Dans un Zimbabwe en crise, Mugabé affirme donner l'exemple
Crise oblige, le président zimbabwéen Robert Mugabé, 90 ans, a fait savoir qu’il réduisait son salaire de président à 4.000 dollars (2.800 euros) par mois. Cette annonce intervient alors que «camarade Bob» est autorisé à rester au pouvoir jusqu’à ses 99 ans et que les clans rivaux au sein de son parti, le Zanu-PF, se disputent sa succession.
Un secteur public pléthorique
La dette extérieure du Zimbabwe s’élève 10 milliards de dollars avec un secteur public pléthorique dont les salaires absorbent 70% des fonds publics. S'il a refusé de licencier des fonctionnaires pour réduire sa dette, le gouvernement zimbabwéen s’est toutefois engagé, en janvier 2014, dans un accord avec le Fonds monétaire (FMI), à plafonner à 72.000 euros le salaire mensuel de ses employés dont certains pouvaient percevoir jusqu’à 500.000 dollars.
Le gouvernement a annoncé récemment qu'il limiterait à 6.000 dollars mensuels (4.300 euros) la rémunération des dirigeants d'entreprises d'Etat, après la parution d'articles dénonçant notamment les 535.499 dollars de salaire mensuel du patron de la Sécurité sociale locale.
Crainte de pénurie de liquidités
Le FMI, qui devrait rouvrir ses bureaux à Harare - qu’il avait quittés en 2004 au plus fort de la crise économique et politique -, prévoit dans ce pays d’Afrique australe une «année difficile en 2014 et la perspective d'une croissance modérée». En décembre 2013, le ministre des Finances Patrcick Chinamasa avait indiqué tabler sur une croissance du PIB de 6,1%, portée par la reprise dans les secteurs de l’agriculture, des mines et de la construction.
Mais la crainte d'un manque de liquidités est réapparue après la victoire de Robert Mugabé aux élections générales de juillet 2013. Des émeutes ont même éclaté devant les succursales de deux banques qui n'ont pas réussi à remettre de l'argent liquide à leurs clients, en décembre.
M. Mugabé a nommé l'économiste John Mangudya gouverneur de la banque centrale du pays, pour cinq ans. M. Mangudya prendra ses fonctions le 1er mai 2014, succédant à Gideon Gono, parti en décembre 2013 après avoir passé dix années à la tête de l'institution, marquées par une inflation record de la monnaie nationale. En 2009, le gouvernement avait dû abandonner le dollar zimbabwéen au profit du dollar américain, réussissant à juguler partiellement la crise et à stopper une hyperinflation.
Son principal opposant renonce en 2008
Le Zimbabwe est dirigé par Mugabé depuis l’indépendance de l’ex-Rhodésie du Sud en 1980. Autrefois prospère, le pays s'est enfoncé dans la crise à partir de l'année 2000, frôlant même la guerre civile quand, en 2008, les partisans de Robert Mugabé, distancé au premier tour de la présidentielle, s'étaient déchaînés. Le président du MDC Morgan Tsvangirai, son principal rival, avait alors jeté l'éponge après la mort d'environ 200 sympathisants de son parti.
L'Union européenne a suspendu en février 2014 la plupart des sanctions imposées en 2002 au Zimbabwe en raison d'atteintes aux libertés fondamentales, excepté pour le couple présidentiel qui reste personae non gratae en Europe. Le Royaume-Uni et ses alliés occidentaux sont souvent la cible d'attaques verbales de la part du président qui accuse les sanctions d'être à l'origine de l'accroissement de la dette. Ses déclarations anti-gay sont également récurrentes, contrairement à l'Afrique du Sud voisine où le mariage gay est autorisé depuis 2006.
Autorisé à rempiler jusqu'à ses 99 ans
Accusé de hold-up électoral aux dernières élections, Robert Mugabé a obtenu un nouveau mandat de cinq ans et la Constitution l'autorise à rempiler jusqu'à ses 99 ans. Né le 21 février 1924, «camarade Bob», marxiste et enseignant de profession, a découvert la politique dans les années 50 à l'Université de Fort Hare, la seule ouverte aux Noirs dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, et connu la prison de 1964 à 1974.
Alors que les rumeurs le disent atteint d'un cancer de la prostate, lui-même assurait en février 2014, dans une interview à la télévision d'Etat ZBC, «se porter comme une charme». Le doyen des présidents africains refuse d’évoquer sa succession même si, en coulisses, cette perspective préoccupe différents clans rivaux au sein du parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF).
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