L'hommage à Jules Ferry, une épine dans le pied de François Hollande ?
De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer le choix du président élu d'honorer la mémoire de Jules Ferry, fondateur de l'école laïque au XIXe sièle, mais aussi grand partisan de la colonisation.
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Première polémique en vue pour François Hollande ? Alors que le président de la République a rendu hommage à Jules Ferry (1832-1893), fondateur de l'école gratuite et laïque, lors de son investiture, mardi 15 mai, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer un choix jugé maladroit par certains. Explications.
Acte 1 : des personnalités de droite soulignent le racisme de Jules Ferry
Le philosophe et ancien ministre de l'Education nationale, Luc Ferry est l'un des premiers à dénoncer le choix de François Hollande, dimanche sur Twitter.
Célébrer Jules Ferry, le grand colonialiste et raciste ? Plutôt Clemenceau le dreyfusard, l'anticolonialiste et pas si briseur de grève
— Luc Ferry (@FerryLuc) May 13, 2012
Interrogé lundi par France Inter et BFM TV, Luc Ferry rappelle que Jules Ferry a justifié la colonisation par des théories raciales. Il fut "non seulement un grand colonisateur, mais c'est quelqu'un qui fonde la colonisation sur une vraie théorie raciste", explique Luc Ferry. Le père fondateur de l'école républicaine était en effet un farouche partisan de l'expansion coloniale de la France, et défendait l'idée d'une hiérarchie des races.
A cette figure controversée, Luc Ferry oppose Georges Clemenceau (1841-1929). Dans les années 1880, le député s'opposa vivement à la pensée de Jules Ferry et à la prétendue "mission civilisatrice" des Blancs.
Même idée chez Roselyne Bachelot, qui tweetait un jour plus tôt :
Que @fhollande n'en fasse pas trop avec J.Ferry qui justifiait la colonisation au motif de "races inférieures". Je préfère Clemenceau !
— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) May 12, 2012
Acte 2 : Vincent Peillon rectifie le tir
Côté socialiste, on recadre le débat. Invité dimanche sur Radio J, Vincent Peillon, pressenti à l'Education, indique ainsi que c'est le Jules Ferry "des grandes lois scolaires, de la lettre aux instituteurs, de la scolarité obligatoire, de la laïcité, de la gratuité de l'école" qui sera honoré.
Il souligne encore que "la France républicaine s'est toujours conçue dans un rapport (...) à son école, à la raison, à l'instruction, à la liberté du jugement".
Acte 3 : élus martiniquais et associations montent au créneau
Mais la polémique est bien lancée. Le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Louis-Georges Tin, estime que "François Hollande peut tout à fait saluer en Jules Ferry le fondateur de l'école républicaine, mais il devrait aussi rappeler en même temps la part d'ombre de cet homme".
Mêmes réserves chez Serge Letchimy. Le député et président de la région Martinique regrette l'hommage rendu à "un personnage dont l'ambivalence n'est plus à démontrer". "Nous ne pouvons ignorer que Jules Ferry fut aussi (...) l'homme qui a justifié la colonisation par des considérations économiques, diplomatiques et humanitaires", note-t-il.
Dans une "lettre ouverte au futur président de la république", rendue publique lundi, Chantal Maignan, présidente du Parti régionaliste martiniquais (PRM), est plus directe. La candidate aux législatives y invite François Hollande à prendre "la mesure de l'outrage" infligé aux Antillais. Et de noter que "dans le peuple de France, il y a aussi les descendants de ceux qui furent jadis colonisés, considérés par cet ancien ministre des colonies comme les heureux bénéficiaires des devoirs des civilisations supérieures".
Acte 4 : François Hollande rend un hommage critique à Ferry
L'avait-il prévu ? Le débat n'a en tout cas pas échappé au président de la République. Lors de son allocution au Jardin des Tuileries, devant la statue de Jules Ferry, mardi après-midi, il a rendu un hommage critique à celui qui fut "un grand ministre de l'instruction publique".
Dès l'ouverture de son discours, François Hollande a averti : "Tout exemple connaît des limites, toute grandeur a ses faiblesses et tout homme est faillible." Et il n'a pas manqué de critiquer le colonialisme défendu par Jules Ferry : "Je n'ignore rien de ses égarements politiques. Sa défense de la colonisation fut une faute morale et politique. Elle doit à ce titre être condamnée".
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