La chambre régionale des comptes épingle la gestion des subventions de l'archipel de Mayotte

Aucun élu du conseil départemental de Mayotte n'a déposé ni sa déclaration de patrimoine, ni sa déclaration d'intérêt, pointent notamment les magistrats, qui dénoncent un manque de transparence.

Article rédigé par franceinfo
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Le Conseil départemental de Mayotte. (GOOGLE STREET VIEW)
Le Conseil départemental de Mayotte. (GOOGLE STREET VIEW)

Les magistrats de la chambre régionale des comptes de Mayotte révèlent, dans un rapport, plusieurs dysfonctionnements dans la gestion de l'argent public de l'archipel, indiquent jeudi 21 août France Inter et Mayotte La Première. Les magistrats pointent du doigt un manque de transparence et soulignent, parmi les dysfonctionnements, le fait notamment, qu'aucun élu du conseil départemental de Mayotte n'a déposé sa déclaration de patrimoine et sa déclaration d'intérêt.

Après les finances et le patrimoine, les Sages se sont penchés sur les subventions de la collectivité. Dans ce troisième et dernier volet d'une série de cahiers consacrés à la gestion de l'argent public de la part du conseil départemental, publié lundi, la chambre régionale des comptes fait part de son inquiétude. Dans ce rapport, il est écrit que le département de Mayotte "ne satisfait pas ses obligations en matière de transparence". Autre élément, le fait que les subventions sont parfois délibérées lors de réunions sans procès-verbal et que leur utilisation n'est pas ou mal contrôlée.

Quatre milliards pour la refondation

Ces inquiétudes interviennent alors que l'État s'apprête à verser 4 milliards d'euros sur six ans pour la refondation de Mayotte. Cet argent a pour but de reconstruire l'archipel après le passage du cyclone Chido en décembre dernier.

"Avec cette arrivée de fonds massifs, il y a une forte probabilité de détournement de fonds, de favoritisme, de clientélisme, d'emplois fictifs, de surfacturation."

Jean-Emile de Bollivier, correspondant local de l'association anticorruption Anticor

à France Inter

"Si on en croit les lanceurs d'alerte, poursuit Jean-Emile de Bollivier, des sociétés sont déjà arrivées sur Mayotte et ont commencé à voir comment elles allaient se distribuer la part du gâteau". Anticor s'inquiète aussi de potentiels conflits d'intérêts à l'approche des élections municipales.

En 2018 un précédent rapport faisait déjà état de graves dysfonctionnements au sein du conseil départemental. À la lecture du rapport de 2025, peu de choses ont changé. Le Parlement a depuis voté le plan de refondation de Mayotte. Le conseil départemental "doit se saisir de l'occasion pour sécuriser ses procédures" écrit en conclusion la chambre régionale des comptes. Sollicité par France Inter, l'exécutif départemental n'a pas répondu pour le moment.

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