Kenya : des attaques de hyènes de plus en plus fréquentes
Au Kenya, les attaques de hyènes sur les humains se multiplient. En cause, notamment, le parc national de Nairobi, qui ne peut pas être totalement clôturé, pour permettre aux animaux sauvages de migrer.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
À la tombée du jour, elles sortent et s'invitent jusque dans les cours des maisons. Ces derniers mois, les hyènes ont tué 5 personnes au Kenya et effraient la population. En cause, le parc national de Nairobi, situé aux portes de la capitale, qui n'est pas totalement clôturé pour permettre la migration des animaux sauvages. Et les hyènes multiplient les attaques. C'est la première fois qu'il revient sur les lieux. Kelvin Mwendwa est étudiant en finance.
Un après-midi, alors qu'il se repose seul près d'un étang situé à deux pas de sa cité universitaire, une hyène s'approche. "J'ai essayé de me défendre, évidemment, mais elle m'a mordu une première fois. Alors je l'ai traînée sur plusieurs mètres et je suis tombé. Elle m'a sauté dessus, ça a coupé mon œil, mes sourcils et mon crâne. Après, je lui ai attrapé la tête, mais j'ai dû mettre mes doigts dans sa gueule", raconte-t-il.
Kelvin a dû se faire amputer d'un de ses pouces et est toujours en convalescence. C'est un voisin qui a réussi à faire fuir la hyène et lui a donc sauvé la vie. Mais l'agriculteur n'a malheureusement pas réussi à éviter le pire pour son propre frère, tué et dévoré par une meute de hyènes le même jour, à quelques centaines de mètres plus loin. "Tout ce qu'on a retrouvé de mon frère c'est un morceau de son œil et un morceau de son bras. Il n'y avait plus rien d'autre", déplore Stephen Romo. "Nos vaches et notre bétail se font manger par les hyènes, et maintenant même les humains", poursuit-il.
"On a toujours vécu avec les animaux"
Pour comprendre pourquoi ces attaques de hyènes se multiplient, il faut se rendre à l'intérieur du parc. Sur une vidéo tournée par une touriste, les hyènes s'en prennent en grand nombre à des lionnes pour s'emparer de leur nourriture. Leur population aurait explosé ces dernières années, à cause de la sécheresse qu'à connu le pays. "Pendant la sécheresse, les herbivores n'avaient plus grand-chose à manger et beaucoup sont morts de faim. Donc les prédateurs, comme les hyènes, n'avaient qu'à se servir pour se nourrir. Elles ont ainsi pu se reproduire en nombre", détaille Evans Otieno, guide de safari au parc national de Nairobi (Kenya). "Le parc ne peut pas être complètement clôturé, on doit laisser une ouverture aux animaux pour qu'ils puissent migrer en fonction du climat. Quand c'est très sec, certaines espèces ne restent pas ici", souligne-t-il.
Seulement voilà, la population de Nairobi grimpe en flèche, avec près de 4,5 millions d'habitants aujourd'hui, qui s'installent de plus en plus près de zones abritant des animaux sauvages. Alors les Hyènes visitent fréquemment les maisons, et les autorités sont contraintes de les capturer pour les déplacer dans d'autres réserves. De nombreuses voix exigent que les parcs nationaux soient clôturés, mais pour Felix Mutwiri, défenseur de la faune, ce n'est pas la solution : "La plupart des gens qui demandent à ce qu'on clôture totalement le parc ne sont pas des gens qui ont toujours habité ici. Ce sont des gens qui se sont installés récemment. La vie sauvage, c'est notre héritage, on a toujours vécu avec les animaux."
Les autorités kenyanes ont publié des recommandations détaillant le comportement à adopter en cas de rencontre avec une hyène. Mais à Nairobi, beaucoup préfèrent désormais rester chez eux dès le coucher du soleil.
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