L'attentat dans une mosquée en Egypte est "un coup dur" pour le président al-Sissi
Pour l'ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, Pierre Conesa, "le gouvernement égyptien n'a absolument aucune autre solution que de mener une répression encore plus brutale".
Au lendemain de l'attentat dans une mosquée qui a fait au moins 235 morts et 109 blessés en Egypte, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, a estimé samedi 25 novembre sur franceinfo que cette attaque portait la marque de la branche égyptienne du groupe Etat islamique, une branche "particulièrement intolérante et radicale". Selon ce spécialiste des questions stratégiques, il s'agit également "d'un coup dur" pour la présidence égyptienne, qui souligne les limites de la politique de répression extrêmement large menée depuis plusieurs mois.
franceinfo : Cette zone géographique et cette mosquée étaient-elle sciemment visées ?
Pierre Conesa : Oui c'est incontestable, mais ça montre une caractéristique sur laquelle on n'insiste pas assez aujourd'hui dans ce terrorisme, notamment salafiste, c'est que les autres branches de l'islam sont plus visées que les non-musulmans. On s'aperçoit que les trois pays les plus touchés par le terrorisme sont le Pakistan, l'Afghanistan et l'Irak. L'Egypte arrive un peu derrière, mais vous y avez un terrorisme à facettes multiples, qui va autant s'en prendre à des chrétiens qu'à des musulmans. Mais là, cet attentat contre une mosquée fréquentée par des soufis démontre ce caractère absolument intolérant et radical de cette branche de l'Etat islamique, qui s'appelle la 'province du Sinaï'.
C'est donc un palier supplémentaire dans l'intolérance de ces terroristes ?
On attaque des soufis, parce que c'est considéré par les radicaux islamistes, par les salafistes, et même par l'Arabie saoudite comme une pratique dissidente de l'islam. C'est un lieu de culte musulman qui a été visé ! Et de la même façon en Irak, vous avez des lieux de pèlerinage qui ont été pris pour cible, donc c'est une véritable guerre de religion qui se passe au sein de l'islam aujourd'hui. L'Etat islamique est porteur d'un discours d'intolérance, qui vise en particulier les autres musulmans. L'organisation même de cet attentat visait à tuer le maximum de gens, ce n'était pas un attentat 'démonstratif', c'était un attentat de carnage.
Est-ce un coup dur pour le régime du président égyptien al-Sissi ?
Oui c'est un coup dur, car le président al-Sissi a mené une répression extrêmement large et en particulier à l'encontre des Frères musulmans. Or, on constate le processus sociologique un peu identique à ce qui s'était passé en Algérie quand les militaires avaient pris le pouvoir : en décapitant la frange politique d'un mouvement comme celui-là, ce sont les moins formés, les plus radicaux, la base populaire qui tout à coup prend les armes, et vous avez des dérives comme celles que l'on avait vues en Algérie avec le GIA ou le GSPC. C'est à dire des gens qui vont attaquer ou tuer n'importe qui n'importe comment : des femmes parce qu'elles ne portent pas le voile, des écoles parce qu'elles accueillent des filles ou des mosquées qui sont fréquentées par des soufis. On a donc quelque chose qui est très caractéristique de ces répressions indifférenciées comme l'a mené le président al-Sissi, qui à chaque fois se vante d'avoir emporté des victoires sur des terroristes et qui, à chaque fois, est contesté par les faits. Maintenant, le gouvernement égyptien n'a absolument aucune autre solution que de mener une répression encore plus brutale, c'est donc un cercle vicieux dont on risque difficilement de sortir. Maintenant, cet attentat montre, contrairement à ce qu'a pu dire Emmanuel Macron, que l'Etat islamique n'est pas mort. Il a bourgeonné dans un certain nombre de régions du monde. Ça montre que la situation est toujours aussi grave.
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