Photos intimes, chantage et Arabie saoudite... On vous explique le bras de fer entre le patron d'Amazon Jeff Bezos et un tabloïd proche de Donald Trump
Le milliardaire américain accuse le "National Enquirer" de chantage, dans une tribune publiée jeudi 7 février.
Jeff Bezos accuse l'hebdomadaire à scandale National Enquirer d'avoir essayé de le faire chanter. Dans un long texte publié jeudi 7 février, le PDG et fondateur d'Amazon affirme que le tabloïd l'a menacé de publier des photos intimes, s'il ne renonçait pas à enquêter sur la manière dont le titre s'est procuré des informations sur sa liaison extra-conjugale. Cette accusation est le dernier épisode en date d'un différend entre Jeff Bezos et l'Enquirer. Nous vous résumons cette affaire en quatre actes.
Acte 1. Le tabloïd publie un article compromettant sur Jeff Bezos
Le bras de fer entre le patron d'Amazon et le National Enquirer débute le 10 janvier. Ce jour-là, le tabloïd publie un article de 11 pages sur une liaison qu'aurait eu Jeff Bezos avec Lauren Sanchez, une ancienne présentatrice de télévision. La veille de la parution de cette édition, Jeff Bezos et sa femme MacKenzie annonçaient leur divorce, après vingt-cinq ans de mariage.
La "plus grosse enquête de l'histoire de l'Enquirer" s'appuie sur des photos du couple prises par des paparazzis et sur des retranscriptions de SMS qu'aurait envoyés Jeff Bezos, précise le New York Times (en anglais). Le tabloïd se vante même d'avoir suivi le couple "à travers cinq États et sur [64 000 kilomètres]", poursuit le quotidien américain. "Les patrons de la tech n'apparaissent habituellement pas en couverture de l'Enquirer", note le New York Times. Jeff Bezos, qui a pour habitude de préserver sa vie privée, décide alors d'enquêter sur la manière dont le tabloïd a pu obtenir ces documents.
Acte 2. Le patron d'Amazon engage un détective privé
Jeff Bezos, dont la fortune personnelle est évaluée à 136 milliards de dollars selon le New York Times, engage des détectives privés pour enquêter sur l'Enquirer. Et il assure au leader des investigations, le consultant en sécurité Gavin de Becker, qu'il ne s'épargnera aucune dépense dans cette affaire. Le 30 janvier, le Daily Beast (en anglais) révèle que les enquêteurs privilégient la piste de la "motivation politique".
Cette hypothèse découle des attaques répétées de Donald Trump contre Jeff Bezos. Le président américain critique régulièrement le patron d'Amazon, le plus souvent sur Twitter. Le locataire de la Maison Blanche l'accuse notamment de vouloir le discréditer via le Washington Post, dont Jeff Bezos est propriétaire. Or le patron de la maison mère du National Enquirer, David Pecker, est un proche de Donald Trump. En décembre, il a admis avoir acheté les droits de témoignages compromettants pour le président américain avec le projet clair de ne jamais les publier, rappelle le Daily Beast.
Acte 3. La maison mère de l'Enquirer menace le milliardaire
Jeff Bezos affirme que la maison mère de l'Enquirer, American Media (AMI), a pris contact avec lui après avoir découvert l'existence de cette enquête. Un représentant de Gavin de Becker aurait d'abord été contacté "verbalement" puis par mail, détaille Le Figaro. L'avocat d'AMI, Jon Fine, aurait proposé que le détective privé et le patron d'Amazon reconnaissent publiquement qu'"ils n'ont aucune information, ni élément pour suggérer que la couverture [de l'Enquirer] est motivée par des considérations politiques ou influencée par des forces politiques".
En contrepartie de cette reconnaissance, selon le courriel, AMI propose de "ne pas publier, distribuer, partager ou d'écrire des textes et des photos non encore publiées". Face à l'absence de réponse de Jeff Bezos, l'éditeur décide d'accentuer la pression, précise Le Figaro. Jon Fine envoient plusieurs courriers menaçants au milliardaire. Une lettre évoque notamment les photos qui pourraient être publiées en cas de refus et qui montrent Jeff Bezos nu.
Acte 4. Jeff Bezos publie une tribune explosive
Jeff Bezos a non seulement décidé de refuser la proposition d'AMI, mais aussi de la dénoncer dans un long message publié sur Medium (en anglais), jeudi 7 février. Le patron d'Amazon y révèle notamment le contenu des courriers que lui a envoyés AMI. "Bien sûr, je ne veux pas que des photos personnelles soient publiées, mais je ne participerai pas non plus à leur pratique bien connue de chantage, de faveurs politiques, d'attaques politiques et de corruption, écrit-il. Je préfère faire face, tout secouer et voir ce qu'il en sort."
Dans cette tribune intitulée "non merci monsieur Pecker", Jeff Bezos mentionne également l'Arabie saoudite et évoque des liens supposés entre AMI et le prince Mohammed ben Salmane. Le souverain saoudien est accusé, dans plusieurs rapports officiels, d'avoir ordonné le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Ce dernier avait notamment collaboré avec le Washington Post, propriété du patron d'Amazon.
Jeff Bezos estime que la démarche d'AMI équivaut à une "proposition d'extorsion". "Si, dans ma position, je ne peux pas résister à ce genre d'extorsion, combien de personnes peuvent le faire ?", conclut-il. Ni AMI, ni la Maison Blanche n'ont répondu dans l'immédiat à ces accusations.
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