Mobilisation du 2 octobre : "Il faut un chemin qui permette d'avoir une contribution en fonction des moyens", estime Marylise Léon de la CFDT
Il y aura une nouvelle journée de mobilisation à l'appel de l'intersyndicale le 2 octobre prochain. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, était l'invité du 20h de Léa Salamé, pour aborder la question, mercredi 24 septembre.
Mercredi 24 septembre, l'intersyndicale a annoncé une nouvelle journée de mobilisation prévue pour le 2 octobre 2025. Reçus le matin même par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, qui n'a pas su convaincre les syndicats, d'où ce nouvel appel à la grève. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT est venue sur le plateau du 20h pour répondre aux questions de Léa Salamé sur le sujet.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Léa Salamé : Avant d'y aller, vous aviez dit : "la balle est dans son camp. C'est à lui de nous montrer qu'il veut vraiment la rupture". En sortant, vous appelez à une nouvelle journée de manifestation. Donc, il ne vous a pas convaincue ?
Marylise Léon : Il ne nous a pas convaincus. Je pense qu'on a été extrêmement clairs et lui est resté flou. Je pense qu'on a vraiment fait notre travail de syndicalistes. On appelle à une journée de mobilisation, mais avant, on a aussi été dans le dialogue et on a porté les attentes des travailleurs et travailleuses, et ça, je pense que c'est indispensable. Les travailleurs nous disent : "on a le sentiment d'être invisibles". Je pense qu'il n'y a rien de pire comme sentiment quand on travaille, qu'on a du mal à boucler les fins de mois, qu'on s'use en termes de santé au travail, ou encore qu'on n'a pas de boulot et qu'on en cherche, et qu'on est stigmatisé parce qu'on est chômeur. Je pense que c'est le travail des syndicalistes de dire qu'il faut mettre ces sujets sur la table. Donc on a été, je pense, extrêmement clairs. Les réponses ont été plutôt floues, donc c'est pour ça qu'on reste mobilisés.
Mais justement, vous dites que "le compte n'y est pas". Qu'est-ce que vous attendiez ? Qu'est-ce qu'il n'a pas dit ou qu'est-ce que vous n'avez pas entendu ?
L'idée est d'avoir des éléments factuels, comment il sort du bois, qu'il sorte des discours et qu'il puisse poser véritablement. En fait, il y a une question qui est fondamentale, à laquelle il n'a pas répondu : est-ce que le Premier ministre Sébastien Lecornu est prêt à demander des efforts à ceux à qui on n'a rien demandé depuis des années ? C'est ça le cœur du réacteur, c'est-à-dire les entreprises, les personnes qui ont de très hauts patrimoines ou de très hauts revenus. Je pense que le cœur de cette question, c'est qu'on sait que la situation est compliquée. Le précédent Premier ministre nous a suffisamment expliqué, les messages sont bien passés, il y a un problème de déficit. Mais les travailleurs ne veulent pas être les seuls à faire des efforts. Donc la question est là, et c'est l'une des raisons pour lesquelles on se remobilise le 2 octobre. Il faut qu'il puisse répondre à cette question.
La taxe Zucman au centre des discussions
Mais quand vous lui avez dit "taxe Zucman", qu'a-t-il répondu ?
Il répond que sur le principe, il n'est pas opposé au fait de résoudre une anomalie totale. L'anomalie totale, c'est qu'aujourd'hui, une infirmière paie plus d'impôts proportionnellement qu'un milliardaire. Ça, c'est une situation inacceptable actuelle. Donc sur le principe, il est plutôt ouvert. Après, la question, ça va être les modalités. Et pour la CFDT, une taxe qui permet de répondre à cet enjeu-là, qu'elle s'appelle Zucman ou qu'elle porte un autre nom, ce n'est pas le sujet, en fait.
Nous, nous sommes prêts à regarder d'ailleurs s'il y a des entreprises pour lesquelles il pourrait y avoir des adaptations. Mais la taxe Zucman, elle est quand même symptomatique. On est quand même dans un délire total. Le délire, c'est d'arriver à faire croire qu'on veut stigmatiser les ultrariches, qui du coup, mènent une fronde en expliquant que c'est absolument insupportable. Moi, j'aurais aimé au moins une indignation pareille quand il s'est agi de stigmatiser les chômeurs. Je vous rappelle que le taux de pauvreté en France n'a jamais été aussi important. Nous avons 12 millions de personnes en situation de pauvreté.
Un partage des efforts
Mais les entreprises, les patrons, puisque vous parlez d'eux, vous entendez aussi leur colère. Ils vont se mobiliser, ils ont annoncé un grand meeting le 13 octobre. Vous comprenez qu'ils disent : "on ne veut pas payer plus, on est déjà à l'os, les carnets de commandes, ça va nous plomber". Quand Bernard Arnault dit que la taxe Zucman est une catastrophe pour l'économie française, vous entendez ça ou non ?
J'entends des déclarations, je veux des arguments, je veux des études qui illustrent et qui permettent d'argumenter. En fait, le délire actuel, c'est qu'on est sur des invectives et une façon aussi de vouloir à la fois décrédibiliser les personnes qui portent ces propositions sans aller sur le fond. C'est ça qui me gêne. C'est qu'aujourd'hui, on est dans un débat qui me semble assez irrationnel, de stigmatisation d'une partie de la population alors que je pense qu'ils peuvent participer aux efforts. C'est ça la clé du sujet.
Ce que vous nous dites donc pour que ce soit bien clair, c'est que Sébastien Lecornu, il ne vous a rien dit ?
Il n'a rien dit de clair sur cette question, la question du partage des efforts et comment ça va se concrétiser. Il y aura d'autres rencontres, on aura surtout une autre mobilisation parce que je pense que le monde du travail ne doit pas abdiquer, il doit continuer de se mobiliser pour pouvoir dire : "on ne veut pas être les seuls à être mis à contribution".
Le mot d'ordre, c'est qu'un chemin est possible pour construire un budget s'il y a partage des efforts. Il faut un chemin qui permette d'avoir une contribution en fonction des moyens, des contribuables, des entreprises et des travailleurs.
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