«Trop bavards», les Ougandais doivent payer une taxe pour accéder à Facebook
La fronde est générale contre la taxe quotidienne de 200 shillings (0,04 euro) dont doit s’acquitter chaque Ougandais s’il veut accéder aux réseaux sociaux. Le chef de l'Etat Yoweri Museveni a voulu cette taxe pour lutter contre les conséquences du «bavardage en ligne».
Depuis dimanche 1er juillet 2018, les utilisateurs des réseaux sociaux doivent s'acquitter d'une taxe quotidienne de 200 shillings par jour (0,04 euro) pour accéder à WhatsApp, Facebook et Twitter, ainsi que des sites de rencontre comme Tinder ou Grindr. Pour le gouvernement ougandais, il s’agit de lutter «contre le bavardage en ligne» et accroître les revenus pour le fonctionnement des services publics.
(On m'avait dit que les taxes suscitent des débats. Lisez ma déclaration)
I have been told the newly-introduced social media and mobile money taxes have caused debate. To clarify, the tax on sending and receiving mobile money is 0.5% not 1%. For the rationale behind these taxes, read my statement here: https://t.co/SLe1UFb7P2
— Yoweri K Museveni (@KagutaMuseveni) July 4, 2018
L’idée vient du président ougandais. En mars, le chef de l'Etat Yoweri Museveni, lui-même utilisateur régulier des réseaux sociaux, avec notamment 855.000 abonnés sur Twitter, avait écrit au ministère des Finances pour lui demander d'introduire la nouvelle taxe afin de lutter contre les conséquences du «bavardage» en ligne.
Taxe automatique
Les personnes souhaitant utiliser les réseaux sociaux doivent désormais composer un code spécifique qui soustrait automatiquement la somme due de leur crédit de l'Internet mobile. Mais l'application de cette mesure est pour l'heure encore chaotique, certains réseaux sociaux restant parfois accessibles sans paiement. Une autre taxe de 1%, également imposée depuis le 1er juillet sur les transactions financières réalisées par téléphone mobile, un mode de paiement et de versement des salaires très populaire en Afrique de l'Est, fait bondir le monde des affaires.
Tollé général
La taxe fait l’unanimité contre elle. Perçue comme une entrave à la liberté d’expression, la mesure est décriée par la société civile et l’opposition. Hommes politiques d'opposition, membres du clergé, féministes: une coalition d'Ougandais appelle à son retrait.
(Pour le président, les réseaux sociaux encouragent les commérages)
Ugandans will have to pay 200 Uganda shilling [$0.05, £0.04] tax on the use of social media #SocialMediaTax. Parliament approved the tax in May after President Yoweri Museveni had pushed for the changes, arguing that social media encouraged gossip. pic.twitter.com/YWsDKLDh3m
— Claire Mitchell (@clairemitus) July 2, 2018
Une association de «Jeunes citoyens d’Ouganda», qui compte parmi ses rangs des journalistes, juristes, comédiens, étudiants ou membres du clergé, a lancé un ultimatum au gouvernement: s'il ne retire pas la taxe avant vendredi 6 juillet à midi, ils vont «mobiliser le pays».
Une solution de contournement: VPN (réseau privé virtuel)
Certains utilisateurs contournent la taxe en utilisant des VPN masquant leur localisation, une astuce apprise début 2016 par les Ougandais lorsque le gouvernement avait tenté d'interdire l'utilisation des réseaux sociaux pendant les élections. Le ministre des Finances, David Bahati, a ordonné au régulateur des télécommunications d'interdire l'utilisation de VPN en Ouganda, sans toutefois préciser comment il comptait mettre en œuvre cette interdiction difficilement applicable.
(J'ai dû installer le VPN pour lire ça)
@mrbiffo Thanks Biffo, I had to install a VPN to read this. I cuss Yoweri Museveni bad. pic.twitter.com/1ZuGwbQ88W
— Sigur Rós from Friends (@aleczandah) July 5, 2018
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