Le streameur français Jean Pormanove, victime régulière de violences filmées, meurt lors d'un direct, une enquête ouverte

La ministre déléguée Clara Chappaz a annoncé avoir saisi l'Arcom et la plateforme Pharos.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Une photo de Raphaël Graven postée sur son compte Instagram le 29 mars 2022. (JEANPORMANOVE / INSTAGRAM)
Une photo de Raphaël Graven postée sur son compte Instagram le 29 mars 2022. (JEANPORMANOVE / INSTAGRAM)

Le streameur français Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, est mort dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 août, a annoncé sur Instagram l'influenceur Naruto, qui apparaissait régulièrement dans ses vidéos en direct. Le modérateur de la chaîne Lokal, sur la plateforme Kick, qui diffusait les images mettant en scène Jean Pormanove et Naruto, a confirmé son décès auprès des internautes, relate Mediapart.

Le parquet de Nice a également confirmé à franceinfo "le décès d'un homme de 46 ans lors d'un live streaming" à Contes, près de Nice (Alpes-Maritimes), sans préciser son identité. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort et une autopsie sera réalisée. Selon une source proche de l'enquête, jointe mardi après-midi par franceinfo, deux personnes apparaissant dans ce direct, Naruto et un autre streameur connu sous le nom de Safine, vont être entendus en qualité de témoins, en audition libre.

Une enquête pour "violences volontaires" déjà en cours

La mort du streameur quadragénaire est intervenue en direct, rapporte Mediapart. Selon des images consultées par le site d'investigation, "on voit Jean Pormanove allongé et immobile, entouré d'autres personnes qui semblent endormies. Un compteur indique '298 heures', suggérant que le direct dure depuis douze jours. On distingue ledit Naruto qui se lève, tente de réveiller Jean Pormanove et s'inquiète que celui-ci ne réponde pas, avant de mettre fin au direct". Quelques heures plus tôt, Jean Pormanove était victime de violences en direct, Naruto lui ayant asséné plusieurs claques, précise le média en ligne.

Fin 2024, Mediapart avait mis en lumière les brimades, les humiliations et les violences subies et retransmises en direct par Jean Pormanove de la part de Naruto et Safine. Ces directs, qui pouvaient durer des journées entières, permettaient aux spectateurs d'interagir avec les streameurs et de leur offrir des dons.

A la suite de cet article, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Nice à l'encontre des deux hommes, notamment pour "provocation publique à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur handicap" et "violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables". Naruto et Safine avaient été placés en garde à vue puis relâchés, selon Mediapart. Cette procédure est toujours en cours, et l'enquête ouverte après la mort de Jean Pormanove a été confiée au même service de police judiciaire, le SLPJ de Nice, précise le parquet.

L'Arcom saisie par le gouvernement

La ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a annoncé mardi sur X avoir saisi l'Arcom, et effectué un signalement sur Pharos. Elle ajoute avoir "contacté les responsables de la plateforme [Kick] pour obtenir des explications".

Interrogée par l'AFP sur cette affaire, Kick, concurrente du leader mondial du live streaming Twitch aux règles de modération plus laxistes, a répondu "ne pouvoir donner aucune information en raison de notre politique de confidentialité". Dans ses conditions d'utilisation, le site souligne que "bien que la violence puisse être contextuelle et avoir des conséquences variables, nous interdisons tout contenu représentant ou incitant à une violence odieuse".

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