Reportage En Haïti, la violence engendrée par les gangs provoque le chaos dans des villes dépassées par l'afflux de réfugiés

Au moins 16 000 personnes ont été tuées dans des violences armées depuis 2022, selon l'ONU. Près d'1,3 million ont pris la fuite à cause des attaques. Mais l'espace manque dans les villes où les habitants se réfugient.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Mathieu Albertini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un habitant transporte une chaise dans une rue ravagée par les attaques des gangs, le 26 août 2025 à Port-au-Prince (Haïti). (MENTOR DAVID LORENS / EFE)
Un habitant transporte une chaise dans une rue ravagée par les attaques des gangs, le 26 août 2025 à Port-au-Prince (Haïti). (MENTOR DAVID LORENS / EFE)

En Haïti, pays ravagé par les attaques des gangs, la violence est hors de contrôle. L'instabilité politique est chronique et la force internationale de sécurité totalement dépassée. Selon un rapport de l'ONU publié jeudi 2 octobre, 16 000 personnes ont été tuées dans des violences armées depuis 2022, sur une population de six millions d'habitants. Près d'1,3 million de personnes ont fui les violences, engendrant une situation chaotique dans les villes où se réfugient les déplacés.

Thelina a le visage marqué et la gorge serrée. Il y a trois mois, elle a à peine eu le temps d'attraper son fils et sa nièce et a dû tout abandonner pour sauver sa vie. "C'était un jeudi, ils sont venus dans notre village, dans le centre du pays, détaille-t-elle. Et puis, ils se sont mis à tirer, tirer, tout le monde s'est mis à courir. Dans ces moments, tout le monde choisit de sauver sa vie d'abord. Il y a eu plein de morts."

Des maisons sur des montagnes de détritus

Les gangs massacrent, des paramilitaires se vengent sans distinction et la police tue depuis les airs. En six mois, 11 enfants ont été victimes d'attaques de drones. Pour beaucoup, ils ne restent que l'exode. Alors les villes plus sûres, comme Cap-Haïtien, tout au nord, sont dépassés par l'afflux de réfugiés. L'espace manque et on va jusqu'à construire des maisons sur des montagnes de détritus, explique Josias, un habitant d'un bidonville. "Il y a du monde qui est venu ici, à cause de l'insécurité, raconte-t-il. Il y a beaucoup de monde qui vient construire sur les déchets qui s'empilent. On essaye de les mettre en garde, mais les déchets avancent sur la rivière."

Les gangs dominent 90% de la capitale Port-au-Prince et grignotent toujours plus de territoire vers le nord. Sans solution, sans espoir, il ne reste aux Haïtiens qu'à tenter de survivre au milieu du chaos.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.