Crise migratoire à Mayotte : les Comores demandent à la France de renoncer à une prochaine opération d'expulsions
Cette opération, qui pourrait débuter le 20 avril, date de la fin du ramadan, n'a encore jamais été confirmée par Paris depuis sa révélation par "Le Canard enchaîné" en février.
C'est la première fois qu'elles prennent position. Les Comores ont demandé à la France, lundi 10 avril, de "renoncer" à une opération de "destruction de bidonvilles" à Mayotte et d'"expulsion de tous leurs occupants sans-papiers" vers l'île comorienne d'Anjouan. Un tel projet "va à l'encontre du respect des droits humains et risque de porter atteinte aux bonnes relations" entre les deux pays, selon un communiqué de la présidence comorienne.
L'opération, révélée par Le Canard enchaîné, mais jamais officialisée par Paris, serait baptisée Wuambushu ("reprise", en mahorais). Elle a été conçue par le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, puis validée en février par Emmanuel Macron, selon une source proche du dossier citée par l'AFP, confirmant les informations du journal satirique. L'opération doit durer deux mois, avec une "grosse phase du 20 au 30 avril" à son lancement, dès la fin du ramadan. Une compagnie de CRS spécialisée dans les violences urbaines doit être envoyée à Mayotte, une première outre-mer depuis plus de vingt ans, selon Mayotte La 1ère.
Des organisations comoriennes redoutent un "massacre"
Malgré les nombreux appels de la société civile et des partis politiques comoriens, le président Azali Assoumani ne s'était pour l'instant pas exprimé sur la question. Le 5 avril, des organisations de la société civile comorienne ont tenu une conférence de presse pour prévenir d'un "massacre à venir". "Nous comptons saisir les organisations internationales pour les informer du massacre que la France veut perpétrer sur l'île comorienne de Mayotte", avait réagi Youssouf Attick Ismael, le président du Comité Maore.
A Mayotte, des voix se sont élevées pour exprimer les craintes suscitées par une telle opération. Les personnels de santé de l'île ont ainsi rappelé "les conséquences dramatiques" des précédentes interventions anti-immigration de grande ampleur. Certains habitants originaires de l'Hexagone "ont peur de troubles sociaux, sanitaires et d'émeutes anti-police et 'anti-blancs' comme cela s'était passé il y a quelques années", rapporte Matthieu Guyot, directeur adjoint de l'hôpital de Mayotte, sur Twitter.
Depuis Paris, le président de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, Jean-Marie Burguburu, a aussi écrit à Gérald Darmanin pour l'exhorter à "renoncer" à ce projet. Il redoute une "aggravation des fractures et des tensions sociales" à Mayotte et une "atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères dans le cadre d'expulsions massives". L'Unicef a également exprimé son inquiétude.
A l'inverse, des élus apportent ouvertement leur soutien. Le député LR Mansour Kamardine a ainsi appelé à ne pas voter la motion de censure contre le gouvernement, fin mars, car cela aurait, selon lui, été "reporter, à des dates inconnues, l'urgente opération Wuambushu du mois d'avril".
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