Témoignage "Ma fille était noyée sous des vidéos qui lui proposaient la mort comme solution" : la mère de Lilou dénonce l'algorithme de TikTok qui a poussé sa fille au suicide

Martine s'apprête à attaquer TikTok en justice après le mort de sa fille Lilou, à l'âge de 14 ans. Elle dénonce le rôle de la plateforme, dont l'algorithme enfermait la jeune fille dans des pensées suicidaires.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une adolescente tient un smartphone dans sa chambre, à Kerlouan (Finistère), en Bretagne, le 25 février 2025. (VINCENT FEURAY / HANS LUCAS / AFP)
Une adolescente tient un smartphone dans sa chambre, à Kerlouan (Finistère), en Bretagne, le 25 février 2025. (VINCENT FEURAY / HANS LUCAS / AFP)

La commission d'enquête parlementaire a rendu jeudi 11 septembre ses conclusions sur les effets psychologiques des réseaux sociaux, et en particulier de TikTok, sur les mineurs. Des dangers déjà dénoncés par certains parents. Une trentaine d'entre eux se sont regroupés dans le collectif "Algos victima" et sept familles ont déposé l'an dernier un recours contre le réseau social devant le tribunal de Créteil. Quatre autres doivent encore s'y joindre. Elles estiment que TikTok a poussé leurs enfants à se faire du mal, jusqu'à mettre fin à leurs jours.

Martine s'apprête à attaquer TikTok en justice après le suicide de sa fille Lilou, à l'âge de 14 ans. Pour Martine, TikTok était "un véritable boulet attaché au pied de sa fille". "Ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont provoqué la dépression de Lilou, mais ils l'ont poussée à mourir", affirme cette mère.

Dans son collège, à Gap, Lilou se met beaucoup de pression. L'adolescente est complexée, et finit par tomber dans une grave dépression. Alors qu'elle est déscolarisée pour être soignée, son téléphone et TikTok deviennent un refuge entre deux hospitalisations, mais en réalité, c'est un piège qui se referme sur elle. "Je la voyais regarder des vidéos où des personnes parlaient de leur dépression, de leur désir de mettre fin à leurs jours", se souvient Martine.

"Tout ça était mis en scène de manière romantique, pour attirer le regard."

Martine

à franceinfo

"A ce moment-là, on est intervenus. On lui a fait quitter les applis, fermer ses comptes sur TikTok. Mais les ados sont plus malins que nous", ajoute Martine. Pour la mère de Lilou, c'est sur TikTok que la jeune fille a trouvé des moyens de détourner le matériel scolaire pour se scarifier, a appris à faire un nœud pour se pendre. "C'est sur les réseaux qu'elle a eu accès à tout ça", dénonce-t-elle.

Martine met en cause l'algorithme surpuissant de TikTok. Plus sa fille regardait des vidéos liées à son mal-être, plus l'algorithme l'abreuvait de contenus morbides. Une spirale infernale, incompréhensible. "A aucun moment elle n'a été exposée à des contenus qui aurait pu la tirer vers un élan de vie. Elle a été noyée sous des vidéos qui lui ont proposé la mort comme solution", explique cette mère.

"Ma fille est morte, je ne peux plus rien faire pour elle. Mais je peux peut-être mettre des petits grains de sable pour les autres", et notamment pour sa plus jeune fille. "Il faut que cet algorithme arrête d'entraîner les jeunes vers le fond. Il faut intervenir, il faut que ça cesse". La plateforme assure de son côté à franceinfo avoir pris "des mesures de premier plan pour protéger les plus jeunes".

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