Contestation contre la vie chère en Martinique : écoles fermées, couvre-feu, violences urbaines… Que se passe-t-il sur l'île ?
Plus de 1 000 passagers ont été déroutés en Guadeloupe après la fermeture de l'aéroport de Martinique, a fait savoir la préfecture jeudi soir.
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La Martinique est de nouveau en proie aux violences, vendredi 11 octobre, quelques semaines après le début du mouvement contre la vie chère. L'aéroport international de Martinique-Aimé-Césaire a été fermé jeudi soir, provoquant la réorientation de plus de 1 000 passagers vers la Guadeloupe, a annoncé la préfecture de Martinique. Franceinfo fait le point sur la situation sur l'île.
L'aéroport fermé plusieurs heures après l'invasion de la piste
Des manifestants ont fait irruption, jeudi après-midi, dans l'enceinte de l'aéroport Aimé-Césaire, à Fort-de-France. Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre après que la piste a été envahie.
Selon la préfecture, cette action a été menée à la suite de la diffusion d'une fausse information affirmant qu'entre 300 et 350 CRS allaient arriver sur l'île en avion. La présence de personnes sur la piste a conduit les autorités à dérouter trois vols vers la Guadeloupe, pour un total de "1 117 passagers".
"Huit interpellations ont eu lieu quand les gendarmes et policiers ont dû faire évacuer la piste" de l'aéroport, a affirmé sur franceinfo la préfecture. L'aéroport a pu rouvrir ses portes vendredi, a fait savoir la députée martiniquaise Béatrice Bellay sur franceinfo. "On maîtrise parfaitement la plateforme aéroportuaire", a confirmé le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, vendredi après-midi, assurant que "des renforts ont été acheminés ou vont l'être".
Un couvre-feu jusqu'à lundi
Après les heurts du mois de septembre, le calme était revenu sur l'île. Sauf que des affrontements ont éclaté, lundi, entre les CRS et des militants qui menaient une action de blocage au Lamentin. Depuis, des violences urbaines ont été constatées chaque nuit. C'est pourquoi la préfecture a décidé d'instaurer un couvre-feu à partir de jeudi soir.
Le préfet de l'île, Jean-Christophe Bouvier, a signé deux arrêtés concernant "l'ensemble du territoire de la Martinique". Le premier instaure un couvre-feu de 21 heures à 5 heures, le second interdit les rassemblements et les manifestations à partir de 18 heures jeudi. Les deux arrêtés courent jusqu'à lundi.
Des violences et des pillages
Dans la nuit de mercredi à jeudi, 30 policiers et gendarmes ont été blessés, plus de 500 véhicules brûlés, des commerces pillés et 12 personnes interpellées. Le principal point de tension se trouvait, mercredi, au niveau de la commune du Carbet (nord), où quatre gendarmes ont été légèrement blessés alors qu'ils effectuaient une opération de levée de barrage.
Les protestataires avaient installé ce barrage dans le cadre d'une opération "île morte" lancée par plusieurs organisations militantes et syndicales. Ils dénonçaient notamment "les violences exercées" par des CRS, lundi, sur des militants contre la vie chère qui bloquaient un important axe routier du Lamentin.
Les établissements scolaires fermés
Les établissements scolaires ont été fermés jeudi et ils le resteront vendredi, a annoncé le rectorat de Martinique. "Compte tenu de l'incertitude du contexte social actuel et par principe de précaution, la mesure d’interruption de l’accueil des élèves, des usagers et des personnels dans les établissements des premier et second degrés et dans les services du rectorat est prorogée pour la journée du vendredi 11 octobre 2024", a annoncé la direction de l'académie, citée par Martinique La 1ère.
Cette mesure exceptionnelle entend "préserver au maximum la sécurité des élèves et des personnels, le temps d’avoir davantage de visibilité sur les difficultés éventuelles qui pourraient persister dans l’académie".
Le plan blanc déclenché à l'hôpital
Le CHU de la Martinique a annoncé jeudi le déclenchement d'un plan blanc au cours duquel des "déprogrammations d'actes opératoires ou de consultations sont organisées". "Toutefois, une attention particulière est portée s'agissant des interventions urgentes ou liées à la cancérologie", a-t-il souligné, précisant que "les rendez-vous annulés feront l'objet d'une reprogrammation dans les meilleurs délais".
De leur côté, les pharmacies de l'île ont déclaré le même jour "ne plus être en mesure d'assurer le service d'urgence".
Les discussions se poursuivent
"Le préfet se félicite des avancées obtenues à l'occasion de la cinquième table ronde et appelle à la désescalade partout en Martinique", écrit la préfecture dans un communiqué daté de jeudi. "Tous les acteurs" ont souhaité "s'engager dans une démarche de négociation collective afin d'apporter des solutions concrètes, durables et structurelles au phénomène de la vie chère", poursuit-elle.
Parmi eux, l'Etat, le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), mouvement en pointe de la mobilisation, la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) et le principal transporteur (CMA-CGM). Les protestataires, eux, estiment que les pourparlers n'ont pas donné de résultat satisfaisant. Une sixième table ronde contre la vie chère est prévue vendredi après-midi. "Nous avons la ferme intention collective d'aboutir à un plan d'actions partagé", a assuré le directeur de cabinet du préfet de la Martinique.
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