Fin de la présence militaire française au Sénégal : "Nous avons été clairement pris de vitesse", explique un ancien ambassadeur en Afrique
L'armée française a mis fin, jeudi 17 juillet, à sa présence militaire permanente en Afrique de l'Ouest et centrale, lors d'une cérémonie solennelle à Dakar, au Sénégal. Un retrait qui "n'est pas une perte de stratégique" bien que la France ait été "mise à la porte brutalement" selon un ancien ambassadeur de France au Sénégal.
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"Ce n'est pas une perte stratégique parce que nous avions nous-mêmes engagé un processus de retrait de nos bases militaires, mais nous avons été clairement pris de vitesse", explique sur franceinfo, jeudi 17 juillet, Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Sénégal entre 2010 et 2013, après le retrait définitif des troupes françaises du Sénégal. La cérémonie de restitution, du camp Geille, a eu lieu jeudi matin à Dakar. Cette base accueillait des troupes françaises depuis l'indépendance du Sénégal en 1960.
Au-delà du cas sénégalais, "il est évident que dans les trois pays du Sahel central [Mali, Niger et Burkina Faso] on a été mis à la porte brutalement alors qu'on avait l'intention de poursuivre la lutte contre les jihadistes", poursuit l'ex-ambassadeur. Depuis 2022, l'armée française a mis fin à sa présence permanente au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, en Côte d'Ivoire et au Gabon, où la base française s'est muée en "camp partagé" gabono-français axé sur la formation.
"D'une façon globale, en dehors de l'opération Barkhane qui était une opération militaire importante contre les jihadistes, notre présence militaire n'a cessé d'être réduite depuis 20 ans en Afrique", argumente Nicolas Normand. "Moi-même, quand j'étais ambassadeur" à Dakar, "on était passé de plus de 1 000 soldats dans la base française à 350 qui ont définitivement quitté le Sénégal aujourd'hui même".
Concernant l'utilité de ces bases françaises, "à une époque assez lointaine", elles "servaient à garantir la sécurité des chefs d'Etat africains. Ce n'est plus le cas depuis longtemps", précise Nicolas Normand. Ensuite, "ça a servi à évacuer les Français en cas de crise. Mais aujourd'hui, on a les moyens logistiques de le faire sans une présence permanente sur place. On a des avions gros porteurs, des bateaux importants qui peuvent venir d'ailleurs", liste-t-il.
Au Mali, "la France est restée trop longtemps"
Si la situation s'est détériorée, avec le Mali notamment, c'est parce qu'il y a eu "quelques maladresses, on s'est appuyés sur les séparatistes pour lutter contre les jihadistes, c'était une faute politique vis-à-vis des autorités maliennes". Ensuite, "la France est restée trop longtemps. Nous sommes arrivés en janvier 2013, on est restés presque 10 ans, puisqu'on est partis en 2022". Selon lui, "c'est une durée trop longue. Et en plus il n'y avait pas de résultats probants contre les jihadistes". D'autant plus que "le pouvoir malien se sentait marginalisé, parce que c'est un général français qui commandait sur place, alors que les autres opérations militaires, celles des Nations unies par exemple, sont toujours commandées par une autorité civile, pour une meilleure liaison avec les autorités politiques locales".
S'il y a cette hostilité envers la France, c'est aussi qu'"on paye le fait d'être très visible, on nous reproche la Françafrique, une présence ressentie comme néocoloniale, avec d'un côté le franc CFA, et de l'autre les bases militaires", poursuit l'ex-ambassadeur. "Il y a aussi les injonctions politiques lorsque, par exemple, François Hollande avait dit qu'il serait intraitable sur la date des élections au Mali. C'est comme s'il s'adressait à un sous-préfet, ce n'est plus accepté venant de l'ancienne puissance coloniale."
"Il y a une susceptibilité plus forte à cause du traumatisme de la colonisation."
Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Sénégal entre 2010 et 2013à franceinfo
"Si en plus on se comporte comme une puissance dominatrice, de tutelle", alors que "la situation économique est mauvaise, que la population est mécontente" de son sort "du fait que la jeunesse ne trouve pas tellement d'emplois, ça fait un cocktail un peu explosif", reconnaît Nicolas Armand.
Dans ce cas-là, "on devient un bouc émissaire idéal". Nicolas Armand dénonce enfin "une montée en puissance de la propagande russe", en Afrique "en représailles contre les pays occidentaux et la France à cause de notre engagement en faveur de l'Ukraine depuis 2014, depuis l'invasion de la Crimée".
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