"Jetées comme des sacs poubelles", des travailleuses éthiopiennes victimes de la crise au Liban
Avec la dévaluation de la devise locale, de nombreuses domestiques éthiopiennes sont mises à la porte par leurs employeurs sans être payées.
Des dizaines d'Ethiopiennes travaillant au Liban comme domestiques se retrouvent abandonnées par leurs employeurs qui ne peuvent plus les payer en raison de la crise économique que traverse le pays. La pandémie de coronavirus a envenimé la situation.
Des travailleuses abandonnées
Elles ont travaillé pendant des mois ou des années pour envoyer de l'argent à leur famille en Ethiopie. Mais avec la crise économique ravageuse que traverse le Liban, de nombreuses employées de maison ne sont plus payées. Pire, elles sont devenues un fardeau pour leurs employeurs qui s’en débarrassent parfois sans états d’âme.
Des dizaines de jeunes femmes ont été abandonnées ou "jetées comme des sacs poubelles" devant le consulat éthiopien à Beyrouth, souligne une expatriée éthiopienne citée par Al Jadeed tv.
Débordée par la situation, la représentation diplomatique éthiopienne a suspendu ses services, explique une ancienne travailleuse domestique qui dirige aujourd'hui une association pour soutenir les droits des migrants éthiopiens.
Nous recevons tous les jours des dizaines d'appels à l'aide. Certaines femmes n'ont pas été payées depuis des mois et le consulat nous a abandonnés au pire moment
Banchi Yimer, directrice éthiopienne de l'association Egna Legnaà franceinfo Afrique
Ci-dessous une vidéo de l'arrivée devant le consulat d'employées de maison.
We managed to take videos of few cars abandoning migrant workers today.
— Luna Safwan - لونا صفوان (@LunaSafwan) June 4, 2020
They send 'The maids' with the driver who will have to deal with all of our questions when dropping her at the embassy.
And if he shares the number of the family involved he might lose his job.#Lebanon pic.twitter.com/R74fnlhkXE
Pas d’argent et pas de retour
Au Liban, les travailleurs étrangers sont payés en dollars. Une domestique gagne en moyenne 200 dollars par mois. Mais avec la crise économique, il y a une pénurie de billets verts et la livre libanaise est en nette dépréciation. Du coup, le salaire d’une domestique, indexé à la monnaie locale, a triplé. Certains employeurs ont arrêté de les payer les laissant en situation vulnérable.
En décembre 2019, le consulat éthiopien avait annoncé l'inscription à des vols de rapatriement payés par les employées immigrées. Or, la plupart de celles qui souhaitent rentrer au pays n'ont pas les moyens de financer leur voyage.
Moi je suis toujours payée en dollars et je me sens bien dans ma famille, mais beaucoup d'autres n'ont pas cette chance
Sabla, travailleuse domestique éthiopienneà franceinfo Afrique
Des solutions très insuffisantes
Face à ce problème complexe, le ministère du Travail libanais a tenté de faire bonne figure en installant des dizaines de femmes à la rue, dans un hôtel de Beyrouth. Mais son action semble toute relative, puisque le vrai problème réside dans le statut même de ces travailleuses qui n’ont aucun recours et pas de droits. Au Liban, les emplois domestiques ne sont pas réglementés par le code du travail, comme l’explique l’Orient-le-Jour. Le système dit de "Kafala" (garantie) fait de l’employeur le tuteur de son employée, ouvrant la voie à de graves abus.
Côté éthiopien, le ministère des Affaires étrangères annonce que plus de 600 personnes ont été rapatriées fin mai et que d'autres opérations suivront, mais les modalités de retour restent très floues. Des milliers de travailleuses éthiopiennes restent bloquées à l'étranger sans revenus et sans aides.
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