Le Sénégal: comment en est-on arrivé là ?
Il y a encore quelques années, le Sénégal, un des rares pays africains à ne pas avoir connu de coup d’Etat, était présenté comme un modèle de démocratie. L’élection présidentielle (dont le 1er tour a lieu le 26 février) se déroule dans un climat de violence inconnu jusque là. Le président Abdoulaye Wade, 85 ans, se présente pour la 3e fois alors que le nombre de mandats est limité à deux.
En 2000, l’élection d’Abdoulaye Wade au 2e tour avait suscité d’immenses espoirs : l’ex-opposant avait alors battu le sortant Abdou Diouf, au pouvoir depuis 20 ans. Réélu une première fois en 2007, Abdoulaye Wade a fait valider en janvier 2012 par le Conseil constitutionnel l’autorisation de se présenter une troisième fois. Alors que le texte suprême limite à deux le nombre de mandats.
A l’annonce de la validation, des manifestations, regroupant notamment des milliers de jeunes sans revenu fixe, ont éclaté dans tout le pays. Les forces de l’ordre sont violemment intervenues. Bilan : six tués, une vingtaine de blessées et de nombreuses arrestations. Du jamais vu au Sénégal. Depuis, la violence n’a pas cessé.
«Y en a marre»
«Faux ! Pas forcé» (jeu de mot appelant le sortant à ne pas «forcer» pour être candidat), chantent les jeunes rappeurs à l’origine du mouvement «Y’en a marre», qui s’est imposé dans tout le pays. Plusieurs de ses membres ont été jugés le 22 février pour «manifestation interdite». «Y’en a marre» a rejoint le Mouvement du 23 juin, coalition des partis et d’organisations de la société civile opposées à une troisième candidature. Malgré cette tentative d’unité, la coalition reste minée par ses divisions et son manque de moyens. Les quatre principaux candidats (sur 13), qui affronteront le président sortant, sont issus de ses rangs.
En 2011, Abdoulaye Wade avait tenté de faire passer un texte permettant à un candidat à la présidence d’être élu avec 25 % des voix. Mais le 23 juin, il avait dû reculer devant les manifestations (d’où le Mouvement du 23 juin). Préoccupé de rester au pouvoir, il souhaite apparemment que son fils Karim, omniprésent, lui succède. Notamment ministre de l’Energie, ce dernier s’est rendu très impopulaire en raison des incessantes coupures d’électricité.
Alors que France et Etats-Unis, alliés traditionnels du Sénégal, se sont prononcés pour un «passage des générations», «Gorqui» (le vieux, en wolof) balaye les critiques sur son âge. Visiblement en forme, il mène une campagne très active et multiplie les promesses.
Des aménagements et des scandales
Mais son âge n’est pas le seul problème. Ses adversaires et la presse dénoncent aussi les scandales financiers et les réalisations de prestige, symbolisées par le Monument de la renaissance africaine. Dans le même temps, le Sénégal reste un pays pauvre. Selon des chiffres officiels, près de 50 % de la population est au chômage (avec une croissance de 4 % en 2010 pour un PIB de 12,7 milliards de dollars).
«Partout dans le pays, nous avons fait des réalisations. En 2000, le revenu per capita [par tête, NDLR] était de 500 dollars, aujourd'hui, il est à 1350 dollars», rétorque le chef de l’Etat. De fait, sous sa présidence, les aménagements se sont multipliés : routes, écoles, hôpitaux…
Quatrième puissance économique d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal dispose de nombreux atouts, notamment son important potentiel de terres cultivables et ses richesses minières (phosphates, or…). La crise en Côte d’Ivoire a découragé les investisseurs internationaux qui se sont tournés vers Dakar. Très sensibles au degré de stabilité du pays, ils pourraient fuir si celui-ci s’enflamme après le scrutin…
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