A Conakry, la crainte et les doutes face à Ebola
En Guinée, la lutte contre la maladie est rendue difficile par les rumeurs en tout genre. A Conakry, où se trouve Sébastien Baer, les habitants sont partagés entre le scepticisme et la peur face à la maladie. Reportage.
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En Afrique de l’ouest, le virus Ebola a déjà tué plus de 1.500 personnes, depuis l’apparition de l’épidémie, en mars dernier. En Guinée, là où la maladie est arrivée, le nombre de cas a doublé au mois d’août et les médecins, sur place, craignent que l’épidémie atteigne un nouveau pic.
Le virus n’a pas épargné le quartier de Camayenne, au cœur de Conakry. Au début de l’épidémie, un homme et son fils sont morts. Quand ils sont arrivés au centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières (MSF), il était trop tard pour les sauver. Au milieu des rues rendues boueuses par les pluies tropicales, plusieurs habitants du quartier écoutent la radio nationale guinéenne. L’animateur rappelle les mesures de précaution, à appliquer, mais cela ne suffit pas à rassurer Camara Abdoulaye, qui reste traumatisé par les deux décès du quartier. "On ne savait pas ce que c’était, on pensait que c’était le paludisme. Ils ont su en arrivant à l’hôpital de quel virus il s’agissait. On n’a même pas vu leurs corps parce qu’ils sont emballés dans du caoutchouc, pour ne pas contaminer les habitants".
Toure, 30 ans, ne quitte plus guère son quartier de Camayenne
Le jeune homme a cessé de parcourir la ville, à la recherche d’un emploi. Il passe son temps à surveiller ses deux enfants et donne des conseils d’hygiène à ses voisins. "A cause de cette maladie, j’ai du mal à sortir de mon quartier parce qu’on rencontre des gens qui vont de village en village, on ne sait pas ce qu’ils peuvent transporter. Je fais attention à tout ce que je mange, je me ravitaille de boîtes de conserve, c’est mieux que de manger n’importe quoi. Ici, on vend n’importe quel genre de viande, du singe, de l’agouti, on ne sait pas ce que c’est et ça peut infecter ".
A quelques mètres de là, Aissatou passe la serpillière à l’entrée de sa maison au toit recouvert de tôle. Cette mère de deux enfants met régulièrement de l’argent de côté pour acheter des produits d’entretien. "On a des gels pour les mains et à chaque fois, on met de l’eau de javel dans la maison, les toilettes, les bols. Cela coûte 50 à 70.000 francs (huit euros), c’est cher. Avec la conjoncture actuelle, ce n'est pas facile, tout le monde ne peut pas l’acheter. Nous on se prive d’autres choses pour l’acheter".
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L’épicier du quartier a bien du mal à faire face à la demande de gel antibactérien et d’eau de javel. Son petit kiosque est pris d’assaut par les habitants de Camayenne. "On vend de l’eau de javel et du savon contre Ebola. Les gens en achètent beaucoup, les gros pots qu’on vend à 10.000 francs (11 euros), il n’y en a plus. Cela fait trois jours".
Dans un autre quartier de la capitale, à l’écart du centre, la réalité est tout autre. Contrairement à Camayenne, la zone a été épargnée par le virus. Et Fatmata, une femme de ménage, a bien du mal à croire à l’épidémie d’Ebola. "Ce que je vois à la télé et ce que j’entends par les gens, ce n’est pas la même chose. On dit qu’il y a Ebola ici, mais moi je ne crois pas. A Conakry, je ne vois rien ".
"Il y a eu un problème de communication"
A la télévision, à la radio, les émissions et les spots rappellent pourtant les mesures de prévention à appliquer, les autorités, régulièrement, interviennent pour inciter les Guinéens à se protéger. Mais le gouvernement a trop tardé à réagir, regrette Sisko, qui vit à Conakry. "Il y a eu un problème de communication par rapport à l’arrivée de l’épidémie, la sensibilisation n’était pas au point et certains n’y croyaient pas. Cela a aggravé l’épidémie. Vous pouvez même voir des enfants qui se promènent pieds nus dans la rue, il y a de l’eau usée dans les rues. Ce sont des choses à éradiquer" . Les chiffres de l’épidémie au mois d’août, en Guinée, ne sont pas bons : 200 nouveaux cas ont été recensés, deux fois plus qu’en juin, qui était jusque-là le mois avec le plus grand nombre de contaminations.
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