Israël fait "le sale boulot pour nous tous" en Iran : polémique en Allemagne après les propos du chancelier Friedrich Merz

Lors du G7, le dirigeant a ouvertement soutenu l'attaque d'Israël contre la République islamique, dans des termes qui ont choqué une grande partie de la classe politique allemande.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, lors d'une conférence de presse à Vilnius (Lituanie), le 22 mai 2025. (MICHAEL KAPPELER / DPA)
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, lors d'une conférence de presse à Vilnius (Lituanie), le 22 mai 2025. (MICHAEL KAPPELER / DPA)

Le chancelier allemand a-t-il parlé trop vite ? Son soutien à l'offensive israélienne contre l'Iran n'en finit pas de faire des vagues. Mardi 17 juin, le chancelier allemand Friedrich Merz a ouvertement soutenu les frappes israéliennes sur l'Iran, et évoqué la possible fin d'un pouvoir iranien qui "a apporté la mort et la destruction dans le monde". 

"C'est le sale boulot qu'Israël fait pour nous tous", a-t-il déclaré en marge du sommet du G7 au Canada le dirigeant allemand à propos des attaques sans précédent menées avec l'objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. "Sinon, nous aurions peut-être continué à subir pendant des mois et des années le terrorisme de ce régime, qui aurait peut-être même fini par se doter de l'arme atomique", a-t-il poursuivi. Des propos, qualifiés de "honteux" et "scandaleux" par la télévision d'Etat iranienne, qui ont valu, mercredi, une convocation à l'ambassadeur d'Allemagne en Iran.

"Il faut donc toujours être très, très prudent dans le choix des mots"

A Berlin, la tirade de Friedrich Merz suscite aussi des remous au sein de la classe politique, tous bords confondus. Le parti de gauche, dans l'opposition, évoque un "dérapage sans précédent". Même consternation chez Anton Hofreiter, un cadre du parti écologiste, interrogé sur Welt TV. "Les attaques israéliennes contre l'Iran font également des victimes civiles et, parmi elles, se trouvent peut-être des opposants au régime des mollahs. Il faut donc toujours être très, très prudent dans le choix des mots.  Et puis, il y a une grande incertitude autour de l'intervention israélienne… Est-ce que cela va dissuader l'Iran de se doter de la bombe nucléaire ? Ou est-ce que cela va renforcer sa détermination à fabriquer l'arme atomique ?"

La petite phrase du chancelier suscite l'indignation jusque dans ses propres rangs. Pour le député social-démocrate Ralf Stegner, partenaire de la coalition, Friedrich Merz a manqué de tact : "C'est un choix de mots qui déconcerte beaucoup. Je ne connais personne qui ne trouve pas ça troublant… Nous ne devrions pas exprimer publiquement notre soulagement."

Les critiques ne perturbent toutefois pas le chancelier, friand des petites phrases chocs… Friedrich Merz a par ailleurs reçu le soutien de l'ambassadeur israélien en Allemagne, qui rappelle que le programme nucléaire iranien menace non seulement Israël, mais aussi le monde entier.

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