Vidéo "Les JO ont été un formidable accélérateur"... Des Jeux de Paris à un record de vitesse, le cheval d'argent à la poursuite d'un nouveau défi

Publié
Temps de lecture : 3min - vidéo : 3min
Article rédigé par Cédric Cousseau
France Télévisions

Pour atteindre cet objectif à plus de 120 km/h, l'architecte navale et cavalière lors de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024, Morgane Suquart s'appuie sur les technologies déployées pour la construction du cheval métallique. En l'occurrence, le trimaran à foils semi-immergé qui a servi à le propulser sur le Seine.

"La vitesse me tient à cœur, c'est dans mon ADN." La cavalière du cheval d'argent, Morgane Suquart, qui a filé sur la Seine lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, s'est fixé un nouveau défi : le record du monde de vitesse à la voile. "Pour le battre, on doit franchir les 121 km/h, alors que durant la cérémonie, le cheval d'argent voguait à 25 km/h", compare-t-elle à franceinfo. L'architecte navale et championne d'Europe de moth à foil (un dériveur léger) entend ainsi récupérer l'exploit de l'Australien Paul Larsen, une connaissance de longue date.

La jeune femme a cofondé MMProcess il y a 5 ans, avec Madeg Ciret-Le Cosquer. Ce bureau d'études est né dans un garage breton et est installé, depuis, à l'Ecole nationale de voile de Saint-Pierre de Quiberon, qui accueille aussi les skippers dans leur préparation olympique et paralympique. L'entreprise a fait un bond de géant cet été en répondant à la demande du Comité d'organisation des Jeux de faire naviguer l'élégant Zeus. La contrainte : donner l'illusion que la pièce de 300 kilos galope, tout en pouvant encaisser des vagues d'un mètre.

Le cheval Zeus le 26 juillet dernier (AFP)
Le cheval Zeus le 26 juillet dernier (AFP)

Pédalo et course contre la monte

La société a soumis plusieurs prototypes, dont un avion sous-marin puis un catamaran. Cette dernière idée est vite écartée par Thierry Reboul, directeur des cérémonies, qui lui trouve un air de "pédalo". "Au moins, c'était cash et on a pu continuer à avancer sans perdre de temps, sourit Madeg Ciret-Le Cosquer. On a finalement proposé autre chose de beaucoup plus abouti, de plus discret." En l'occurrence, un trimaran électrique semi-immergé de 15 mètres de long équipé de foils.

Durant un an, le duo a couru contre le temps. Une équipe de jour et de nuit sont constituées. Pour garder le projet confidentiel et la magie entière, les fenêtres de leur atelier sont occultées dans le Morbihan et le cheval camouflé lors des essais à Paris. "Je n'ai rien partagé aux membres de ma famille", témoigne Morgane Suquart. 

"Je leur ai annoncé que pendant un an, ce serait un marathon et qu'on ne se verrait pas beaucoup. Le 26 juillet, je leur dit de regarder la télévision vers 22 heures et qu'ils seront très fiers."

Morgane Suquart, cavalière du cheval d'argent lors de la cérémonie des JO 2024

à franceinfo

Le tour de force a permis aux deux architectes d'engranger de nouvelles compétences. "On a notamment amélioré nos outils numériques, on a fait progresser certains calculs, par exemple sur la stabilité du trimaran, développe Madeg Ciret-Le Cosquer. Et après avoir piloté Zeus, Morgane Suquart entend surfer sur ces connaissances acquises pour décrocher le record du monde de vitesse à la voile, qui n'a pas changé de mains depuis 2012.

Une technologie au service de la vitesse et de la navigation

Les technologies déployées dans la conception du trimaran vont être transférées sur le bateau de Paul Larsen. L'Australien sera le coach de Morgane Suquart dans cette nouvelle aventure. "On a eu la chance d'être médiatisé donc on se dit que c'est le moment de le faire, justifie-t-elle. Ce challenge apporte des briques technologiques pour le secteur maritime car on va travailler sur de nouveaux foils qui pourront servir ensuite à décarboner des bateaux à passagers."

Modélisation du bateau tel qu'il sera pour le record de vitesse (MMProcess)
Modélisation du bateau tel qu'il sera pour le record de vitesse (MMProcess)

En attendant cet avenir plus durable, l'équipe MMProcess tentera de battre le record dans les prochains mois, en Namibie pour profiter des meilleures conditions de vent. "Les JO ont été un formidable accélérateur, conclut Madeg Ciret-Le Cosquer, ça nous apporte de la confiance et de la légitimité dans ce défi qui est notre projet de vie et notre rêve secret."

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.