Reportage Crise en République démocratique du Congo : "C’est un désastre, on marche sur des cadavres", témoignent des habitants qui ont quitté Goma

Dans la capitale provinciale de près de deux millions d'habitants, des combats font rage entre des combattants du M23 et les forces rwandaises.

Article rédigé par franceinfo
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Des habitants de Goma se préparent à fuir face aux combats qui font rage dans la ville entre les combattants du M23 et les forces rwandaises. (AFP)
Des habitants de Goma se préparent à fuir face aux combats qui font rage dans la ville entre les combattants du M23 et les forces rwandaises. (AFP)

Le sort de Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, semble scellé mercredi 29 janvier : le M23 et l'armée rwandaise en occupent désormais la quasi-totalité du centre et des faubourgs de la ville qui compte près de 2 millions d'habitants, alors que la crise s'est étendue à Kinshasa où plusieurs ambassades ont été attaquées.

De nombreux habitants ont fui les combats en passant la frontière rwandaise. Certains se retrouvent dans un centre temporaire d'accueil, à une dizaine de km de la frontière seulement. Sur ce terrain vague, quelques tentes sont dressées pour l’enregistrement et les soins des blessés. Un millier de réfugiés de Goma sont présents.

"Les familles sont tellement endeuillées..."

Destin Nkela, un Congolais de 24 ans, a tenté sa chance vers la frontière au milieu des affrontements : "Près de nous, il y avait des voisins qui sont morts. On a laissé des cadavres dans le quartier, vu des jeunes blessés. Alors on s'est dit, au lieu d'attendre que ça nous tombe dessus, il faut vraiment prendre notre destin en main et essayer un peu de partir coûte que coûte. C'est un désastre, il y a vraiment des choses horribles. Il y a des cadavres, on marche sur des cadavres...", confie-t-il. 

Camions et bus amènent constamment de nouveaux arrivants dans le centre. Beaucoup cherchent sans succès à contacter leurs proches restés à Goma. "Peu importe qui cherche quoi : la population souffre, dénonce Destin Nkela. Parce que dès qu'ils se battent, ils ne pensent même pas à la population. Il y a des enfants qui sont en train de mourir ici et là. Les familles sont tellement endeuillées..."

"On a été bien accueillis"

Des familles ont été séparées, parfois dans la panique de la fuite vers la frontière. Donstone Ntabala, lui, a dû s'enfuir au milieu des échanges de tirs dans la ville.

"On n'avait pas trop le choix. Il y a des bombes qui tombaient dans le quartier, qui ont blessé des voisins. Il y avait même des morts. On ne pouvait rien y faire"

Donstone Ntabala

à franceinfo

Dans une ville de Goma encerclée sur tous les axes par les rebelles du M23, sans eau et sans électricité depuis plusieurs jours, il ne reste qu'un seul point de passage pour quitter la ville et s'éloigner des combats. "Il n'y a pas d'autre chemin. Il y avait des rebelles qui sont de l'autre côté. Donc, le seul chemin, c'est le Rwanda. On est arrivé à la frontière. Heureusement, on a été bien accueillis et nous sommes dirigés vers l'endroit où nous sommes maintenant", raconte Donstone Ntabala.

L'est de la RDC est secoué par des conflits entre groupes armés, en particulier depuis le génocide rwandais de 1994, qui a exacerbé les tensions entre la RDC et le Rwanda, notamment autour de Goma, adossée au Lac Kivu et à la frontière rwandaise. Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses richesses naturelles de la région, alors que le Rwanda, qui dément, dénonce la présence côté congolais de groupes qui lui sont hostiles.

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