L'école en Afrique du Sud: un système défaillant
Première économie du continent et même si elle possède des pôles d’excellence comme en médecine, l’Afrique du Sud mérite un zéro pointé pour l’état de son système scolaire public. Résultat : les familles qui le peuvent choisissent d’inscrire leurs enfants dans le privé. Etat des lieux.
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Jacob Matlou, 19 ans, appartient à cette première génération de Sud-Africains nés libres, c'est-à-dire l'année de l'élection de Nelson Mandela en 1994. Mais ni lui ni aucun élève n'a eu le bac en 2012 dans son lycée près de Bayswater (nord), symbole de la mauvaise qualité de l'enseignement public post-apartheid.
Avec ses carreaux cassés, ses ânes dans la cour, son absence de laboratoire pour les cours de physique-chimie-biologie, le lycée Alapha, dans la province rurale du Limpopo, est emblématique de ces établissements dont on dit parfois qu’ils perpétuent une forme d'apartheid.
Les inégalités qui minent le pays sont ici tangibles. D'un côté, l'extraordinaire St John's College de Johannesburg, où a étudié le vainqueur du Tour de France 2013, Chris Froome, et où une année de lycée coûte plus de 7000 euros par an. De l'autre, les lycées publics comme celui de Jacob Matlou, où il n'existe même pas de bibliothèque et où les manuels scolaires officiels sont une denrée rare.
«L'an dernier, c'était dur, mais cette année, je suis mieux préparé. Je veux réussir», assure le jeune homme, qui aimerait devenir avocat comme Nelson Mandela. «Je veux montrer l'exemple aux enfants des plus petites classes, pour qu'ils voient qu'on peut y arriver», ajoute-t-il.
A qui la faute ?
En 2012, aucun des vingt élèves de son lycée n'a réussi les examens du baccalauréat. «C'est préoccupant mais ce n’est pas un cas unique», admet Pat Kgomo, porte-parole du ministère provincial de l'Education. quatre autres établissements de la province sont entrés dans les annales avec zéro bachelier.
Les autorités rejettent en partie le problème sur la difficulté à recruter des enseignants en zone rurale, passant sous silence le lourd problème de l'absentéisme ou la pédagogie inadaptée. «Les écoles en zones rurales ont tendance à avoir de mauvais résultats à cause du trop petit nombre de professeurs qui veulent venir travailler dans des coins reculés», affirme le porte-parole. «J'ai moi-même assez peu de temps à consacrer à la gestion de l'école, je dois me retrousser les manches et enseigner», explique de son côté le directeur du lycée Alapha, Jonas Ramapuputla.
Un système éducatif mal en point
Le prix à payer est lourd: l'Afrique du Sud est lanterne rouge dans le monde pour l'éducation en mathématiques et en science, selon le Forum économique mondial. Seul le Yémen fait pire.
Depuis 1996, le pays, qui compte 52 millions d’habitants, a pourtant dépensé entre 18% et 22% de son budget pour l'éducation, soit environ 6% du PIB. Un chiffre comparable à la Belgique, pays de 11 millions d’habitants. En 10 ans, la population sud-africaine âgée de 20 ans et plus ayant un niveau baccalauréat, a fortement augmenté.
Si le gouvernement de l'ANC, le parti au pouvoir, ne fait rien, tous les ingrédients sont réunis pour que le cercle vicieux du chômage se perpétue parmi la majorité noire délibérément cantonnée à une éducation de seconde zone durant l'apartheid et frappée par des difficultés d'emploi chroniques.
L’Etat condamné
En 2012, l'Etat a été condamné par la justice suite à la plainte de parents, pour violation du droit constitutionnel à une éducation de base. Plusieurs mois après la rentrée, plus de 5000 écoles rurales, soit environ 1,7 million d'élèves, n'avaient pas reçu de manuels, notamment au Limpopo.
«Nous écoutons seulement et nous visualisons», explique Desiree Mathekga, 17 ans, l'une des 30 élèves qui vont tenter le baccalauréat en 2013 à Alapha. «C'est difficile mais c'est tout ce qu'on a. On ne peut que travailler dur avec ce qu'on a. Je veux que mon école et mon village soient fiers de moi», ajoute la jeune fille, déterminée à continuer à l'université pour devenir comptable.
Dans cet océan de problèmes, le principal du lycée a allumé une petite lueur d'espoir en décidant d'ignorer les instructions ministérielles interdisant de redoubler l'année du bac. «Ces enfants n'ont nulle part ailleurs où aller. Les renvoyer ne servirait qu'à perpétuer le cycle de la pauvreté. Sans éducation, ils ne sont rien», dit-il.
Des écoles dans un état déplorable dans la province du Cap
Voice of America (La Voix de l'Amérique), 3-6-2010 (en anglais)
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