: Reportage "C'est compliqué de venir dans ces conditions" : au salon du Bourget, des visiteurs nombreux, curieux... et inquiets des tensions internationales

La tenue du salon du Bourget coïncide avec l'escalade des tensions au Proche-Orient. La 55e édition du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) s'achève dimanche 22 juin. Et, tandis qu'il ouvrait ses portes au grand public samedi, la journée a été marquée par une manifestation organisée "contre l'économie de guerre" et pour la fin de la guerre en Palestine. Les visiteurs ont bien en tête le contexte international tendu, avec la guerre qui se poursuit en Ukraine et le conflit entre Israël et l'Iran dans lequel viennent d'entrer les États-Unis.

Si beaucoup regardent le défilé d'avions dans le ciel, le téléphone à la main et le sourire aux lèvres, Oleg est plus amer : "Voir ses avions qui sont possiblement armés, qui peuvent lâcher toutes les masses et les charges qu'ils peuvent avoir, ça fait effectivement réfléchir. Et en ce moment, c'est juste incompréhensible ce qui se passe donc, oui, c'est compliqué de venir dans ces conditions." Il suit de près les guerres en cours et a même failli annuler sa venue.

"C'est vrai qu'on est quand même dans un contexte où, demain, il suffit qu'il y en ait un qui pète les plombs et c'est parti, ajoute Michaël, inquiet lui aussi. On a un peu ça en tête, mais parfois on évite d'y penser", confesse-t-il. Il approuve tout de même la décision de l'État de fermer certains stands d'entreprises israëliennes où se trouvaient des armes utilisées dans le conflit en cours au Moyen-Orient. "C'est une exposition familiale, il y a des enfants, il y a toutes les tranches d'âge confondues, il y a des passionnés, peut-être des nouveaux passionnés. Donc forcément, montrer des armes de guerre... explique Michaël qui désigne une navette spatiale, "c'est autre chose, dit-il, là c'est une conquête de l'espace, c'est pas la conquête d'un autre pays", 

La France face au risque d'une guerre

Futur steward, Visei ne cache pas sa peur et se demande si la France serait prête en cas de conflit armé : "On est sous-informé sur les capacités de l'armée. On est sur un événement qui nous projette un peu sur ce genre de choses, mais avec de 'l'effet waouh'. Quelle est la limite à tout ça ? C'est surtout cette question-là que je me pose, à laquelle on n'aura très certainement jamais de réponse."
Christelle, elle, se veut plus rassurante. Elle travaille pour un sous-traitant qui construit notamment le Rafale. "Que ce soit les avions ou l'armement, on est quand même fiers de tout ce qu'on a en France. Et je suis une ancienne militaire, donc forcément, je suis bien placée pour le savoir : on a du beau matériel", assure-t-elle.

Cette année, ils sont nombreux à être venus pour se rassurer, note Muriel Kafantaris, directrice marketing et communication du salon : "La vedette de ce salon, c'est le Rafale. Puis on sait aussi que l'A400M, par exemple, qui est notre vedette aussi au ministère des Armées, attire énormément le public aussi. Donc effectivement, peut-être ces aéronefs rassurent-ils nos visiteurs."  Des visiteurs venus en nombre cette année, avec plus de jeunes et plus de femmes. La fréquentation a bondi de 6% lors du premier jour de l'ouverture au grand public par rapport à la dernière édition, il y a deux ans.