Les autorités turques ouvrent une enquête contre Spotify après une plainte pour des playlists "provocatrices"

L'enquête doit établir si le géant suédois du streaming a donné plus de visibilité à certains artistes, violant ainsi la loi sur la concurrence.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3min
Le vice-ministre de la Culture turc a appelé à une action en justice contre Spotify, le 4 juillet 2025. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO / AFP)
Le vice-ministre de la Culture turc a appelé à une action en justice contre Spotify, le 4 juillet 2025. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO / AFP)

Le numéro un mondial du streaming musical dans le viseur de la Turquie. Les autorités de la concurrence turques ont ouvert une enquête pour pratiques anticoncurrentielles contre Spotify, après qu'un vice-ministre a dénoncé des playlists jugées "provocatrices" envers l'épouse du président Recep Tayyip Erdoğan et irrespectueuses envers l'islam. L'enquête doit établir si le géant suédois du streaming a donné plus de visibilité à certains artistes et s'il s'est engagé dans des pratiques déloyales dans la distribution des droits d'auteurs, violant ainsi la loi sur la concurrence. 

Les investigations portent sur des "allégations selon lesquelles les stratégies et les politiques mises en œuvre par Spotify (...) en Turquie ont eu des effets anticoncurrentiels dans l'industrie de la musique", a précisé l'autorité de la concurrence dans un communiqué diffusé vendredi 4 juillet. Cette enquête a été annoncée le jour même où le vice-ministre de la Culture, Batuhan Mumcu, a appelé sur X à une action en justice contre Spotify, évoquant le "refus" de la plateforme de répondre aux demandes de suppression de listes de lecture dont les contenus sont jugés offensants.

Spotify assure que ses activités sont conformes à la loi

"Spotify refuse obstinément de prendre les mesures nécessaires malgré tous nos avertissements. Le contenu qui cible nos valeurs religieuses et nationales et insulte les croyances de notre société n'a pas été corrigé", a-t-il écrit, affirmant qu'Ankara "surveille de près et depuis longtemps le contenu de Spotify". Il a pointé un contenu publié sous forme de "'playlists' (...) qui ne tient pas compte de nos sensibilités religieuses à l'égard de notre prophète Mahomet, ciblant délibérément et de manière inacceptable les croyances, les valeurs sacrées et l'univers spirituel de notre peuple". Le vice-ministre a également évoqué des playlists qui viseraient Emine Erdogan, l'épouse du président turc, "insidieusement provocatrices et moralement inacceptables".

La plateforme suédoise, qui a lancé ses services en 2013 en Turquie, a assuré dans un communiqué que ses activités étaient conformes à "toutes les lois applicables". "Nous coopérons avec l'enquête, nous cherchons activement à la comprendre et nous travaillerons à une résolution rapide et constructive avec l'autorité turque de la concurrence", a précisé Spotify, sans mentionner les allégations relatives aux playlists. L'entreprise a déclaré qu'en 2024, elle avait versé "plus de 2 milliards de lires turques [25 millions de dollars] à l'industrie musicale locale", son service jouant un "rôle central dans l'augmentation des droits d'auteurs des artistes turcs à l'échelle mondiale".

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