Cet article date de plus de dix ans.

Tunisie: la visite de Nicolas Sarkozy ravive des plaies

En visite à Tunis, Nicolas Sarkozy rencontre le président Béji Caïd Essebsi et rend hommage aux victimes de l'attentat du Bardo. Mais cette venue de l'ancien président français fait remonter à la surface certaines rancœurs passées.

Article rédigé par Amira Bouziri
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy et Béji Caïd Essebsi, le président tunisien, au Palais de Carthage, le 20 juillet 2015. (Pool / Presidency Office / ANADOLU AGENCY)
Nicolas Sarkozy et Béji Caïd Essebsi, le président tunisien, au Palais de Carthage, le 20 juillet 2015. (Pool / Presidency Office / ANADOLU AGENCY)

 
Nicolas Sarkozy est en visite en Tunisie accompagné de plusieurs élus, notamment Eric Ciotti, Christian Jacob, Rachida Dati ou encore Pierre Lellouche. Après être arrivé discrètement à Tunis, l'ancien président français s'est entretenu avec le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Il est ensuite allé déposer une gerbe au musée du Bardo, à Tunis, où un attentat visant les touristes a fait 22 morts, le 18 mars 2015.
 
Une visite amicale
Lors de cette visite, il a déclaré vouloir appuyer «le combat pour la civilisation contre la barbarie», faisant allusion aux deux attentats meurtriers qui ont eu lieu en Tunisie, celui du Bardo et celui sur la plage de Sousse, le 26 juin 2015. Pour lui, «le but de la visite est très simple: la Tunisie vit des heures très difficiles. Les amis de la Tunisie doivent être ici quand ça va bien ou quand ça va moins bien». Le président du parti Les Républicains a multiplié des visites à l'étranger depuis qu'il fait campagne pour les primaires, en vue de l'élection présidentielle de 2017. Après Israël, l'Espagne et le Maroc, sa visite en Tunisie ne passe pas inaperçu.

Nicolas Sarkozy, en visite en Tunisie, rend hommage aux victimes de l'attentat du 18 mars au musée du Bardo, le 20 juillet 2015. (FETHI BELAID / AFP)
Nicolas Sarkozy, en visite en Tunisie, rend hommage aux victimes de l'attentat du 18 mars au musée du Bardo, le 20 juillet 2015. (FETHI BELAID / AFP)

Nicolas Sarkozy a de très bonnes relations avec le président tunisien, Beji Caïd Essebsi. Lorsqu'il était en visite à Paris, en avril 2015, l'ancien chef de l'Etat français lui avait rendu visite, affichant publiquement sa sympathie pour lui. Elu en décembre 2014 lors de la première élection présidentielle au suffrage universel, Béji Caïd Essebsi est le fondateur de Nidaa Tounès (Appel de la Tunisie), un parti séculier, libéral dans sa politique économique. Un lien politique l'unit à Nicolas Sarkozy, confirmé par la tenue d'un meeting commun à Tunis, le 20 juillet 2015, des deux partis, Les Républicains et Nidaa Tounès. L'objectif de cette réunion? Le lancement d'un accord entre les deux. Mais si les relations sont bonnes avec le pouvoir en place en Tunisie, la visite de M.Sarkozy réveille des épisodes passés que le peuple tunisien n'oublie pas.
 
Libye, Ben Ali…
L'annonce de cette visite, pourtant plutôt confidentielle, a agité les réseaux sociaux et les médias tunisiens. Les critiques sur l'ancien président français ont fusé. Notamment dans une tribune virulente contre Nicolas Sarkozy, écrite par le dessinateur Lotfi Ben Sassi dans le journal national La Presse, intitulée «Monsieur Sarkozy, vous n’êtes pas le bienvenu».
Le caricaturiste tunisien évoque notamment l'implication de l'ancien président dans la révolution en Libye.

Certains, sur Twitter, appuient les propos du dessinateur, accusant Nicolas Sarkozy d'avoir précipité la Libye dans le chaos, favorisant la multiplication de djihadistes sur le territoire tunisien. Le site Kapitalis écrivait également, le 13 juillet 2015 : «En lançant l’offensive contre le régime de Kadhafi et en armant les milices islamistes en Libye, il a créé les conditions du chaos actuel dans ce pays»On rappelle également son amitié avec l'ancien président Ben Ali, renversé lors de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011.
 


Nicolas Sarkozy avait été accueilli en grande pompe en 2008 par l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, alors qu'il était encore président de la République française, il avait déclaré, sur la question des droits de l'Homme en Tunisie: «Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays où je suis venu en ami, de m'ériger en donneur de leçons.» Zied Lakhdher, le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, interviewé par la radio Shems FM, a demandé à Nicolas Sarkozy de s'excuser auprès du peuple tunisien pour avoir soutenu l'ancien dictateur.

Lors des manifestations qui ont conduit à la chute du régime de Ben Ali, fin 2010, début 2011, Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères, avait proposé «le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, des forces de sécurité (françaises)» à l'ancien dictateur. Il y a quatre ans, cette proposition lui avait valu de vives critiques, et celle-ci n'a pas été oubliée. 



Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.