Reportage "On y pense tous, mais personne n'ose le dire" : à Mayotte, les enseignants face à la crainte d'apprendre la mort de leurs élèves

Plus de cinq semaines après le passage du cyclone Chido, les plus de 115 000 élèves de l'archipel étaient appelés lundi 27 janvier à retourner en classe.

Article rédigé par franceinfo
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Des élèves lors de la rentrée scolaire à Pamandzi, à Mayotte, le 27 janvier 2025. (MARINE GACHET / AFP)
Des élèves lors de la rentrée scolaire à Pamandzi, à Mayotte, le 27 janvier 2025. (MARINE GACHET / AFP)

La rentrée va se poursuivre toute la semaine à Mayotte. La journée du lundi 27 janvier a signé le retour des premiers élèves dans les établissements scolaires, après que le cyclone Chido a ravagé l'île et entraîné de nombreuses fermetures d'établissements. Alors que les enfants regagnent progressivement leur salle de classe, pour les professeurs, l'une des questions essentielles du moment consiste à faire le point sur les effectifs, avec cette question angoissante : ont-ils retrouvé tous leurs élèves ?

La plupart des enseignants ont tenté de contacter leurs élèves, très vite après le passage du cyclone. "La dernière, j'ai eu des nouvelles d'elle sept jours après. C'est vrai que ce sont des journées un peu longues parce que forcément, on s'imagine des scénarios catastrophes." Laurent, professeur d'EPS, se dit chanceux, car tous ses élèves sont revenus en cours lundi.

Grande inquiétude, mais rares absences

Ce n'est pas le cas de Sitti, enseignante d'espagnol. "J'ai eu au moins sept absents. Il y en a un en particulier qui n'a pas donné de signe de vie, personne n'a d'information", confie-t-elle, très inquiète pour son élève. Ces dernières semaines, les enseignants et les jeunes ont parfois retenu leur souffle, sans toujours se l'avouer. "On n'arrivait pas à se dire que peut-être, ils allaient mourir dans ces bidonvilles. On y pense tous, mais personne n'ose le dire."

Finalement, les absents dans les classes sont très rares. Quelques jeunes des familles les plus aisées sont partis sur l'île de la Réunion voisine ou en métropole. D'autres, sans moyens de contact, retrouveront - tout le monde l'espère - le chemin de leur école dans les prochains jours. 

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