On vous explique la folie des "starter packs", ces figurines personnalisées générées par I'intelligence artificielle qui minent les illustrateurs
Le mode d'emploi est simple : vous créez votre personnage, choisissez des accessoires qui vous représentent, puis laissez l'IA faire le reste. Mais cette tendance est dénoncée par les professionnels de l'illustration et de la création.
Impossible de les rater, ils sont partout. Les starter packs ("packs de démarrage" en français) envahissent les fils d'actualité de certains réseaux sociaux ces derniers jours. Le principe est d'une simplicité enfantine : vous demandez à l'intelligence artificielle (IA) de vous représenter sous forme de figurine. Puis vous choisissez des objets qui illustrent votre style de vie, votre métier, vos passions (un vêtement, un livre, un accessoire de sport, une voiture...). Le tout est ensuite soigneusement rangé dans un (faux) emballage plastique, à la façon d'un jouet que l'on trouverait dans les rayons d'un magasin.
La tendance inonde Instagram, Facebook, LinkedIn, TikTok, et même les groupes WhatsApp familiaux. Des milliers d'anonymes se sont déjà prêtés au jeu. Une certaine Mira raconte par exemple sur X avoir "demandé à ChatGPT de faire" son starter pack. Sur la photo publiée, l'internaute porte une robe, un foulard et des chaussures à talon. Elle semble apprécier le café, les échecs, les roses et la grenade. D'autres générateurs d'IA, tels que Kapwing ou Imgflip, assurent le même service
Des personnalités plus connues s'y sont aussi mises. En passionné d'histoire qu'il est, l'animateur Stéphane Bern se retrouve ainsi affublé d'une clé, d'une télé, d'une longue-vue et d'une lampe torche.
La tendance s'est propagée jusqu'aux hauts fonctionnaires de l'Etat. Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a ainsi choisi le costume-cravate, la casquette, le stylo et le drapeau français.
"Un mégaphone, pour faire entendre la voix des entreprises françaises", un exemplaire des Echos "pour décrypter l'actualité économique" et un autre de L'Humanité car "le dialogue social passe aussi par l'écoute et l'échange", et voici Patrick Martin, le patron du Medef, à son tour heureux propriétaire de son starter pack.
Une rose, une cigarette électronique, une mèche blanche... Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, semble avoir apprécié celui que lui a généré Luc Broussy, également membre du PS.
"Des contenus tout lisses, similaires, sans singularité"
Pour aider l'utilisateur à choisir la meilleure application pour réaliser son starter pack, certains internautes ont carrément publié des tutoriels, étape par étape, en proposant des prompts (les instructions que vous donnez à l'IA pour qu'elle génère un résultat) clé en main.
Sauf que cette tendance virale, à première vue amusante, agace les professionnels de l'illustration et de la création. Inquiets de la place toujours plus grande que prend l'intelligence artificielle dans nos vies, des artistes ont lancé une contre-offensive sur les réseaux sociaux : sous le hashtag #starterpacknoAI, ils ont décidé de créer leurs propres starter packs, mais réalisés avec des crayons cette fois. Bref, "à la sueur de [leur] front", comme l'écrit "patouret", à l'origine de ce mouvement, sur Instagram.
"Arrêtez d'utiliser l'IA, mandatez des artistes ou apprenez à dessiner", met en garde l'illustratrice Louiza sur son compte Instagram. "On n'en peut plus des trends merdiques à l'IA", tape du poing sur la table Pénélope Bagieu, qui a, elle aussi, créé son starter pack garanti sans IA.
Dans le sien, l'artiste "clemzillu" a dessiné son chat, des fleurs, ses crayons et un ordinateur. "J'ai choisi de le faire pour protester contre cette tendance dans laquelle, comme à chaque fois, tout le monde s'engouffre, explique l'illustratrice auprès de franceinfo. Et comme à chaque fois, on ne voit plus que ça : des contenus tout lisses, similaires, sans singularité. Ça me dérange profondément."
L'une de ses proches a elle-même succombé à la folie des starter packs. "Après avoir vu mon post, elle est venue me parler, confie l'illustratrice. Il faut sans cesse rappeler que créer une image, ça prend du temps, c'est de la réflexion, c'est un travail d'humain quoi. Ce n'est pas juste appuyer sur le bouton d'une application."
Les starter packs posent aussi un problème environnemental. Dopée par l'intelligence artificielle, la consommation d'électricité des centres de données devrait "plus que doubler" d'ici 2030, rappelle un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié jeudi 10 avril. Déjà énergivores, les centres de données ont en effet redoublé en appétit avec le développement récent de l'IA générative, qui nécessite des capacités de calcul colossales pour traiter les informations accumulées dans des bases de données gigantesques. Toujours selon l'AIE, une requête à ChatGPT consomme 10 fois plus d'électricité qu'une recherche avec Google.
À regarder
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
-
Églises cambriolées : que deviennent les objets volés ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
-
Cambriolage du Louvre : ces autres musées volés
-
Cambriolage au Louvre : l'émotion et la colère de Stéphane Bern
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter