Réseaux sociaux : rencontre avec Ludovic, l'éboueur de Paris star des ados
France Télévisions a rencontré Ludovic, 50 ans, éboueur de la ville de Paris et star des réseaux sociaux. Il partage depuis six ans son quotidien, pour faire changer les pratiques.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.
Dans la rue, son terrain de prédilection, il est célébré comme une rockstar. Avec son costume vert et jaune fluo devenu tendance, Ludovic Franceschet mesure chaque jour sa nouvelle popularité. "Que moi, je sois reconnu, ça, je m'en fous royal. Par contre, que mon métier soit reconnu : voilà pourquoi je suis fait, voilà pourquoi j'existe", lance-t-il.
La rançon d'une gloire acquise sur les réseaux sociaux. Depuis six ans, il y partage son quotidien de boueur, fustigeant les incivilités, souvent avec le sourire, parfois avec quelques coups de gueule. Plus de 600 000 abonnés valident sa démarche. "Ça sensibilise les gens, donc c'est bien, intéressant", estime une jeune femme. "On voit qu'il aime ce qu'il fait, et qu'il aime transmettre le fait de rendre les villes plus propres", abonde une autre.
Défendre la propreté avec malice et légèreté
Son aventure sur les réseaux sociaux a démarré presque par hasard, fin 2018, avec des insultes alors que son camion est coincé dans les bouchons. "Il n'y a pas des gens qui nous crient dessus ? Qui nous traitent de sales fonctionnaires, 'vous allez devoir boire des cafés'. Et là, je poste la vidéo. Écoutez-moi bien, elle a fait 345 000 vues en 15 jours", raconte Ludovic Franceschet.
Dès lors, il devient le chantre de la propreté urbaine, argument à l'appui. "Arrêtez de jeter votre mégot par terre. Un petit mégot pollue 500 litres d'eau, donc trois baignoires", alarme-t-il ainsi dans une vidéo. Il contribue aussi à changer l'image d'un métier jusque-là pas franchement considéré. "Je suis fier de lui. C'est une image pour nous. Merci à toi. Bonne journée", lui glisse ce jour-là un collègue.
Une revanche pour Ludovic, qui, avant de devenir éboueur en 2016, a vécu 1 000 vies. Dont celle de SDF : dix ans à vivre dans la rue. Le métier lui semblait alors inaccessible. "J'ai toujours voulu être éboueur, mais je n'ai jamais su comment. Je pensais qu'il fallait être pistonné, ou être fils de pour pouvoir être au cul du camion. C'est tellement chic", s'amuse-t-il.
Porteur de la flamme olympique
Aujourd'hui, sa réussite s'affiche fièrement dans son appartement. On y trouv un TikTok Award, très prisé, récompensant son activité sur le réseau social. Mais surtout, un souvenir particulier : le passage des anneaux olympiques. "J'en suis tellement fier, de ça", glisse-t-il. Pour les JO 2024, il avait été choisi par la maire de Paris pour porter la flamme. "Ça a été le meilleur souvenir de ma vie. Et ça m'aide encore maintenant à porter mon message parce que j'ai partagé des moments incroyables avec le monde entier", se remémore-t-il.
Un message qu'il porte aussi via l'association qu'il a créée, en organisant des opérations de nettoyage un peu partout en France. Son dernier défi pour toucher un autre public : porter son histoire sur scène. Au début de l'été, Ludovic s'est lancé dans une modeste salle parisienne, avec la ferme intention de ne pas s'arrêter en si bon chemin.
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