Être payé pour liker des vidéos YouTube : pourquoi cette promesse est une arnaque
Ce phénomène d'escroquerie en ligne, qui repose sur la promesse d'un gain d'argent facile, est apparu fin 2022 et est dans les radars du site cybermalveillance.gouv.fr.
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Via Telegram, WhatsApp ou directement par message, des comptes invitent à gagner de l'argent facilement. Le principe est présenté comme étant assez simple : il suffirait de "liker" des vidéos sur YouTube, ou des comptes sur Instagram, c'est selon, afin de gagner d'abord une petite somme, puis bien plus, promettent-ils. Mais derrière cette promesse se cache une escroquerie qui peut faire perdre de l'argent. Explications.
"Bienvenue dans le groupe de promotion YouTube, peut-on lire dans un message sur Telegram qui émane d'une certaine "Recruteuse". "Nous vous invitons à aider les marchands YouTube à augmenter la visibilité et les vues de leurs comptes et à gagner un revenu résiduel pendant votre temps libre. Nous espérons que vous aimerez et gagnerez environ 100-1 000 euros chaque jour. Il vous suffit de regarder la vidéo YouTube et de l'aimer. Si vous êtes intéressé, cliquez sur le lien, envoyez une capture d'écran au groupe et vous recevrez 6 euros", est-il encore écrit.
Une escroquerie "à la tâche" aux multiples variantes
Christophe Sicard, analyste en cybersécurité chez cybermalveillance.gouv.fr, a repéré ce mode opératoire depuis fin 2022. "Il perdure, avec un pic entre fin 2024 et début 2025", précise-t-il. L'approche se fait par SMS, mais surtout via les messageries instantanées des réseaux sociaux, "les principaux capteurs de victimes", commente l'analyste.
Cela commence par la promesse d'un revenu ou d'une somme d'argent à gagner relativement intéressant pour des tâches basiques, comme liker des vidéos sur YouTube ou écrire des commentaires sur Google. "Il existe de nombreuses variantes de cette escroquerie 'à la tâche', souligne Christophe Sicard, mais il s’agit en général de réaliser des actions simples que tout le monde peut faire".
La plupart du temps, les personnes sont payées via une cagnotte en cryptomonnaies ou bien en donnant leurs informations bancaires pour recevoir un virement. "Au début tout se passe bien, les victimes gagnent de petites sommes d'argent pour des tâches gratuites, ont l'impression que ça fonctionne et se sentent en confiance", estime l'analyste en cybersécurité.
Un cercle infernal
C'est ensuite que cela se complique. Une fois appâtée, la victime se voit proposer des tâches plus complexes, qui deviennent payantes, avec la promesse d'une rémunération supérieure. "Vous créditez votre cagnotte de 100 euros et vous gagnerez 30% de plus", est-il par exemple proposé. "Cela revient à payer pour travailler", alerte Christophe Sicard.
Il décrit le processus psychologique qui se met alors en place : "La victime se retrouve dans un tunnel, subit de la pression et se voit culpabilisée par les escrocs pour des tâches de plus en plus difficiles, voire impossibles à accomplir. Au final, soit elle est renvoyée, soit les escrocs vont couper le contact et bloquer le compte." D'après l'analyste, "les escrocs répéteront ce mode opératoire avec un nouveau site Internet, sous un autre nom, pour recruter de nouvelles victimes."
"Ils donnent l'impression d'être une structure professionnelle avec des recruteurs, des managers, des collègues et parviennent à appâter la victime, à gérer la relation, à donner des ordres, etc."
Christophe Sicard, analyste en cybersécurité chez cybermalveillance.gouv.frà francienfo
Avec ces appâts et ce discours, d'abord d'allure professionnelle, puis culpabilisant, on a affaire à "des professionnels de l'escroquerie", souligne l'analyste du site cybermalveillance.gouv.fr. "C'est assez élaboré et ils sont bien organisés mais aussi limités, ajoute-t-il. Le compte de cybermalveillance a lui-même été ajouté à l'un de ces groupes d'escroquerie !" Mais qui se cachent derrière ces comptes ? "C'est l'œuvre de groupes très bien structurés à l'international, indique l'analyste, mais on ne sait pas exactement qui c'est".
"Trop beau pour être vrai"
Le spécialiste en cybersécurité appelle à faire preuve de méfiance : "Il faut être vigilant quand c'est trop beau pour être vrai, lorsqu'on vous demande de payer pour travailler, se méfier par rapport à ce que dit le prétendu employeur, sur la facilité présentée pour gagner de l'argent... Autant de signaux pour que les warnings de la potentielle victime s'allument."
En cas d'exposition à une tentative d'escroquerie de ce type, Christophe Sicard distille ses conseils : "Si on est juste sollicité, le premier réflexe est de ne pas répondre, de bloquer l'expéditeur et de signaler les messages, soit au 33 700 si c'est par SMS, soit en passant par le lien de signalement de la plateforme si c'est via un réseau social."
"Si on est victime, reprend l'analyste, il convient d'arrêter immédiatement ses échanges avec les escrocs, même s'ils sont menaçants, et de garder une trace de tout échange, toute transaction, toutes les informations possibles pour signaler les faits. Il est recommandé ensuite de déposer plainte. Même si une victime d'escroquerie ne retrouvera jamais son argent, l'escroquerie est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende."
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