Retour à Mogadiscio… un ambassadeur américain en Somalie
Le président Barack Obama a nommé «Katherine Simonds Dhanani premier ambassadeur des Etats-Unis en Somalie depuis 1991», a confirmé le département d’Etat US, le 25 février 2015. Mais que signifie ce retour des Américains dans ce pays de la Corne de l’Afrique ?
Officiellement, cette nomination, dans les tuyaux depuis juin 2014, doit approfondir les relations entre les deux pays et montrer l’engagement américain en Somalie, où Washington a vu des signes encourageants d'amélioration dans les conditions de sécurité et économiques après des années de chaos.
Pour aller dans ce sens, Washington et ses alliés européens ont renforcé leurs liens diplomatiques avec Mogadiscio depuis l’élection en 2012 de Hassan Sheikh Mohamoud à la tête du pays.
Cependant, le gouvernement américain n’a jamais «lâché» la Somalie et a continué à y défendre ses intérêts. En 2011, le New York Times (relayé par Le Monde) montrait comment une société américaine privée de sécurité, Bancroft Global Development, employait des mercenaires pour entraîner les soldats africains de l'Amisom, la force de l'Union africaine en Somalie.
Donc officieusement, il s’agit aussi pour les Etats-Unis de continuer à avoir de l’influence dans un territoire au sous-sol riche et surtout situé à une place stratégique.
Le site belge Pax Christi détaillait en 2012 : «Des gisements de pétrole ont été découverts en Somalie il y a plus de deux décennies. Cependant, les Etats-Unis n’en auront pas besoin avant quelques années. Leur stratégie sur le court terme est tout autre : contrôler l’océan Indien en empêchant la création d’un Etat somalien fort qui pourrait négocier son pétrole avec les nouvelles puissances asiatiques dont la position en Afrique se renforce de jour en jour. De par sa position géostratégique, la Somalie dispose de 3220 kilomètres de côtes et fait face au Golfe d’Arabie et au détroit d’Ormuz, deux lieux hautement stratégiques que souhaitent garder sous contrôle les USA et qu’ils surveillent jour et nuit.»
Les shebabs sont affaiblis
Dans un contexte mondial de lutte contre le terrorisme, la présence de groupes islamistes comme les shebabs (qui, bien qu’affaiblis aujourd’hui, ont contrôlé une grande partie de Mogadiscio au cours des années 2007 à 2011) ou al-Qaïda dans la Péninsule arabique (au Yémen, situé en face de la Somalie) justifient également ce retour diplomatique en territoire somalien.
Il y a 24 ans, après le renversement de Mohamed Siad Barre et l'effondrement du gouvernement, les ambassades américaine et somalienne avaient fermé dans leurs capitales respectives. Depuis lors, le chaos prévaut dans le pays, ravagé par la guerre civile, la piraterie, l'incertitude politique et le terrorisme islamiste.
Les Etats-Unis, encore marqués par l'échec de leur intervention militaire et humanitaire en Somalie sous pavillon de l'ONU au début des années 90, et notamment par la bataille de Mogadiscio (Black Hawk Down du 3 octobre 1993), ont mis du temps à relancer les relations diplomatiques et a fortiori à nommer un ambassadeur.
En 2014, Shire Salaad pour Somali Current, expliquait pourquoi les Américains n’étaient pas pressés de rouvrir une représentation à Mogadiscio. Le journaliste estimait, entre autres, que «les récentes attaques contre les ambassades américaines en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et la menace constante des shebabs en Somalie engendr(ait) une extrême prudence du département d'Etat qui voulait éviter de répéter ce qui est arrivé en Libye, lorsque l'ambassadeur américain dans ce pays a perdu la vie.»
Dans un premier temps, le représentant américain officiera du Kenya voisin jusqu'à ce que les conditions de sécurité permettent son installation à Mogadiscio. Diplomate de carrière, Katherine Simonds Dhanani a déjà été postée au Zimbabwe, au Gabon, en Zambie, en République démocratique du Congo.
Sa connaissance de l’Afrique en fera une observatrice importante à l’occasion des premières élections multipartites au suffrage universel depuis plus de 40 ans prévues en 2016 en Somalie.
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