Mise en demeure du CSA à France 2 après les propos racistes de Jean-Paul Guerlain, pour "non-maîtrise de son antenne"

Interrogé dans le journal de 13H sur la création du parfum Samsara, le célèbre parfumeur avait répondu: "Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin..."

En dépit des excuses formulées peu après par J.-P. Guerlain, "SOS Racisme" a décidé de saisir la justice.

"SOS Racisme ne se satisfera pas d'excuses" et "portera plainte contre les propos de l'héritier de la célèbre maison de parfumerie", a prévenu l'association, qui dit "croire en la vertu pédagogique des procès". Dans son communiqué, SOS Racisme dénonce "les clichés empreints ici de relents coloniaux".

Le Conseil représentatif des associations noires ( Cran) "envisage de porter plainte contre les propos de Jean-Paul Guerlain sur les 'nègres'", a-t-il aussi fait savoir dans un communiqué. "Ces propos racistes sont aux antipodes des valeurs véhiculées par Guerlain et le groupe LVMH, propriétaire de la maison Guerlain" et "jettent le doute sur (leur) politique en matière de diversité", poursuit le Cran, qui juge "bien désinvolte" le regret exprimé par Jean-Paul Guerlain "sous la forme d'un simple courriel". Le Cran demande, par ailleurs, à LVMH de "prendre ses distances" avec ces propos.

Une association de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) a annoncé avoir porté plainte lundi à Paris à l'encontre de Jean-Paul Guerlain et France 2 pour des propos "à caractère raciste". L'association Action républicaine pour le progrès social (ARPS) et son représentant Rex Kazadi Kanda ont déposé plainte auprès du procureur de la République de Paris.

Les excuses de Jean-Paul Guerlain
Dans un communiqué d'excuses, en réaction à son interview sur la chaîne publique, Jean-Paul Guerlain a déclaré: "Je présente mes excuses à tous ceux qui ont pu être blessés par les propos choquants que j"ai tenus au journal télévisé de 13 heures sur France 2 aujourd"hui vendredi 15 octobre. Mes paroles ne reflètent en aucun cas ma pensée profonde mais relèvent d"un dérapage hors de propos que je regrette vivement."

Jean-Paul Guerlain a également tenu à souligner qu"il assumait seul la responsabilité de ses propos. Il n"est plus actionnaire de Guerlain depuis 1996, ni salarié depuis 2002. Il regretterait que ses propos puissent ternir l"image de l"entreprise et de ses salariés alors qu"ils n"en sont responsables en rien.

Christine Lagarde: "C'est pathétique"
"C'est pathétique", a réagi samedi sur RTL la ministre de l'Economie Christine Lagarde au sujet des propos de Jean-Paul Guerlain. "J'espère simplement que c'est sénile et grossier et que les excuses sont véritablement, elles, sincères et gracieuses. Parce que franchement..."

Elise Lucet: "je n'ai pas entendu la deuxième partie de la phrase"
Revenant sur la polémique suscitée par les propos de l'ancien "nez" du parfumeur, qu'elle interrogeait vendredi 15 octobre, la présentatrice du JT de 13h de France 2 affirme dans une interview publiée par Le Parisien du vendredi 22 octobre, ne pas avoir entendu les propos racistes de Jean-Paul Guerlain.

"Et de fait, je n'ai pas entendu la deuxième partie de la phrase (...) Si j'avais entendu, j'aurais bondi sur mon fauteuil", assure-t-elle.

"Soit quelqu'un m'a parlé dans l'oreillette (on me dit régulièrement combien de temps il reste), soit je n'ai simplement pas compris", précise-t-elle.

Elise Lucet justifie également son rire sur la première partie de la déclaration de M. Guerlain . "J'ai ri parce que Jean-Paul Guerlain a expliqué qu'il s'était mis à travailler pour l'amour d'une femme... l'expression qu'il emploie, je ne l'utilise jamais, mais c'est une formule de sa génération", relève encore Elise Lucet.

Le communiqué d'excuse de M. Guerlain avait été lu le jour même à l'antenne et Elise Lucet avait déclaré en fin de journée sur notre site "être désolée de ne pas avoir réagi immédiatement" à ces propos, regrets réitérés au 13h du lundi 18. Elle a représenté des excuses ce vendredi 22 dans son journal, suivi d'un reportage donnant la parole aux associations antiracistes.

La mise en demeure reçue par le groupe France Télévisions est le troisième niveau de réprimande du CSA.

Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel peut se contenter d'une simple lettre (1er niveau), puis d'une mise en garde (2e niveau).

Au cas où le CSA serait contraint d'envoyer une seconde mise en demeure pour un nouveau manquement d'une chaîne, une procédure de sanction est engagée (d'une simple amende à la suspension de l'autorisation d'émettre).