Ethiopie: si tu ne vas pas à la banque, c'est la banque qui vient à toi
Un nouveau service de paiement électronique par téléphone portable, appelé M-Birr, en référence à la monnaie du pays, promet de faire accéder des millions d'Ethiopiens au système bancaire et de permettre au deuxième pays le plus peuplé d'Afrique de rattraper son retard en matière de services financiers. En 2014, moins d'un quart de la population possédait un compte bancaire.
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Le petit nombre de comptes en banque dans ce pays de 95 millions d'habitants reste une anomalie aux yeux des économistes, alors que l'Ethiopie connaît une forte croissance, évaluée par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à près de 10% par an sur les dix dernières années.
Mais, depuis l'arrivée de M-Birr début 2015, même les coins les plus reculés du territoire sont connectés, ce qui offre la possibilité à n'importe quel utilisateur d'effectuer à toute heure des opérations en quelques clics sur son téléphone.
Autre avantage, la simplification du paiement des allocations aux plus démunis. A Doni, par exemple, une petite ville isolée de 5.000 habitants à 130 km au sud-est d'Addis Abeba, où l'on accède par une piste caillouteuse, la multiplication des sigles M-Birr témoigne de l'engouement pour ce nouveau service.
Un outil facile et sûr qui séduit les autorités
Devant l'épicerie, les bénéficiaires de l'aide sociale forment une longue file d'attente pour récupérer leur allocation à l'aide d'un simple clic. L'épicier franchisé par M-Birr entre le code de chaque bénéficiaire sur son téléphone, accède à leur compte personnel où l'allocation a été versée et remet l'argent en espèces.
Un contraste positif avec la pesante bureaucratie qui obligeait les administrés à se rendre chaque mois dans un point de paiement itinérant pour rencontrer un fonctionnaire et revenir le lendemain afin d'encaisser leur argent, souvent au prix de longs trajets.
A l'efficacité et à la facilité du système s'ajoute aussi la sûreté. «Il n'y a pas de risques de fraude. Cette technologie permet d'éviter les cas de bénéficiaires fantômes", assure Yves Dublin, spécialiste de protection sociale au sein de l'Unicef, le fonds pour l'enfance des Nations Unies, qui sert d'appui technique.
L'innovation, qui a aussi séduit les autorités éthiopiennes, ouvre à l'entreprise un marché potentiel de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs.
Thierry Artaud, manager français à la tête de M-Birr annonce que «le ministère des Finances veut (nous) donner 300 woredas (districts, ndlr) l'année prochaine, ce qui fera six millions de bénéficiaires». Autant de nouveaux clients, admet-il. «C'est une façon d'amener les gens à utiliser les comptes bancaires, à comprendre ce qu'est l'épargne, ce que sont les intérêts».
Fort de l'expérience débutée il y a un an, et songeant sans doute à assouplir les rigidités administratives encore très présentes, le gouvernement éthiopien s'est fixé comme objectif de faire passer le nombre de titulaires de compte bancaire à 80% de la population d'ici à 2020 et de doubler le nombre d'agences bancaires dans le pays, utiles pour l'ouverture d'un compte.
En Ethiopie, M-Birr affiche pour l'instant 150.000 utilisateurs, dont 2.000 à Doni.
Quoi qu'il en soit, le chemin sera encore long pour rattraper le Kenya voisin où le service de paiement mobile M-Pesa, le grand frère de M-Birr, lancé en 2007 par le fournisseur Safaricom, filiale du britannique Vodafone, compte aujourd'hui près de 18 millions d'utilisateurs.
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