près de Vilnius, sa destination, que d'aller se poser à Minsk. Donc c'était complètement le contraire. On voit bien que c'était complètement inventé. Il fallait réagir. La première réaction de l'Europe, c'est de dire, on ne survolera plus le pays. Mais pire que ça. Les avions de la Biélorussie sont blacklistés pour l'Europe. Cela veut dire que des passagers qui veulent faire un Minsk-Paris à bord d'un vol Belavia, seront obligés de passer par Moscou. Cela va quand même les handicaper. Est-ce que cela aura un impact réel ? Je ne crois pas. Mais il fallait marquer le coup.
"Le pilote n'avait pas le choix."
Gérard Feldzerà franceinfo
Est-ce qu'il y a d'autres routes possibles, quand on sait que dans la même région il y a aussi des restrictions de vol au-dessus d'une partie de l'Ukraine ?
C'est vrai qu'il y a des pays que l'on évite de survoler. L'OACI, l'Organisation de l'aviation civile internationale à Montréal dit, on vous recommande de ne pas survoler l'Ukraine, le Yémen, certaines parties du monde, parce qu'il y a des risques de missiles. On l'a déjà vu en Ukraine. Donc chaque compagnie, chaque pays met son plan de vol en adéquation avec ce danger potentiel. Donc pour les avions actuellement, ou même la nuit dernière, qui survolaient la Biélorussie, ils ont changé leurs plans de vol. On peut le faire très rapidement, très facilement. Aujourd'hui, plus aucun avion - pratiquement le monde entier va suivre - ne survolera la Biélorussie.
Les pilotes naviguent au gré de la géopolitique ?
Oui, c'est ça. C'est assez impressionnant quand il y a un avion de chasse qui vous accompagne. Moi, cela m'est arrivé au-dessus de la Russie il y a quelques années. Vous voyez le pilote qui est très près. Il vous dit de le suivre. Vous le suivez, parce que vous n'avez pas le choix. Vous risquez de vous faire descendre. Et vous n'êtes pas au courant de tout. S'il bat des ailes, cela veut dire suivez-moi. Il sort son train d'atterrissage, cela veut dire tu te poses là en dessous. On le fait, on obtempère. Donc le pilote n'avait pas le choix.
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