Quatre questions sur la nouvelle politique de partage de données entre Facebook et WhatsApp
A compter du 8 février, des millions d'utilisateurs ne pourront continuer d'utiliser l'application que s'ils acceptent que celle-ci partage davantage d'informations avec Facebook.
Petit test : prenez votre téléphone, ouvrez l'App Store (si vous utilisez un iPhone) ou le Play Store (si vous êtes sous Android), et regardez le classement des applications les plus téléchargées du moment. En tête de classement, vous trouverez les messageries Signal et Telegram. Pourquoi un tel engouement ? Deux raisons sont à souligner. L'une est conjoncturelle : de nombreux partisans de Donald Trump, échaudés par les restrictions mises en place par les géants du numérique à l'encontre de leur champion, cherchent des réseaux sociaux de substitution à Twitter et Parler.
Mais la raison la plus importante est structurelle : WhatsApp, leader incontesté des applications de messagerie avec deux milliards d'utilisateurs, a récemment annoncé qu'il partagerait davantage de données avec sa maison-mère, Facebook. En quoi consistent ces changements ? Serez-vous concerné ? Quelles sont les alternatives ? Franceinfo vous en dit plus.
En quoi consiste le changement de politique d'utilisation des données de WhatsApp ?
Si vous utilisez WhatsApp, vous avez sans doute reçu ces derniers jours une notification vous demandant d'accepter, d'ici le 8 février, une évolution des conditions d'utilisation et de la politique de confidentialité de l'application. Comme le relève Le Monde, les utilisateurs situés hors de l'Union européenne et du Royaume-Uni doivent consentir à un troisième changement dans la manière dont WhatsApp s'associe "avec Facebook pour offrir une intégration entre les produits de la société Facebook". Un point loin d'être anodin comme nous le verrons plus loin.
Côté européen, l'avertissement prévient que certaines entreprises qui utilisent WhatsApp pour échanger avec leurs clients pourront passer par les serveurs de Facebook pour héberger leurs messages.
Contacté par Le Monde, Facebook indique que les utilisateurs seront à l'avenir "notifiés dans la conversation" lorsqu'ils échangent avec une entreprise qui a choisi d'utiliser ces services d’hébergement de Facebook.
Quelles sont les données que Facebook recevra depuis WhatsApp ?
Pour les utilisateurs hors-UE, Facebook ainsi que d'autres entités du groupe, comme Instagram, pourront recevoir de WhatsApp de nombreuses données personnelles précises, comme le numéro de téléphone de l'utilisateur, son nom et son adresse IP, ce qui permet de le géolocaliser partiellement. Facebook ne pourra toutefois pas "lire" le contenu des messages échangés avec les correspondants de ses utilisateurs car ceux-ci sont chiffrés de bout en bout.
Ces informations pourront par exemple permettre à Facebook et Instagram d'affiner le profil de leurs utilisateurs pour leur proposer de la publicité ciblée. Il s'agit d'un moyen pour l'entreprise de Mark Zuckerberg de commencer enfin à rentabiliser l'achat de WhatsApp, conclu en 2014 pour 16 milliards de dollars.
Serez-vous concerné(e) ?
Si vous vivez en Europe, beaucoup moins que les autres utilisateurs. Entré en vigueur en mai 2018, le règlement général sur la protection des données "encadre en effet la collecte des données des citoyens européens dans un cadre strict qui exclut une réutilisation commerciale", rappelle Le Parisien. Interrogé par le quotidien, un porte-parole de Facebook France a ainsi assuré que "WhatsApp ne partage pas les données des utilisateurs européens avec Facebook dans le but d'améliorer les publicités ou les produits commerciaux du groupe".
Même son de cloche de la part de la responsable des affaires publiques de WhatsApp, qui a assuré que la mise à jour des conditions d'utilisation de l'application ne comprenait "aucun changement aux pratiques de partage de données de WhatsApp en Europe".
3/5 There are no changes to WhatsApp's data-sharing practices in the Europe arising from this update. It remains the case that WhatsApp does not share European Region WhatsApp user data with Facebook for the purpose of Facebook using this data to improve its products or ads.
— Niamh Sweeney (@NiamhSweeneyNYC) January 7, 2021
Facebook France assure ainsi au Parisien que les données personnelles des utilisateurs européens de WhatsApp ne sortiront pas de l'application, et ne pourront être utilisées "que pour développer les fonctionnalités offertes aux comptes professionnels WhatsApp Business", selon Facebook France.
Que se passera-t-il si vous refusez ces nouvelles conditions d'utilisation ?
Vous avez pour l'instant la possibilité de ne pas accepter ces changements. Mais à partir du 8 février, votre compte sera suspendu si vous ne changez pas d'avis. Il ne sera toutefois pas supprimé : vous retrouverez votre compte et vos conversations en l'état une fois le nouveau règlement validé.
Comment faire si vous ne souhaitez plus utiliser WhatsApp ?
Vous pouvez supprimer votre compte en suivant la procédure décrite sur le site de WhatsApp. Attention, ce processus est définitif. Vous pouvez ensuite vous tourner vers Telegram ou Signal.
Lancée en 2014, Signal est considérée par les spécialistes comme l'une des applications de messagerie les plus sécurisées du marché grâce notamment à sa capacité de chiffrer de bout en bout messages ou appels audio et vidéo. Elle est vite devenue populaire parmi les lanceurs d'alertes et les journalistes, notamment grâce au soutien public d'Edward Snowden, à l'origine des révélations sur les procédés des services secrets américains pour surveiller les télécommunications. En février, la Commission européenne l'a même recommandée à ses équipes, en particulier pour sécuriser les échanges avec des personnes extérieures à l'organisation.
Pour mieux conquérir ses nouveaux utilisateurs, Signal a publié un tutoriel (contenu en anglais) pour les aider à importer facilement leurs conversations de groupe depuis une autre application de messagerie.
À regarder
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter