"Notre Constitution, c'est votre départ" : le Hirak rejette le référendum constitutionnel en Algérie
Alors que les peines de prison pleuvent sur les figures du Hirak, les Algériens sont appelés à se prononcer le 1er novembre 2020 sur la nouvelle Constitution, présentée par le président Tebboune "comme une grande avancée de la démocratie et des libertés".
"Etes-vous d'accord sur le projet de révision de la Constitution qui vous est proposé ?" Les Algériens sont appelés à répondre à cette question le 1er novembre 2020, date anniversaire du déclenchement de "la Guerre de Libération nationale". Pour le pouvoir algérien, "cette nouvelle République" doit être "un moment de réconciliation" et mettre fin à la mobilisation populaire (le Hirak), lourdement réprimée ces derniers mois.
Les "hirakistes" ne veulent pas de cette Constitution écrite par le pouvoir. Ils réclament depuis le début du mouvement l'élection d’une assemblée (constituante) chargée d’écrire une nouvelle loi fondamentale qui serait le fruit des aspirations populaires.
Le dialogue de sourds et la confrontation entre le pouvoir algérien et le Hirak se poursuivent donc. Selon le Premier ministre Abdelaziz Djerad, la nouvelle Constitution vise à mettre l'Algérie "à l'abri des dépassements autocratiques et hégémoniques qu'elle a connus par le passé". Elle "s'inscrit en droite ligne des exigences de l'édification de l'Etat moderne et répond aux revendications du Hirak populaire authentique béni", a même déclaré le président Tebboune lors d’un Conseil des ministres.
"Cette Constitution, tout sauf un changement"
Un programme alléchant mais peu crédible selon l'opposition, alors que ce même pouvoir envoie chaque jour en prison journalistes, avocats et tous ceux qui réclament un véritable changement. "A quoi donc sert une loi fondamentale, si elle est foulée aux pieds avant même d’être adoptée. Il en est pratiquement de même pour tous les principes démocratiques énoncés à travers une multitude d'articles, mais restés lettre morte...", affirme dans El Watan le chroniqueur A.Merad.
Sauf que, pour l'opposition, cette Constitution est "tout sauf un changement". Elle renforce l’autorité du président de la République et de l’armée, et voit s’éloigner un objectif majeur du Hirak : une réelle séparation des pouvoirs politique et judiciaire. D'autant que ce référendum arrive alors que la répression s’accélère et frappe toutes les voix discordantes.
Le FFS ne cautionnera pas le scrutin du 1er novembre qui constitue une énième violence constitutionnelle et un coup de force de trop contre la volonté populaire
Youcef Aouchiche, premier secrétaire du Front des forces socialistesdans un communiqué du FFS
Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), par la voix de son leader Saïd Sadi, "l'hyperprésidentialisme est digne des folklores constitutionnels des républiques bananières et la confusion des pouvoirs constitue la trame et l'esprit d'un texte qui n’aura qu'une finalité : paralyser davantage une administration incapable de curer les caniveaux à chaque automne." Même son de cloche du côté du Front des forces socialistes (FFS) : "Notre Constitution, c'est votre départ." Cette formule est devenue le hashtag (en arabe) de l'opposition sur Twitter.
Mais les Algériens vont-ils prendre le temps de lire les 225 articles du texte constitutionnel ? Rien n’est moins sûr. Echaudés par des décennies de confiscation politique, ils savent que les bonnes Constitutions ne font pas nécessairement les bonnes pratiques politiques.
Ce référendum vise surtout à éteindre définitivement la révolte populaire. Tout étudiant en science politique sait que les référendums servent rarement à répondre à la question posée, mais plutôt à adouber le pouvoir qui pose la question. A vrai dire, pour l'opposition, le taux de participation sera l'unique enjeu de ce référendum. Sera-t-elle entendue, alors que seuls les partis qui appellent à voter sont autorisés à faire campagne ?
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