Maroc : la vallée où 150 millions de roses fleurissent chaque printemps
Au cœur du Maroc, la vallée des roses s’illumine chaque printemps de 150 millions de fleurs. Hafssa Chakibi y a fondé Flora Sina, transformant ces roses en eaux et huiles précieuses, tout en offrant un revenu aux femmes locales et en faisant rayonner ce trésor naturel à l’international.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
En plein milieu du Maroc, une vallée renferme un trésor exceptionnel. Chaque année, à la fin du printemps, plus de 150 millions de roses fleurissent en quelques semaines. Les fleurs se retrouvent partout : les habitants en font des colliers qu'ils vendent sur le bord des routes, elles décorent les murs, les boutiques et même les taxis. C’est ici qu’Hafssa Chakibi, fondatrice de Flora Sina, a lancé son aventure.
De père français et de mère marocaine, Hafssa vivait à Paris et travaillait pour une grande multinationale. À 27 ans, elle a tout quitté : "Alors, avant, j'étais ingénieure docteur en physico-chimie et je travaillais dans le traitement de l'eau pour l'industrie pétrolière. Fin 2017, alors que tout allait bien dans ma carrière, je me suis dit qu'il était peut-être temps de faire ce que j'ai toujours voulu faire."
Et ce qu’elle a toujours voulu, c’est travailler au milieu de ces roses uniques, même sans lien personnel avec cette région. "Ici, ça s'appelle la vallée des roses, car c'est le seul endroit au Maroc où la rose damascena fleurit et est cultivée. À la bonne altitude, avec un hiver très froid suivi d’un printemps chaud, il n'y a que quelques endroits sur Terre où elle peut fleurir."
La cueillette et la distillation : un savoir-faire ancestral
Bien loin des bureaux parisiens, Hafssa accompagne aujourd’hui les femmes du village qui récoltent les fleurs. Chaque cueilleuse est rémunérée selon la quantité ramassée : "Nous cueillons les roses, ensuite nous pesons nos sacs. Je ramasse entre 10 et 20 kilos de roses par jour, selon les jours." Explique l'une d'entre elles.
Une fois récoltées, les roses sont immédiatement transformées dans la distillerie d’Hafssa. L’objectif est clair : extraire l’essence de la reine des fleurs. Ici, on sèche et on distille la rose et la fleur d’oranger.
Un jour, un groupe de touristes italiens, français et belges vient visiter sa distillerie. La première étape est le tri des fleurs : seules les fleurs ouvertes sont conservées. Les visiteurs sont transportés par ce parfum intense, légèrement épicé et sucré. "C'est très curieux de voir comment on distille ici. C’est un bain de parfums incroyables." Explique un touriste.
La dernière étape pour obtenir le précieux élixir est la distillation. Hafssa, la scientifique, a choisi une méthode ancestrale, vieille de plus de 1000 ans : "Ce sont des alambics en cuivre et c'est la méthode d'hydro-distillation. Cela permet de récupérer toutes les notes de la rose."
Après seulement une heure, la célèbre eau de rose commence à couler. Hafssa fabrique également de l’huile essentielle et vend des fleurs séchées. La rose de Damas a de multiples utilisations : "Notre eau de rose est pure et naturelle, utilisable en alimentaire comme en cosmétique. Elle est connue pour ses propriétés tonifiantes et cicatrisantes pour la peau."
Une réussite marocaine reconnue dans le monde
En cinq ans d’activité, Hafssa a su se faire une place et ses produits d’exception sont désormais reconnus par des parfumeurs en France et jusqu’en Chine. "Je suis ravie de pouvoir fabriquer mes propres bouteilles d’eau de rose et proposer une eau de rose de qualité aux consommateurs."
Au cœur de cette vallée, Hafssa a transformé son rêve en une aventure entrepreneuriale et humaine. Sa distillerie emploie des dizaines de femmes et fait rayonner les richesses naturelles du Maroc à travers le monde.
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