Une femme élue présidente pour la première fois au Mexique, en Macédoine du Nord ou en Namibie. Un affaiblissement historique du Parti démocrate au Japon. Le retour de Donald Trump aux Etats-Unis. Un renversement des rapports de force inattendu entre le premier et le second tour aux législatives françaises… L'année 2024 a été marquée par une conjonction inédite d'élections à travers le monde. Au total, 62 pays ont organisé une présidentielle ou des législatives, d'après un recensement réalisé par franceinfo. Au total, près de la moitié de la population mondiale était concernée par une élection d'ampleur nationale.
Les résultats de ces scrutins sont représentés sur la carte ci-dessous en fonction du résultat du pouvoir en place à la veille de l'élection : maintenu, battu ou mis en minorité.
Si l'instabilité politique semble être en hausse dans certaines régions du monde, les gouvernements sortants ont, dans l'ensemble, réussi à se maintenir au pouvoir. Ainsi, 55% d'entre eux ont remporté un scrutin national. Ce pourcentage est inférieur aux normes de ces dernières années établies par une étude parue en juillet 2024, coréalisée par Benjamin Marx, économiste à l'université de Boston (Etats-Unis), qui montre un taux d'alternance d'un peu moins de 40%. Mais cette proportion recouvre des disparités importantes entre les différents régimes politiques.
Ainsi, sans surprise, les sortants sont réélus à l'issue de 84% des scrutins organisés dans des régimes considérés comme autoritaires ou "hybrides" (dans lesquels les élections sont régulièrement entachées d'irrégularités) par The Economist Intelligence Unit . Ce groupe de recherche lié au média britannique du même nom classe les pays suivant un "index démocratique". Dans ces Etats, le vote est souvent contrôlé et parfois truqué afin d'assurer la continuité du pouvoir.
Le score le plus élevé de l'année 2024 est recensé au Rwanda, où le président Paul Kagame a été réélu avec 99,18% des suffrages. Ce dirigeant tout-puissant, à la tête de son pays depuis 2000, est abonné aux scores fleuves : 98,79% en 2017, 93,08% en 2010 et 95,05% en 2003, comme le rappelle Le Monde .
A l'inverse, dans les démocraties, l'année 2024 a été marquée par un fort rejet des dirigeants sortants puisque l'alternance ou la mise en minorité du pouvoir en place est constatée dans 71% des cas. "C'est un pourcentage très élevé", remarque Benjamin Marx auprès de franceinfo. "Il faudra observer les élections à venir, notamment celles conduites dans d’autres pays, pour savoir si l'année électorale 2024 était exceptionnelle à cet égard, ou si ce chiffre traduit une tendance durable et globale concernant la fréquence des changements de gouvernements", ajoute-t-il toutefois.
L'Europe est le continent qui a le plus rejeté le pouvoir en place dans les urnes cette année. "Il y a une grande frustration vis-à-vis de la politique", constate Isabelle Guinaudeau, chercheuse au Centre d'études européennes et de politique comparée à Sciences Po. Selon cette dernière, de nombreux citoyens ne se sentent pas représentés par les partis historiquement majoritaires. L'attrait pour les discours radicaux et la polarisation du débat public peut expliquer le fort taux d'alternance politique : "La politisation de nouveaux enjeux – comme l'immigration, les droits des femmes et des personnes LGBT, et le climat – divise les partis traditionnels tandis que de nouveaux se positionnent sur ces sujets." L'extrême droite a progressé dans de nombreux pays cette année, arrivant par exemple en tête en Autriche ou quadruplant son nombre de sièges au Portugal.
Au-delà des résultats bruts, se pose désormais une question : quelles seront les conséquences concrètes de ces scrutins ? Les regards se tournent notamment vers les Etats-Unis, où Donald Trump doit prendre ses fonctions comme 47e président des Etats-Unis lundi.
Méthodologie
Seuls les pays concernés par des élections nationales au suffrage universel direct, ayant une influence sur l'exécutif au pouvoir, ont été retenus. Il s'agit des élections législatives pour les régimes parlementaires et des élections présidentielles pour les régimes présidentiels. Dans le cas des régimes semi-présidentiels, dans lesquels des élections législatives et présidentielles se sont tenues en 2024, seul le scrutin le plus déterminant sur la nomination de l'exécutif a été pris compte.
Lorsque l'issue du scrutin est favorable à l'exécutif au pouvoir, alors il est classé comme maintenu. En revanche, si le dirigeant ou la formation au pouvoir est défait, il est considéré comme battu. Dans certains cas, l'exécutif peut s'être maintenu au pouvoir sans avoir remporté les élections. Il est alors considéré comme ayant été mis en minorité. C'est notamment le cas de la France, où le camp d'Emmanuel Macron a pu se maintenir au gouvernement, bien que les partis qui soutiennent le président aient été devancés par la gauche en nombre de sièges à l'Assemblée.
Les résultats de chaque élection ont été vérifiés à partir des sources officielles ou d'agences de presse citant des sources officielles (commissions électorales, gouvernements, parlements ou encore agences de presse étatiques). L'ensemble des données compilées peut être consulté ici.
Le classement des pays selon leur régime politique s'appuie sur l'Index démocratique, publié en 2024 par The Economist Intelligence Unit (EIU). Ce groupe de recherche, lié au média du même nom, établit depuis 2006 un classement annuel dans lequel le système politique des Etats est noté de 0 à 10, en fonction de 60 indicateurs, regroupés en cinq catégories : processus électoral et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique. A 4 ou moins, les régimes sont jugés autoritaires. Au-dessus de 6, ils sont démocratiques (bien que de façon "imparfaite" en dessous de 8). Entre 4 et 6, ils sont considérés comme "hybrides" : cette catégorie rassemble des pays dans lesquels les pressions exercées sur les partis et candidats d'opposition peuvent être courantes. Les élections y sont par ailleurs régulièrement entachées d'irrégularités qui les empêchent souvent d'être à la fois libres et équitables.
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