"Je ne peux pas exclure qu'il s'agisse de la Russie" : ce que l'on sait de l'incursion de drones au-dessus des aéroports de Copenhague et d'Oslo

Les autorités danoises et norvégiennes coopérèrent pour déterminer s'il existe un lien entre les deux incidents survenus dans la soirée. La Russie dément toute implication.

Article rédigé par franceinfo
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Le directeur des opérations de l'agence danoise Naviair, Morten Fruensgaard, le haut-responsable de la police de Copenhague Jens Jespersen et le responsable des opérations de l'aéroport de la capitale danoise, Kristoffer Plenge-Brandt, lors d'une conférence de presse à Copenhague, le 23 septembre 2025. (EMIL NICOLAI HELMS / RITZAU SCANPIX / AFP)
Le directeur des opérations de l'agence danoise Naviair, Morten Fruensgaard, le haut-responsable de la police de Copenhague Jens Jespersen et le responsable des opérations de l'aéroport de la capitale danoise, Kristoffer Plenge-Brandt, lors d'une conférence de presse à Copenhague, le 23 septembre 2025. (EMIL NICOLAI HELMS / RITZAU SCANPIX / AFP)

Nul ne sait à ce stade qui a piloté ces objets volants non identifiés. Plusieurs drones ont été observés dans l'espace aérien autour des aéroports de Copenhague, au Danemark et d'Oslo, en Norvège, lundi 22 septembre, provoquant leur fermeture pendant quelques heures.

Mardi matin, le trafic aérien reste en partie perturbé au départ et à l'arrivée de l'aéroport de la capitale danoise. Mais alors que s'ouvre l'enquête, de nombreuses zones d'ombres persistent. "Je ne peux pas exclure qu'il s'agisse de la Russie", a déclaré la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Moscou a rapidement contesté ces propos : "A chaque fois, nous entendons des accusations sans fondement", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. De son côté, le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, estime qu'il est "trop tôt" pour savoir si la Russie est impliquée. Voici ce que l'on sait. 

Près de 130 annulations de vols et une soixantaine de vols déroutés en quelques heures

Dans un message publié sur le réseau social X lundi à 21h46, la police de Copenhague a déclaré que l'aéroport de la capitale danoise était "fermé aux départs et aux arrivées après que trois ou quatre gros drones ont été observés au-dessus de la zone"."Aucun avion ne peut décoller ou atterrir", alertait alors la porte-parole de l'aéroport, Lise Agerley Kurstein, alors que le site Flight Radar rapportait qu'aucun avion n'avait décollé de Copenhague depuis 20h26.

A minuit, l'aéroport d'Oslo, en Norvège, a annoncé à son tour la fermeture de son espace aérien après avoir observé un drone. "Nous avons fait deux observations distinctes de drones", a déclaré à l'AFP une porte-parole, précisant que l'aéroport avait rouvert à 3h15. L'aéroport de Copenhague, lui, a rouvert ses portes vers une heure du matin.

Mardi, des retards et des annulations restent à prévoir, a fait savoir l'aéroport danois, invitant les voyageurs à se rapprocher des compagnies aériennes pour obtenir des informations sur leur vol. Environ 10 à 12% des vols devraient être affectés par des retards ou annulation, a prévenu un responsable de l'aéroport danois, cité par le média local DK. 

Mardi matin, ces incidents avaient causé le déroutage de 51 vols et 109 annulations à Copenhague, et 11 déroutages et 19 annulations à Oslo, selon le bilan de Flight Radar

Des drones "de grande taille" pilotés par un mystérieux "acteur compétent" 

Dans les deux cas, aucun engin n'a été intercepté, ni abattu par les autorités. "La police a lancé une enquête approfondie pour déterminer de quel type de drones il s'agit", a déclaré Jakob Hansen, commissaire adjoint de la police de Copenhague, ajoutant que les autorités danoises et norvégiennes coopéreraient pour déterminer si un lien pouvait être établi entre les deux incidents. "Les drones ont disparu et nous n'en avons récupéré aucun", a-t-il ajouté. 

Pour l'un des responsables de la police de Copenhague, Jens Jespersen, tout porte à croire que la personne qui a piloté ces engins est "un acteur compétent". "Le nombre, la taille, les trajectoires de vol, le temps passé au-dessus de l'aéroport" sont autant d'éléments allant dans le sens d'une manœuvre élaborée, a-t-il listé, lors d'une conférence de presse donnée mardi matin. Ajoutant sans plus de précision : "Quel acteur compétent ? Je ne sais pas". La police n'exclut pas que les drones ont pu décoller et atterrir d'un navire situé à proximité, a-t-il déclaré, cité par le média DR.

Il a par ailleurs ajouté que ces drones étaient "probablement de grande taille", justifiant la décision de ne pas avoir abattu l'un des engins par la volonté d'éviter de provoquer des dommages collatéraux au sol. 

La piste d'une "attaque" étudiée 

"Je ne peux en aucun cas exclure que la Russie" soit à l'origine de cette "attaque", a déclaré la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, à la télévision publique DR. Les renseignements de son pays explorent ainsi sérieusement la piste d'une attaque. "C'est ce que nous étudions : des événements hybrides", a déclaré leur directeur, Flemming Drejer, au journal Jyllands-Posten. "S'il s'agit d'un opérateur étatique, il n'est pas nécessaire de lancer une attaque qui fait 'boum'. [Une manœuvre comme celle de lundi] suffirait à perturber notre trafic aérien et à nous mettre en insécurité", a justifié Flemming Drejer.

"On ne vient peut-être pas nous attaquer, mais nous stresser et voir comment nous réagissons."

Flemming Drejer, directeur des services des renseignements danois

au journal Jyllands-Posten

 

Les renseignements disent ainsi enquêter dans le "cadre de ce qui se passe autour de nous", décrivant des risques "élevés" de sabotage contre le Danemark.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n'a pas attendu que l'enquête ne permette de faire la lumière sur ces incidents, fustigeant, dans un message sur X"la violation de l'espace aérien des états membres de l'Otan par la Russie, y compris le 22 septembre à Copenhague". 

Un contexte de tensions entre la Russie et les pays de l'Otan 

A ce stade, rien n'indique qu'un acteur étranger est à l'origine le survol des deux aéroports. Mais treize jours après le survol de l'espace aérien polonais par des drones russes et trois jours après que des avions de combat russes ont violé l'espace aérien estonien pendant douze minutes, ces incidents s'inscrivent dans un contexte de tension entre Moscou et les pays de l'Otan. Le Danemark et la Norvège participent dans la semaine aux exercices militaires Neptune Strike 25-3 des forces de l'Otan, qui se déroulent notamment en Baltique et en mer du Nord.

Ces incidents surviennent également après qu'une cyberattaque a affecté vendredi et pendant tout le week-end des opérations des aéroports londoniens d'Heathrow, de Berlin et de Bruxelles. De son côté, la Russie a affirmé ne pas être impliquée dans le survol de l'aéroport de Copenhague, dénonçant des "accusations sans fondement". Enfin, le secrétaire général de l'Otan se veut plus prudent. "Les Danois sont en train d'évaluer exactement ce qui s'est passé (...) Il est trop tôt pour se prononcer", a déclaré Mark Rutte lors d'une conférence de presse, précisant qu'il avait échangé avec la Première ministre danoise.

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